c.15: Sacrée Lou

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Lou leur demande gentiment de s'en aller e. Tout le monde s'évapore, continuant de vaquer à leurs occupations. Je ne me concentre même pas sur les chuchotements qui s'éloignent.

- Aller Iris, ce n'est pas la peine de faire une scène comme ça pour de pauvres barres, cette confiance en toi tu vas la retrouver, j'en suis sûre. Cependant, je ne laisse tomber mon idée que tu me fasses sauter, alors c'est oui ou c'est non?

Lou m'impressionne. Durant tout le sketch que j'ai pu lui faire pour une simple question, elle a su contrôler parfaitement la situation et garder son sang froid, je rie à travers mes larmes.

- Ok, si tu veux.

Je la prend dans mes bras, elle me serre aussi en me murmurant quelques mots tendres.

- J'étais sûre que tu allais accepter, et je suis sûre que tu vas y arriver, je peux t'aider a monter le parcours si tu veux.

- Non, le saut n'est pas un parcours, le saut c'est un obstacle, le saut c'est la perfection de tout le dressage, on va travailler en isolé.

Plusieurs idées surgissent dans ma tête, et j'essuie mes larmes en laissant la pression redescendre. Elle va seller pendant que je l'attends en face du box, tout en discutant. Je regarde distraitement tous ces chevaux, les petites ou grandes têtes qui dépassent des installations en bois. Lou m'a redonné l'espoir, c'est une sensation amusante que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Ça m'avait manqué.

Nous entrons dans la carrière, le contact de mes bottines avec le sable me fait frissonner, je renifle encore d'avoir pleuré. Je regarde mes pieds s'enfoncer un tout petit peu sur le sol au fur et à mesure des pas. Ça fait longtemps.

- Tu te sens comment?

Je relève la tête pour regarder Lou, je plisse les yeux pour mieux la voix, le soleil déjà haut me fait mal aux yeux.

- Bien.

Pour ne pas dire très bien, j'ai encore la sensation de fouler ce sable encore et encore, de nombreuses heures. Elle commence a trotter, je ne peux m'empêcher de remarquer tous les petits défauts qu'elle a, j'évalue son niveau en fonction de la sa position et me dirige vers un obstacle isolé, il sera parfait pour l'exercice que je veux lui faire appliquer. Plus je m'approche, plus je sens que l'appréhension monte et remplace mon récent sang froid. Je suis a vingt centimètres de la barre. Ce que j'ai à faire est pourtant simple: enlever celle du bas et baisser celle du haut. Je tends ma main pour atteindre celle du bas, mes ongles frôlent la barre. Je tressaille et tout mon corps frémit, je la prends de mes deux mains, la chair de poule jusqu'aux cheveux. C'est d'ailleurs assez désagréable. Je la soulève de quelques centimètres et la laisse lourdement tomber au sol. Lou n'a pas idée de l'épreuve que je viens de traverser, toucher une barre est déjà gros. Plus naturellement je me décale vers le chandelier, soulève une partie de l'autre barre, baisse le taquet, puis la repose dessus. Je fais le même geste avec l'autre côté et lui demande de galoper. Elle se met alors a exécution et je la regarde, sérieuse.

C'est quelque chose que je garderais sans doutes toujours moi: mais Savane a une mal formation au niveau de sa croupe. Elle est super pointue pour son âge, c'est moche. Je ne sais pas si Lou le sait, ça. Elle longe la barrière collée aux écuries, mais mon regard s'arrête sur l'entrée. Adrien est là, à me regarder, appuyé sur la barrière. C'est un idiot, un con, un lâche, un bouffon. Il se rattrape avec son physique, mais rien ne pourra empêcher que les gens découvrent sa vraie nature. Je secoue la tête pour me remettre dans le travail de Lou et Savane puis détache mon regard dur du sien pour admirer le couple évoluer. Elle prend une diagonale et change de pied au moment venu, ils sont mignons.

AzzaroWhere stories live. Discover now