c.56: Le passé d'Azzaro

1.5K 124 15
                                    

Alors nous en étions là, comme deux ringardes, à s'excuser en pleurant au milieu d'un chemin de terre. Tellement gênant d'ailleurs, que j'ai fini par sourire et stopper le déferlement peu à peu. Ne restaient que les reniflements de nos nez coulants, le sourire au coin des lèvres et les yeux dans les yeux, encore brillants. Nous nous précipitons dans les bras l'une de l'autre.

Elle a changé de parfum. Celui-ci sens excessivement bon. Il remplit mes narines: son image qui me revient en tête en boucle, celui de la dernière fois que je l'ai vue. Un énorme poids de mes épaules est parti, je me sens soudainement tellement légère et bien dans ma peau. Je me redresse alors qu'elle fait de même et relève la mèche qui traîne par dessous ma bombe.

- Pourquoi tu m'a appelée "ma grosse"?

- Je savais que tu réagirais.

Je me contente alors de baisser la tête et de rire dans ma barbe, les réponses si sûres et soudaines de Pauline m'avaient manquées, elles aussi. Je la quitte non sans regret pour attraper la rêne pendante d'Azzaro, laissée à l'abandon le temps d'un câlin.

" J'ai cru que tu m'avais oublié! "

" Tu exagères. "

Je ne montre aucune attitude suspecte en vers les gens quand je parle désormais à Azzaro, j'ai appris à gérer les expressions de mon visage, à la perfection je dois dire.

Whouaf!

Nous relevons tous la tête, un chien de couleur bleu merle cours de toute élancée, fixée sur moi. Enfin, ma chienne adorée me saute dans les bras avec une vitesse telle que je chancelle avant de m'appuyer sur Azzaro pour ne pas tomber. Elle me lèche le visage une fois avant de se libérer de mes bras et d'aller renifler la nouvelle recrue. Pauline rigole quand Scoub lui renifle les fesses, son beau petit fessier blanc a désormais une petite tache mouillée de naseau. 

- Salut toi! Tu es trop chou! Mais comment tu t'appelles?

- Je te présente Scoub.

J'ai juste posé cette phrase avec un joli sourire, avec l'air le plus naturel que j'aurais pu faire de ma vie. Mais son visage à elle, n'a pas du tout la même expression, il se crispe et devient froid. De longues secondes s'écoulent en silence gênant, puis elle le brise:

- C'est bien ce que j'ai toujours pensé, tu es folle.

Je n'ai pas tout compris, elle a étouffé un petit rire moqueur.
Mais une question à son propos me tiraille l'esprit, alors tout en reprenant enfin la marche jusqu'au box d'Azzaro, alors je la pose:

- Au fait, pourquoi tu m'a ignorée ce midi? Et deux heures après tu me cries "ma grosse" dans les estrades?

Je sais qu'elle est gênée, même si je ne vois pas en quoi cette question apporte de la gêne, ses joues ont viré au rouge tomate. Ça, ça n'a pas changé, ses changements de couleurs.

- Tu vas avoir du mal à y croire, mais tu as beaucoup changée. Tout a porté à ce que je ne te reconnaisse qu'après ce regard. Pourtant, quand on y pense, un an c'est pas long pour changer entièrement! Tu te maquilles différemment, tu t'es coupée les cheveux, les traits de ton visage sont beaucoup plus tirés! D'ailleurs, je crois savoir de la part de Lou que tu détestes que le micro t'ai appelé par le nom de Franks. Je te rassures, t'es ma Joy, et tu restera Iris Joy à jamais, là.

Solennellement, elle tape durement du point sur son thorax et se redresse en soldat. Je me contente de rire à cette réponse, heureuse de l'avoir retrouvée.

- Moi aussi j'ai ma question: depuis quand tu as le droit de manger à la même table, et en face d'Adrien Martini?

C'est à mon tour de devenir écarlate. Alors comme ça, il a une grosse réputation? Je ne sais depuis combien de temps nous sortons ensemble, et je ne suis même pas au courant. C'est vrai que parler de nous n'est pas notre favoris, on s'est bien gardé de le faire!

AzzaroWhere stories live. Discover now