Le Symbole (Partie II)

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J'ouvris les yeux avant de me redresser en sursaut, paniquée. Me parvint aux oreilles un cri aigu, dont je ne réussis à identifier la source qu'en comprenant qu'il venait de moi.

— Kylie ! s'écria une voix familière. Tout va bien, tu es en sécurité !

Le souffle court, je cessai de me débattre en sentant les mains maternelles de Mélanie m'attraper les épaules. Je battis des paupières pendant plusieurs secondes, sonnée. Puis, je ramenai mes jambes contre moi et entourai mes genoux de mes bras, comme pour me rassurer.

— Tu es trempée de sueur, commenta Mélanie d'un ton grave. Que s'est-il donc passé ?

Son regard bleu et sérieux se posa ensuite sur mon front. Poussant un profond soupir, j'effleurai du bout des doigts la bosse qui commençait à s'y former.

— J'ai fait un cauchemar, avouai-je en me sentant profondément ridicule. Et je suis tombée du lit.

— Oh vraiment ? rétorqua mon interlocutrice en haussant les sourcils, sceptique. Pourtant, ton lit n'est même pas défait...

Je pinçai les lèvres en lançant un œil par-dessus mon épaule, avisant les draps parfaitement rangés. Le cœur battant toujours à grande vitesse, les images de mon rêve me revinrent à l'esprit. Je frissonnai en me rappelant l'expression désespérée de Devonne, s'agrippant à un cadavre que je n'avais pas pu identifier, qui se confondait en excuses. Je baissai instinctivement les yeux sur mon ventre et me retins de soulever le tissu de mon haut pour vérifier que je n'étais pas blessée.

Vermeille sera ta perte, Kylie Taylor.

— Je me suis évanouie hier soir, avouai-je enfin. Trop d'émotions, je suppose. Avec tout ce qui est arrivé...

Je sentis une vague de soulagement m'envahir lorsque Mélanie m'adressa un regard compatissant. Je ne me sentais pas en état à répondre à un quelconque interrogatoire.

― Je comprends, murmura-t-elle gentiment. Nous sommes tous un peu à cran en ce moment...

Je relevai alors la tête vers elle, me sentant étrangement peinée. Je n'osais imaginer ce que Mélanie Anderon devait éprouver depuis hier. Son frère perdu de vue avait été publiquement malmené et humilié. Et Baldwin avait frôlé la mort... par ma faute.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, l'Inapte se racla la gorge et se composa une expression sereine.

— Je suis certaine que les choses s'arrangeront, dit-elle d'une voix réconfortante. Baldwin est déjà tiré d'affaire. Et Daniel a toujours été un battant, il s'en sortira.

La gorge nouée, je me forçai à hocher la tête. Pourtant, tout en moi hurlait que Mélanie elle-même ne croyait pas au potentiel rétablissement de Daniel.

— Le médecin de Devonne s'occupe de lui, annonçai-je néanmoins. Nous pourrons bientôt le voir.

— C'est aussi ce que m'a dit Kian, répondit Mélanie avec un sourire triste. C'est étrange, j'aurais juré que Thobias et ses Nobles auraient montré plus de détermination à arracher la vie de mon frère...

— C'est Dylan qu'ils veulent vraiment, répliquai-je en serrant les poings.

Un demi-mensonge. Car je savais pertinemment qu'à la Cour, la valeur d'une vengeance était proportionnelle à la quantité de sang versé, innocent ou pas. En réalité, la seule raison pour laquelle les Nobles avaient renoncé à venger la mort du comte Némirovsky par le biais de Daniel était que tous savaient le célèbre créateur condamné.

— C'est tellement irréaliste, soupira Mélanie en m'aidant à me lever du sol. Je me rappelle de Dylan comme l'enfant joyeux et insouciant qu'il était la dernière fois que je l'ai vu. Je n'arrive pas à croire que la cruauté du système l'ait poussé à devenir un meurtrier.

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Onde histórias criam vida. Descubra agora