c.18: Douce vie

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Le cartier central de mes hormones prend une fois de plus le contrôle et dégage mon satané corps du sien, je me sauve et ferme à clé la salle de bain avant qu'il ne me rattrape, soudainement essoufflée. Je le me laisse glisser contre le mur et réalise peu à peu ce qu'il vient de se passer, où vais-je dormir? Pas question de me retrouver une fois de plus à ses côtés, je vais finir par me faire violer. Je me lève et allume le robinet, admirant au passage distraitement l'eau couler en me concentrant sur les pas qui s'arrêtent à la porte. C'est tout naturellement que je saisi un gant de toilette, l'enfile et le passe sous le robinet. L'eau froide sur ma main redescend progressivement ma tension à fleur de peau; je la sens qui frémit au moindre objet effleuré. La fraîcheur de l'eau parcours mon visage et me décontracte un peu plus, mes muscles se relâchent, et je précautionne attentivement un séchage de visage avec la serviette. Un bon coup de souffle qui rassemble mon courage à deux mains et je déverrouille la porte, l'ouvre. La grande silhouette d'Adrien est là, à m'attendre. Toujours fixés sur mon corps, ses yeux me dévorent la pupille graduellement.

- Pardon, je suis désolé, je me conduis comme un gros con avec toi, de A à Z. Il marque une pause avant de reprendre. Je ne sais pas pourquoi, j'ai jamais été comme ça. Tu me fais sortir de mes gonds, je.. avec toi je ressens un truc bizarre que je n'ai jamais ressenti avant! C'est... Putain je comprends pas!

Un sourire illumine mon visage. Impressionnant d'arriver à éprouver de la tendresse pour ce "ver de terre". Vous savez, ce truc dégoûtant qui rampe et qui n'a ni queue ni tête.

- Ça s'appelle être amoureux.

Mais pourquoi je suis gentille avec lui alors j'ai failli me faire violer? Peut-être parce que sur le coup, il a immédiatement reconnu son erreur.

- Je ne suis qu'un gros con, arrête de me fréquenter, ça sera mieux pour toi. En plus deux ans d'écart, c'est trop. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi, je... Non rien, laisse, salut.

Il fait demi tour devant moi, tête bêche, les pieds qui rappent le sol. Si il continue, il va abîmer à vitesse folle ses chaussons.

- Attends!

Je le retiens avec ma main, rhaaa, mais qu'est-ce que fait mon corps, je n'ai pas décidé de ça! Je ne veux pas le rappeler. Je me propulse sur lui et le serre dans mes bras, fort. On reste comme ça une bonne dizaine de minutes avant de tout ce manège s'arrête, et que je retourne me coucher. Cette scène a peut-être duré quinze minis minutes, mais ça aura été les quinze les plus longues de ma vie! Je me rendors donc sur cette belle pensée, seule dans mon grand lit. Honnêtement, c'est bien mieux comme ça.


          Non pas qu'un bruit spécial ai attiré mon attention, mais le brouhaha qu'il y a dehors qui me réveille. Je me lève tranquillement. Alors que je me penche pour attraper mon téléphone sur la table de nuit, mes yeux s'arrêtent sur une grosse masse longue sous ma couette, je me penche un peu plus et remarque une masse de cheveux châtains. Je soupire.

- Debout, le paresseux!

Je souris, ce n'était pas dans mes habitudes d'être de si bonne humeur à peine réveillée, normalement. Il faut dire que cette situation n'est pas non plus normale, mais ce n'est pas très important, tant qu'il ne me gêne pas quand il dort dans mon lit. J'attrape des affaires dans mon armoire et me dirige jusque dans la salle de bain. Je repasse chercher mon téléphone après avoir fini de me préparer, il est encore en train de dormir! Je récupère donc ce mobile en vitesse et descends manger dans la cuisine. Je me plaît à distribuer les grains et le foin à sa place et je donne une carotte en plus a Azzaro au passage. J'entasse les vieilles affaires du casier dans une mâle, pour qui veut s'en servir ou les récupérer.

- Alors mon grand, tu es prêt à reprendre l'entraînement maintenant? Ça ne va pas être de la tarte!

La seule réponse que j'obtiens est un puissant hennissement, je ris en lui donnant une nouvelle carotte et en continuant de couper sa longue crinière. Les longues mèches noirs tombent doucement sur le béton de l'écurie, elles volent agréablement. Azzaro a le droit un gros toilettage, repassage de l'argile sur son antérieur et je finis par passer une lingette pour les bébés autour de ses yeux, pleins de poussières. Je m'écarte un peu du petit étalon pour admirer mon travail. Un sifflement retentit derrière moi.

- Et bah! On dirait un cheval de compet' comme ça! Sauf qu'il n'a pas de muscles! Le pauv' loulou...

Lou sourit en admirant mon travail, en voilà une qui sait apprécier les bonnes choses! Je me retournes pour lui faire la bise en proposant soudainement ce qui me passe par la tête.

- Ça te dit qu'on parte en balade ce matin? Et cette après-midi, paddock pour eux, et nous on file en ville!

Lou sautille sur place à l'idée de se retrouver à cheval à mes côtés. Elle se met alors à me parler de tout et de rien pendant que je fais marcher un peu Azzaro, pour réveiller ses tendons fragiles. Lou est vraiment la meilleure des amies que j'aurais pu avoir, cette fille est un ange venu du ciel!

L'heure venue d'aller préparer nos montures, nous nous séparons pour aller s'en occuper, même si la mienne est déjà scintillante et brillante de propreté.

- Ne le brosse pas trop, tu vas finir par lui arracher le poil!

Un rire se fait entendre à l'opposer du petit cheval. Je me hisse sur la pointe de pieds pour voir qui c'est. Anne, Olivier et Adrien arrivent vers moi, admirant la jolie robe de l'étalon au passé douloureux.

- Je crois qu'est inutile de t'informer qu'il n'est pas castré, tu as dû le remarquer?

Je ris en pensant à la suggestion qu'Anne vient de faire, c'est vrai que je l'ai déjà remarqué.

- Tu feras attention hein! Moi qui pensais que tu n'étais jamais montée à cheval.

Je rougis en me mordant lèvre, ne sachant trop quoi répondre a Olivier. Il rit avant même que je prenne conscience que c'est à mon tour de parler, il ajoute:

- Adrien nous a tout raconté, va!

Anne pose sa main sur Azzaro et la laisse glisser le long de son encolure en chantonnant, elle ajoute dans ma direction une petite phrase qui m'attriste.

- Vous en avez vécu des choses douloureuses, tous les deux.

Je me mords la lèvre à nouveau, presque à saigner, en essayant de faire disparaître le belle image de Scoub de mon crâne.


AzzaroWhere stories live. Discover now