(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

La Colère Du Prince ( Partie II)

Une vingtaine de minutes plus tard, j'étais de retour dans ma chambre. Et j'étais d'une humeur massacrante. La porte blanche s'écrasa contre le mur lorsque je l'ouvris à la volée, produisant un bruit retentissant. Je ne pris même pas la peine d'allumer la pièce.

― Tu risques de réveiller pas mal de monde avec tout ce boucan, lança une voix dans la pénombre. Ne te gêne surtout pas, les Nobles ne méritent pas de dormir sur leurs deux oreilles !

Je sursautai violemment et poussai une exclamation de surprise en découvrant Baldwin assis sur le sofa à ma fenêtre, la lumière de la lune se reflétant dans ses yeux argentés.

― J'ai failli avoir une attaque, soupirai-je en posant une main sur mon cœur affolé.

Baldwin lâcha un petit rire avant de hausser les épaules :

― Je t'attendais, annonça-t-il. Je pensais qu'avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui, tu aurais peut-être besoin de parler...

Je restai silencieuse un moment avant d'allumer ma lampe de chevet et de refermer la porte en m'efforçant de faire le moins de bruit possible.

― En plus, ajouta-t-il en pinçant les lèvres. Il se trouve que je préfère quitter la Cour dès demain...

Je me figeai.

― Quoi ? balbutiai-je. Mais pourquoi ?

Je m'avançai alors et Baldwin s'écarta pour me laisser une place près de lui.

― Je n'ai jamais été le bienvenu ici, lâcha-t-il en levant une épaule. Lorsque j'étais enfant, j'ai toujours senti que les autres Nobles me regardaient avec mépris, et les choses se sont empirées après la mort de mes parents. Jusqu'à ce soir, cela ne m'avait jamais vraiment dérangé...

― Je suis sûre que Kian ne pensait pas ce qu'il a dit, m'empressai-je de le rassurer en posant ma main sur la sienne. Tu es comme un frère pour lui. Il n'a que faire des rumeurs concernant ta famille !

Mon interlocuteur poussa un profond soupir avant de répliquer doucement :

― Je ne sais pas Kylie, il y a toujours deux faces chez une même personne.

Je me mordis la lèvre inférieure en hochant tristement la tête.

― Tu comptes retourner à Millestburgh ? demandai-je en m'efforçant d'ignorer la voix intérieure qui me suppliait de le retenir.

― Au manoir familial, oui, souffla-t-il. Mais je suppose que je serai quand même obligé de revenir assister à ce fichu Bal...

― Pour ta grand-mère, achevai-je d'une voix hésitante. J'ai entendu dire qu'elle serait présente... après tant d'années.

Baldwin ne put retenir un sourire moqueur face à mon air prudent.

― Amalia Casey a été exilée pendant trois décennies pour le meurtre supposé du roi Henry, tu peux le dire devant moi, dit-il en haussant un sourcil.

Légèrement embarrassée, je me contentai de hocher la tête.

― Comment est-ce que tu le vis ? ne pus-je m'empêcher de demander.

Mon interlocuteur garda le silence un moment, comme s'il s'agissait de la première fois qu'il réfléchissait réellement à une telle question.

― Eh bien, commença-t-il d'une voix pensive. Je t'avoue avoir vécu une bonne partie de ma vie en prêtant peu d'attention à cette histoire. Il se trouve que je ne possède que de bons souvenirs de mon enfance, je me fichais qu'on me regarde de travers quand mes parents et moi venions à la Cour...