c.50: Tout est mal qui finit bien

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- Tu veux que je te raccompagne? Tu ne peux pas rester là, je t'avais demandé de ne pas venir...

Je décolle mon visage de son épaule pour le regarder. Il me fixe aussi, et introduit doucement sa main sous ma fine mâchoire, comme il en avait prit l'habitude de le faire.

- La fait que je n'ai plus de nouvelles de toi m'a mis dans tous mes états, hors de question que je te laisse de nouveau. Je rentrerais quand tu rentreras, un point c'est tout.

Je me sens comme une gamine à son père, je ne sais toujours pas si c'est le fait que ce soit son caractère ou qu'on ai deux ans d'écart mais il veille toujours sur moi comme il le ferait pour sa sœur ou sa mère.

- Tu ne me fais pas confiance?

Je sais que cette question le défie, mais j'ai envie d'en connaître la réelle raison. Je me sens mal pour le jeu de la bouteille. Un petit sourire s'étire sur ses lèvres.

- Et toi?

C'est le bâton qui revient, je ne sais pas quoi répondre, je suis coincée, je ne sais même pas si je lui fais confiance. C'est en me rappelant l'interdiction que je lui ai donné d'aller à une soirée que la réponse est claire dans ma tête.

- Non.

- Moi non plus, ça tombe bien.

- Alors on est un couple qui ne se fait pas confiance?

J'ai posé cette question sur le ton d'une fillette, comme je l'aurais fait quand j'étais plus jeune, innocente.

- Non, mais on s'en fou, non?

- Ouai, t'as raison. Aller, viens! On va débarbouiller tout ça!

C'est sur cette bonne humeur de couple qui ne se fait pas confiance mais qui s'en fou, que bras dessus, bras dessous, on a engagé le pas vers la cuisine.

Je l'ai débarbouillé partout où le sang avait sécher, ou était en train de sécher. Après avoir fini, j'ai constaté des bleus à différents endroits, sérieux sur sa joue gauche, elle a commencé à bien gonflé, il a un œil légèrement au beurre noir gonflé, mais ce n'est pas aussi gros que je le voyais. Pour l'instant, je n'ai pas passé en revue son torse, mais je le ferais plus tard. Demain, c'est dimanche: congé pour lui, nous aurons le temps de tout mettre au clair. Pour le moment, je rejoins la piste de danse avec lui, même s'il est très limité au niveau des mouvements.

Soudain, je réalise que depuis que la soirée a tourné en vrille, je n'ai pas vu Lou, ni aucun de ses amis d'ailleurs. Où est-elle?

Je m'arrête de danser sur la piste et perd mon sourire amoureux, Adrien me demande ce que j'ai.

- Où est Lou?

Il s'arrête à son tour et nous sortons de la piste, ma copine et ses amis ont disparus. Jusqu'ici, j'avais eu de quoi m'occuper pour ne pas laisser mes pensées vaquer et choisir leur sujet, entre l'entente d'Azzaro, sa chevauchée, le combat, l'humiliation, le débarbouillage et Iris, je n'ai rien vu défiler, les catastrophes sont arrivées à la chaîne, toute comme celle-ci, qui se rajoute au lot. Smile est en train de maugréer dans un coin de pièce, avec deux amis. Je croise Flore qui discute avec quelques personnes, elle détourne la tête, la secoue, mais ne joint pas son inquiétude à la mienne. C'est dingue ce que cette fille est petite, quand on y pense! L'horloge en haut du mur annonce quatre heures trente-six du matin, il serait temps de peut-être rentrer, même s'il reste beaucoup de monde. Je regarde Adrien dans les yeux, pour y vérifier son inquiétude, elle est bien là. Sa main me tient fermement sans vouloir me lâcher une fraction de seconde. Je l'emmène en haut, sur la précieuse et immense terrasse. Là, j'y vois beaucoup de monde, ça sens la fumée à plein nez, et pas que de la cigarette... Je m'avance, suivie d'Adrien, toujours menottée de sa main.

- Elle est là! S'écrie-t-il en me la montrant du doigt.

Effectivement, comme Adrien mesure quinze centimètres de plus que moi et qu'il est grand, il l'a vite repérée. Cette fois, c'est lui qui mène la marche, et au bout d'une minute à se frayer des chemins ridicules entre les gens, j'arrive à elle. Ce que je vois m'estomaque, elle est dans les bras de son ami, leurs bouches sont collées.

