c.48: Mon Sauveur

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Alerte rouge déclenchée, les toutes petites moi de mon cerveau courent partout, sans savoir ou aller, je suis affolée, j'ai beaucoup bu, je ne contrôle pas tellement mes sentiments, mais je crois que j'ai fait à ce moment précis la meilleure chose qui puisse m'arriver de faire:

" Azzaro!! Azzaro s'il te plaît! Tu es là? A l'aide!! Viens me chercher!! J'ai froid! Je pleure... Et je ne veux pas qu'Adrien se batte pour moi... Je l'aime! Et toi aussi! Viens!! Je t'en prie!!!"

Je lâche un peu tout ce que j'ai sur le cœur, des larmes ravalent mes joues et je suis à présent seule sur la pelouse qui me gèle le bout des orteils, je suis debout, plantée là comme la plus pure des cruches, a humer l'air glacé d'une nuit d'octobre.

" Quoi?? T'es où?! Iris! J'arrive!! Tu es où??!!"

Je me laisse sourire le temps d'une seconde, j'ai laissé Azzaro au pré avec pour condition à Adrien de ne pas le remettre au box cette nuit, sous entendu qu'il avait fait une petite maladie bizarre et qu'il devait rester dehors.

" Azzaro, je te rappelle que tu sais instinctivement où je suis! Fais-vite! Sois très prudent, et ne galope pas trop sur le goudron!! "

Je me souviens d'avoir reconnu les routes en allant chez Flore, elles sont à moins de cinq minutes en voiture, Azzaro ne mettra donc pas longtemps à venir.

Je m'affale sur l'herbe, épuisée.

- IRIS! Iris! Tu vas bien?

J'ouvre peu à peu les yeux, découvrant Iris, ma récente connaissance.

- C'était quoi ça? Tu ne me fais pas un bad, hein?

Elle regarde autour d'elle comme une attardée et reporte son attention sur moi, m'aide à me relever et je suis assise dans la pelouse.

- Rentre, tu vas attraper froid. Viens.

Je n'arrive qu'à chuchoter, mais elle comprend ce que je dis:

- Non.. Je ne peux pas... Pars... Je t'en supplie... Pars!

Je vois une larme couler sur sa joue, mais elle m'obéit, elle part en direction de la maison, me laissant seule, moi et mon alerte rouge, mes sentiments, et mes bizarreries. Je n'entends rien d'autre que des cris dans la maison. Je me surprends d'être égoïste à ce point, laisser Adrien se faire battre en fuyant n'est pas la meilleure idée, mais ce n'est que le petit plus de mon problème de cette soirée. Les sabots frappants sur le sol, j'entends mon cheval arriver, de l'autre côté des éclairages de la bâtisse, il a sauté la barrière de l'entrée, elle mesure un mètre dix, au moins.

" Mais Azzaro, on ne va tout de même pas sauter ça? Tu pourrais te blesser!"

J'essuie mes larmes tandis qu'il repasse au trot, se gardant de se découvrir à la lumière des gros projecteurs. Je m'avance donc dans l'ombre pour aller à sa rencontre, en veillant à ce que personne ne me suive. Une fois à son niveau, je le serre fort dans mes bras en lâchant, encore, une grosse rafale de larmes, chaleureuse cette fois. Je monte dessus, non sans mal, puis le caresse.

" Je ne veux pas sauter ça..."

" Alors dans ce cas je suis venu pour rien. Et puis, ton but n'était-il pas de m'emmener sur des obstacles bien plus haut, là où tu t'étais arrêtée?"

Touchée, coulée.

" Si... Bon, qu'est-ce qu'on fait encore ici dans ce cas?"

Il se garde d'hennir de plaisir et s'élance plein galop dans le jardin de Flore, si seulement elle savait qu'une grosse bête toute poilue est venue dans son jardin le soir de sa fête...

Je me concentre à nouveau, l'obstacle est dorénavant en face de nous, il fait tout son possible pour adopter l'attitude que je lui fais travailler pour sauter le plus aisément possible, ça se voit. Il est trop mignon. Bref, vingt mètres... Dix mètres, il faut qu'il remonte son encolure... Cinq, quatre, trois, deux, un... Je décolle clairement mais après l'avoir passé, je n'ai pratiquement rien senti, il a fait ça comme si il avait déjà sauté ça des tonnes de fois, je le félicite gaiement et cette fois, il hennit. Il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un plat finalement. Ma peur de l'obstacle est partie, réalisais-je soudain. Et je me rendais compte que j'avais horriblement froid, où aller?

" Heu... On ne retournes pas à la maison. Mais je ne sais pas trop où aller."

" A toi de voir, personnellement moi je n'ai pas froid. "

Je le pince en étirant mes lèvres sur le coin de mes joues, bien fait!

" Aïe! "

" Azzaro, j'ai vraiment super froid, je ne sens plus mes doigts, ni mes pieds..."

" Bon, alors laisse toi guider. "

Il se fige alors que je hoche la tête et commence par faire demi tour, en plein milieu de la rue. Je ne reconnais pas vraiment, de nuit, mais je lui fais confiance. Je ferme les yeux et me laisse guider par le rythme du sabot de mon cheval. Au bout de deux minutes à peu près, il s'arrête, et je me permet donc d'ouvrir les yeux.

" Tu rigoles j'espère? "

" J'ai l'air? "

Ma mâchoire de gauche se détache et tombe littéralement: enfoiré de cheval. Nous sommes devant la barrière de la maison de Flore, rien n'a bougé.

" Va vite le secourir, il a besoin de toi Iris, tu ne sais pas à quel point. "

Je me raidis, devrais-je vraiment y aller et tout arrêter ou les laisser s'entre tuer pour leur donner une leçon?

AzzaroWhere stories live. Discover now