(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 13 : Le Début D'une Alliance (Partie I)

― Kylie, est-ce que tu m'entends ? me demanda Mélanie en face de moi.

Je levai la tête et croisai le regard bleuté de la vieille dame. Son froncement de sourcils trahissait son agacement.

― Excuse-moi, soufflai-je en baissant les yeux sur mes mains. Tu disais ?

― Je parlais de la robe que tu comptes porter au Bal, répondit-elle patiemment.

― Oh, je croyais qu'Anna m'en avait déjà choisi une ? Non ? murmurai-je d'un ton absent.

Mélanie se mordit la lèvre et m'annonça avec douceur en prenant place face à moi :

― Je suis désolée, mais toutes les robes d'Anna ont été brulées. Question de prudence.

Je hochai simplement la tête en sentant mon cœur se serrer. J'avais beau l'avoir très peu côtoyée, une partie de moi s'était attachée à la jeune femme, même si elle avait pourtant essayé de me faire du mal sous les ordres d'une personne bien plus puissante.

― Tu sais quoi, on y réfléchira plus tard, déclara Mélanie en voyant mon air distrait.

Puis elle me prit la main en la serrant doucement.

― Et si tu me disais ce qui te préoccupe ?

Je me mis à fuir son regard tout en triturant nerveusement une mèche de cheveux. Je ne cessais de réfléchir à beaucoup de choses. Mais pour l'instant, mes pensées étaient surtout envahies par un troublant regard vert. Après le baiser que Kian et moi avions échangé la veille, je m'étais empressée de lui faire quitter ma chambre, prétextant une fatigue soudaine. En réalité, je me sentais mortifiée.

Une personne dans ma position aurait sûrement dû se préoccuper de ce qui aurait pu arriver si quelqu'un nous avait surpris, ou si Thobias l'apprenait. Pourtant, l'objet de mes inquiétudes était tout autre.

Je me demandais simplement ce que cela signifiait. Pourquoi Kian m'avait-il embrassée en sachant mieux que personne que cela ne déboucherait sur rien ? Après tout, sa place était aux côtés de l'irréprochable Olivia Némirovsky, qui semblait si lisse que je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose clochait. Je poussai un profond soupir. Bien que je me haïssais pour cela, je venais de me rendre compte qu'en réalité, j'avais accordé ma confiance complète à Kian, alors que cela ne me ressemblait pas. Et je ne pouvais nier que sur ce point, il n'y avait aucun retour en arrière possible. En revanche, je ne pouvais me permettre que notre relation déborde. Je n'avais pas prévu de tomber amoureuse du fils de l'homme qui me considérait comme son arme secrète. Sauf que maintenant, je doutais être capable de refouler mes sentiments naissants...

Je pris soudain une profonde inspiration en regardant Mélanie droit dans les yeux.

― Je me demandais juste quand aurait lieu le procès d'Anna, mentis-je lâchement.

Je me sentis encore plus mal lorsque la vieille dame me regarda avec gentillesse avant de répondre :

― La date n'est pas encore fixée. Je suppose qu'ils attendent le retour du Roi et la diffusion de ce bulletin spécial. Je ne sais pas ce qu'il va s'y dérouler, mais cela ne me dit rien qui vaille.

Je pinçai les lèvres. J'avais le même pressentiment. Je me doutais de ce que Thobias nous préparait. Des larmes, de la souffrance, du sang et encore des larmes. J'ouvris la bouche afin d'ajouter quelque chose, mais je fus interrompue par un coup frappé à la porte de la chambre.

― Il n'est que huit heures du matin, s'étonna Mélanie en se levant néanmoins pour ouvrir.

Lorsqu'elle tourna la poignée, je me penchai sur le côté afin de tenter d'apercevoir quelque chose. Peine perdue. Je ne pouvais rien voir de mon lit. Haussant les épaules, je m'étendis de nouveau sur le matelas.