- Et bien, pendant que je me fais un sang d'encre pour ma meilleure amie, elle ne trouve rien de mieux à faire que d'embrasser son ami!

Elle se détache de lui, surprise d'entendre ma voix, j'ai le don de faire de l'effet ou c'est moi qui suis bizarre?

- Adrien, mais qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi t'es dans cet état? Et ça va, on se détend, on est en soirée!

- Ouai, en tout cas, si tu te serais plus inquiétée pour ta copine, t'aurais pas loupé un méga moment! Claironne Adrien.

Il me fait rire, quand il me défend, comme ça! Je me concentre, je commence à en avoir marre d'être là, avec tous ces gens, ces bagarres, cette fumée, cette odeur d'alcool, et il n'y a plus de chouquettes!

- Oh... Elle me racontera c'est pas grave! Demain on part en balade et puis voilà!

- Non Lou... Demain on a cours de saut! Et j'en ai marre, je veux partir!

- Aller, encore un quart d'heure! S'il te plaît...

Je souffle, elle est complètement bourrée, elle pue l'alcool, elle est lourde et prend tout à la légère. Son copain n'a rien dit de tout ça, il s'est contenté d'écouter, puis de repartir à son occupation précédente après nous être retournés. On marche longtemps, main dans la main, avant de s'arrêter à une barrière, retenant une jetée dans le vie.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

Question piège, je ne sais quoi répondre. Ah si, je sais.

- Comme eux?

Il sourit en guise de "si tu veux" et à ne pas lui redire deux fois, il se jette sur mes lèvres. 

J'enroule mes jambes autour de ses hanches, nous prenons un peu de distance. Ses yeux brillent, les miens reflètent. Il me porte jusqu'à une chambre, tout en m'embrassant, en riant, totalement enivré, et verrouille la serrure.


           Une heure s'est écoulée, je n'ai d'ailleurs pas vu le temps défiler. Nous nous frayons un nouveau chemin pour aller à la rencontre de Lou, et la ramener. Normalement, nous étions censées faire le trajet à pied, vu qu'elle habite à deux pas de chez son amie, mais vu son état, c'est dans la voiture d'Adrien que le trajet du retour se fera!

- Aller, Lou, c'est l'heure!

Je mens en rajoutant qu'il va bientôt faire jour pour la motiver et elle râle, comme une gamine. Son ami, dont je ne connais pas le nom, l'aide à descendre les escaliers. Elle passe devant la piste de danse désormais espacée de grands trous, ce qui la laisse ouvrir grand les yeux sur l'état de la salle. Je ris et nous passons. En marchant jusqu'à l'entrée, je croise des yeux que je connais bien. Adrien lui passe une tape amicale sur l'épaule et je le fusille du regard.

- Tyler?! Sale connard!

C'est Lou qui l'a reconnu avant que je ne lui dise de fuir, le bruit d'une énorme gifle retenti, mais il ne scille pas. Il se contente de froncer les sourcils en constatant avec effroi qu'elle est très bien accompagnée. D'un côté, ce serai génial pour elle, mais je ne sais pas si elle s'en sentirai capable, après un tel coup. Pour une fois qu'elle l'aimait vraiment! Nous obligeons Lou à passer aussi. Malheureusement, son nouveau chéri ne rentre pas de suite. Il l'embrasse une dernière fois et se dirige vers moi. Il me glisse à l'oreille:

- Elle va mal, très mal, et... je tiens à elle, donc même si elle ne souvient pas ce petit moment, ne lui rappelle pas, nous sommes amis, elle n'aurait jamais fait ça, consciente. Je ne veux pas qu'elle ai cette connerie sur sa conscience. Tu me promets de ne rien lui dire?

Je hoche la tête en signe de compréhension, mais je ne sais pas si ce serait un mec bien pour elle, Tyler était gentil, beau, charmant, protecteur et affirmé, comme son copain, et ça ne l'a pas raté quand-même... Il m'assigne une belle accolade et serre la main d'Adrien. Par précaution, c'est moi qui met la veste à Lou et nous partons, enfin.

AzzaroWhere stories live. Discover now