(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 25 : Sang Et Peinture. (Partie I)

Le cœur battant la chamade, j'ouvris la portière de la voiture côté passager.

― Alors ? s'écria aussitôt Avril Allen en pianotant nerveusement sur le volant en cuir. Comment est-ce que ça s'est passé ?

Je me contentai de m'installer silencieusement à l'intérieur du véhicule, le regard fixé sur l'entrée du hangar. J'effleurai mes lèvres du bout des doigts, sentant encore le baiser de Baldwin Chasen m'électriser le corps. La culpabilité me nouait l'estomac. J'avais beau n'avoir aucun doute quant à mes sentiments pour Kian DeCalonne, je ne pouvais nier la troublante attirance que je ressentais envers son cousin éloigné. Et cela m'effrayait. Je ne savais plus quoi faire. Devais-je avouer la vérité au prince ? Ou serait-il mieux de transformer ce baiser imprévu en un lourd secret à porter ?

— Kylie ! lança Avril en claquant des doigts à côté de moi. Est-ce que ça te dérangerait de répondre à ma fichue question ?

Agacée d'être extirpée de mes ruminations, je fronçai les sourcils. En croisant le regard marron et soucieux de la jeune fille, je ne pus m'empêcher de penser à ce qu'avait dû endurer Baldwin lorsqu'elle avait soutenu les mensonges de Hugo Grant.

Aussi, je répondis sur un ton plus sec que nécessaire :

— Tu avais raison, ces mercenaires ont vraiment mauvais caractère. Mais Baldwin a pu convaincre Œil Noir de nous aider la nuit du Bal.

Mon interlocutrice poussa un soupir de soulagement. Son regard se posa brièvement sur les bleus qui parcouraient ma gorge, puis sur le symbole triangulaire qui ornait mon poignet.

― Les mercenaires sont de plus en plus méfiants, commenta-t-elle en démarrant le moteur.

— Pas étonnant, ripostai-je, le regard fixé sur le pare-brise. Après ce qui est arrivé à ce Martin...

Comme je m'y attendais, Avril tressaillit. Son visage pâlit considérablement.

— Je vois que tu es au courant, murmura-t-elle calmement.

— En effet, rétorquai-je sur le même ton.

Un silence tendu s'installa à l'intérieur de l'habitacle. Finalement, la conductrice prit la parole d'une voix prudente :

― Écoute Kylie, je pourrais très bien prétendre que je regrette mon acte. Mais le fait est que nous commettons tous des erreurs, et que ces dernières font ensuite partie de nous. Je ne serais pas moi-même si j'essayais de les occulter. Je cohabite très bien avec ma propre personne, je me sens bien dans ma peau, alors je ne vois pas pourquoi je devrais laisser de quelconques regrets s'installer dans mon esprit.

Avril marqua une pause avant d'ajouter :

— Il est certes vrai que je me suis longtemps sentie mal d'avoir trahi Baldwin en fabriquant de fausses preuves pour appuyer les propos de Hugo. Mais je ne suis pas Devonne. Je t'interdis de me juger Kylie, pas lorsque tu ne vois les choses qu'à travers les yeux d'un garçon dont tu t'es bien vite entichée. Tu ne connais pas toute l'histoire, et ce ne sera sans doute jamais le cas.

― Je sais en tout cas que Hugo s'est fait prendre à son propre jeu, rétorquai-je sans pouvoir m'en empêcher.

Baldwin avait peut-être raison après tout. Ma langue était bel et bien accro aux psychodrames.

À ma grande surprise, Avril esquissa un sourire indéchiffrable.

— Dans ce cas, tu ne sais rien, Kylie...

***

Sur la pointe des pieds, je me glissai habilement jusqu'à ma chambre, les mains moites. Mon regard se posa un moment sur les caméras de surveillance suspendues au plafond. Je ne pus retenir un sourire soulagé en remarquant que les appareils étaient éteints. Kian ne plaisantait visiblement pas lorsqu'il avait promis de nous couvrir durant notre expédition.