CHAPITRE 37 : Le Poison Ne Ment Jamais (Partie I)

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Subitement, la lumière revint dans la Salle de Bal. Un peu sonnée, je clignai des yeux à plusieurs reprises. Autour de moi, les invités continuaient à s'agiter d'un air perdu.

— Que vient-il donc de se passer ? lança Amalia Casey en fronçant les sourcils.

De retour sur son trône, Thobias interrogea le Capitaine Allen du regard. Celui-ci haussa les épaules en lâchant simplement :

— Probablement un problème d'ordre technique. Néanmoins, je me charge d'envoyer des Gardes pour vérifier tout cela, Majesté.

— Inutile, rétorqua le monarque avec un mouvement désinvolte de la main. Je suis sûr que le Garde Paul ici présent a déjà une explication.

Comme obéissant à un signal invisible, l'assemblée se tourna vers l'entrée de la pièce. Agitée, je fouillai mon champ de vision d'un regard fiévreux. Dylan Anderon semblait s'être volatilisé durant le court instant où l'obscurité avait pris ses marques autour de nous. Or, je savais d'expérience que la présence des nouveaux arrivés n'était pas étrangère à ce fait étrange.

— Qu'est-ce qu'ils font là ? grinça Devonne à voix basse en arrivant à ma hauteur, le souffle court.

Son frère lui adressa un regard anxieux.

— Quelque chose ne se déroule pas comme prévu, Devonne, murmura Kian.

À travers le sentiment d'urgence qui me comprimait la poitrine, je fus interpellée par l'expression tendue affichée sur le visage de Thobias. Ce dernier fixait obstinément un point au-dessus de la tête d'Olivia Némirovsky. Et ce n'est qu'en détaillant rapidement la jeune fille que je compris de quoi il s'agissait.

Les mains jointes face à elle en une attitude digne, Olivia était vêtue d'une longue robe dorée à laquelle était assortie une éclatante tiare. Le majestueux objet était posé en équilibre sur son chignon blond, et avait un jour appartenu à la reine Isabella DeCalonne. Je tressaillis en désignant le diadème, et je vis le visage de Devonne prendre une teinte blême lorsqu'elle le remarqua à son tour.

— Le plan était parfait, grogna Kian en reculant d'un pas. Je ne comprends pas...

La réaction hérissée de Thobias était sans aucun doute due au fait de voir l'un des biens de sa défunte épouse passer aux mains d'une autre personne. En revanche, notre relation au diadème royal revêtu par Olivia était tout autre...

Se tenant légèrement en retrait de la future reine, Cameron s'empressa de se redresser en entendant l'interpellation de son souverain. Le Garde échangea un imperceptible sourire avec Olivia avant de s'avancer en direction du trône.

— Quelle importance accorder à une panne de courant, Votre Majesté ? commenta-t-il d'un ton léger en haussant les sourcils. Pourquoi ternir une si belle soirée pour une broutille ?

Devonne lâcha une exclamation scandalisée, et Baldwin ne put retenir un sourire impressionné qui lui valut un regard noir de la part de Kian. Mais à ma grande surprise, il n'y eut aucune manifestation d'indignation de la part des autres Nobles, qui mangeaient habituellement dans la main de Thobias.

Alarmée, j'adoptai une posture défensive en remarquant un mouvement discret du côté du Capitaine Allen. Le Chef de l'Armée sembla se rapprocher de son monarque, près duquel les autres membres du Conseil paraissaient former un rempart ne faisant que se refermer autour de lui.

Les paumes moites, je compris vite que j'étais la seule à remarquer la tournure menaçante que prenaient les festivités. Mon cerveau se mit à tourner à plein régime lorsque je crus voir Allen effleurer la poche intérieure de sa veste d'uniforme. Je plissai le front. J'avais tout d'abord pensé que le Capitaine mettrait à exécution son projet de régicide pendant l'absence de Kian, au moment où le prince se rendrait aux appartements de sa future reine. Mais maintenant qu'Olivia semblait avoir échappé à la surveillance de Geneviève, sa dame de compagnie, je saisissais m'être trompée sur toute la ligne. Les partisans d'Allen ne semblaient pas être dérangés plus que cela par ce revirement de situation encore inexpliqué. Je compris bien vite que le Capitaine n'avait pas inclus Kian dans ses plans immédiats, ne s'embarrassant pas des états d'âme de l'héritier du trône. Le futur Régicide élaborait ses combines au jour le jour. Se débarrasser du père d'abord. Aux yeux de tous, le prince n'était encore qu'un agneau pur et inoffensif, dont on déciderait du sort en temps voulu. Soit on le façonnerait à leur guise s'il s'avérait encore intact de l'emprise des DeCalonne, ou on l'évincerait...

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Where stories live. Discover now