c.6: La nuit ne porte pas conseil

3.4K 252 6
                                    

Je l'entends qui rentre dans sa chambre et ferme sa porte, son armoire qui grince, les ressorts de son lit, puis les froissements de couette. J'imagine qu'il a posé sa tête sur l'oreiller, puisque ça a fait un petit "pouf".

- Pourquoi t'es partie en courant?

Mi-voix haute à travers le mur, c'est comme s'il était dans mon lit. Impressionnant.

- C'était pas ton problème.

Je ne sais même pas pourquoi j'ai répondu, parce que ça n'avait pas d'intérêt. Je me glisse sous la couette et tâche de fermer les yeux pour la nuit.


             Je me réveille tôt. Très tôt, puisque la lune est encore haute. Elle brille à travers mes rideaux, et illumine joliment la pièce. Elle est drôlement grosse, ce doit être la pleine lune. Je jette un rapide regard à mon réveil, sachant d'avance qu'il est moins de six heures, vu que c'est l'heure où le soleil se lève en été. Ça fait longtemps que j'essaye de dormir, mais je n'y arrive pas. Pourquoi? Je ne sais pas. Pourtant, comparé à l'autre chambre que j'avais à l'orphelinat, ici est un palais! Le lit est mille fois plus confortable, la pièce est grande, il y fait chaud, et c'est propre. Je me lève donc doucement, afin de ne réveiller personne, et passe au travers de mes rideaux en observant les alentours. Doucement, j'ouvre la fenêtre pour ne pas réveiller Adrien, et l'air frais de l'été soulève mes cheveux. Au loin, on entend les criquets faire leur symphonie, et quelques bruitages de chevaux. J'ai envie de fumer. Décidée, je fais demi tour et vais chercher le paquet neuf dans mon vieux sac. J'y tire une cigarette et mon briquet. Après m'être assurée que les rideaux sont bien retombés pour couvrir l'odeur dans la chambre, je me retourne vers le bord de ma fenêtre et l'allume. Je commence à fumer tranquillement, ça me détend. Un gros stress redescend, c'est fou comme je suis bien.

"Tu ne devrais pas."

Je tressaille. Cette voix, je ne l'avais jamais entendue auparavant. D'une main rapide, mon premier réflexe est d'ouvrir les rideaux et vérifier la pièce.

- C'est qui?

Aucune réponse.

Histoire d'être sûre, je vérifie la façade du manoir, on dirait une folle. Pire, une paranoïaque! Non, il n'y a personne. Je rouvre les rideaux, mais brusquement. Il n'y a personne! Enfin, je me résous à faire comme si de rien n'était, m'empressant de tirer une bouffée de plus. Alors ça, c'était bizarre. Contrairement à la dernière, elle ne relâche plus mes nerfs, je suis sur le qui-vive total. Pourquoi - j'ai - entendu - quelqu'un?! Trop curieuse, je pose la cigarette sur le rebord. Ce n'est pas la voix d'Adrien, elle est plus âgée. On aurait dit un homme, d'environs trente cinq ans. La sensation que quelqu'un puisse m'observer m'oppresse, serait-on en train de violer ma vie privée? Je fais le tour de ma chambre après avoir allumé la lumière, cette fois je suis sûre et certaine: il n'y a personne.

"Iris, je suis dans ton esprit."

Peut-être qu'une certaine personne se croyant drôle me ferait une blague? Ou un tueur qui veut me kidnapper alors que je ne m'y attends pas? Et puis, quel intérêt à me kidnapper moi, une incapable catégorique? Franchement aucun, si ce n'est de pouvoir nuire à la belle vie des Franks.

- J'ai posé une question, c'est qui?

Je sens mon cœur s'accélérer, s'il n'y a personne, alors pourquoi j'entends cette voix?! Suis-je devenue réellement folle? C'est la cigarette qui fait ça?! Je vérifie tout ce qui est électronique, même le conduit d'aération, quelqu'un se fout de moi! Je suis complètement parano.

"Iris, arrête de chercher, je suis en toi."

En même temps que je constate devenir complètement molle et bizarre, une petite douleur au niveau du cœur me tiraille. Elle est toute nouvelle, datant de la fin de la phrase de l'inconnu. Je mets ma main dessus, et décide de m'appuyer sur le mur. Je n'ai rien fait, mais je suis essoufflée. Si ça se trouve, je suis en train de mourir d'un cancer du cœur! Mourir maintenant? Mais pourquoi est-ce que mon cœur à moi ne tiendrait pas le coup? Ou alors suis-je en train de faire un arrêt cardiaque? La douleur me plie en deux, je m'efforce de ne pas crier. J'ai une sensation vraiment bizarre, et l'idée de mourir sur le champ ne me convient pas vraiment. Je me regarde dans le miroir, mais qu'est-ce qu'il m'arrive?! Qu'est-ce que j'ai?! Aidez-moi!! C'est une douleur tenace maintenant, mes genoux tremblent et je m'écroule sur le sol, mes jambes ne sont plus capables de me porter, j'ai mal, je pleure.

Azzaroजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें