c.58: Savane est en danger!

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            A finaliser le tout pour le tout, Olivier m'a supprimé mon téléphone en m'interceptant dans mon voyage chambre - salle de bain. Il m'a aussi interdite d'aller monter, de voir Adrien et Lou. La seule chose qu'il m'a laissée, c'est ma chienne, car elle s'est mise à couiner et à aboyer de toutes ses forces quand il l'a pris dans ses bras. Il m'a attendue toute ma douche et m'a enfermée dans ma chambre, avec l'interdiction stricte d'en sortir avant qu'on ne vienne me chercher pour manger, dîner que j'ai passé seule dans la cuisine, et non dans la salle à manger avec les autres. Scoub m'a tenue compagnie absolument toute la journée.

A seulement vingt heures, lors du dîner, j'ai entendu la clé déverrouiller la serrure de ma porte. Scoub a levé la tête et a couru à la porte. C'est Anne que j'ai aperçu dans l'entrebâillement, avec des yeux qui cherchaient mon état. Elle s'est assise sur mon lit, avant de se livrer.

- Je trouve qu'Olivier a été bien assez sévère sur tes réactions. Promets-moi de ne plus être violente, je déteste cela. Une si jolie fille comme toi devrait savoir se contrôler. Tu sais, j'ai moi aussi été adoptée, j'ai eu comme toi, d'énormes difficultés à me construire. J'avais des parents adoptifs très sévères, j'ai fugué un bon nombre de fois. Je te comprends tu sais, je comprends que tu tiennes à la seule chose qui te rattache à ton passé, que tu aimes et regrettes tant... Moi je vais te promettre une chose: on va tout faire pour récupérer uniquement ton vrai nom de famille, entre filles. Olivier n'est absolument pas d'accord avec, alors il va falloir agir en discrétion. N'en parles à personne, je m'occupe de tout, tu es avec moi?

Elle a rabattu ma satanée mèche derrière mon oreille avec sa voix douce. Alors ça, pour une nouvelle! Je ne cesse d'apprendre des choses sur les gens autour de moi en ce moment. Le sourire revenu, tirant la peau de mes joues, je concentre mon regard sur la paume de sa main blanche. Je prend mon élan et tape dedans, solidement. Ainsi, en total accord avec elle et son plan de fille bizarroïde, nous allons manger, et cette fois, j'ai le droit d'être à table avec tout le monde.


On aurait dit que c'était comme avant : silence radio tout le long. J'ai à peine posé le regard sur Adrien, je ne sais pas si c'était parce que j'avais honte ou par fierté en vers quelqu'un qui me porte du respect. Je pense plutôt que mon côté fier a pris le dessus. Pour bref, j'ai gardé les yeux rivés sur mon assiette après avoir fusillé Olivier du regard en rentrant avec Anne. Je suis restée droite, élégante et hautaine tout le repas. Pas même Boy n'a osé poser une question, me titiller à chercher son futur berger allemand ou encore se plaindre sur sa journée de lycée. Quand on a eu fini, on s'est tous levés et nous avons grimpés les escaliers, s'éparpillant à travers les salles et les étages. Olivier m'intercepte avant que je ne rentre dans ma chambre, en premier. Sans me dire un mot, il sort un appareil avec une coque de sa poche avant et me le remet. J'ai tout de même l'audace de lever l'œil sur lui après m'être assurée qu'il était uniquement dans ma main. J'espère tout clairement lui faire comprendre que ce n'est pas parce que la punition est longue et chiante que je changerai mes manières.

- Je peux dormir avec toi ? Lance Adrien à voix basse, à travers le mur.

- Si c'est pour dormir, ok. Je ne suis pas d'humeur.

- Cool ! J'arrive.

J'entends les ressorts de son lit grincer puis ses pas se diriger vers moi. La porte de ma chambre s'ouvre tout doucement et sa tête apparaît dans la lueur de ma veilleuse. Je m'en sers quand je reste sur mon téléphone le soir, ça m'évite de me tuer les yeux. Il la referme doucement et vire Scoub, qui prenait sa place à ma droite. Mécontente du dérangement, elle grogne un peu et se pousse seulement pour se coller un peu plus à moi. Il aura beau tout faire, elle ne voudra jamais descendre de ce lit ! Avec un léger sourire coquin, il colle ses lèvres sur les miennes et m'oblige à quitter mon téléphone. Pourtant, je ne cède pas.

- On a dit dormir, sinon je te dégage sur le champ.

- T'es pas sympa, boude-t-il.

Ce petits mots résonnent dans ma tête et me donnent un léger sourire en coin, oui, je suis sadique.


               Whouaff ! Whouaff !

Je me réveille en sursaut, Scoub est à la fenêtre et aboie de toutes ses forces.

" Iris ! Iris ! Réveille-toi, viens voir Savane, vite !!! "

Affolée, je bondis hors de la couette, enfile mes bottines et sors de la maison en courant suivie de Scoub. Je fais un bruit terrible, mais pour qu'Azzaro et Scoub me réveillent en sursaut, il se passe quelque chose de grave.

" Dépêche-toi ! Il l'emmène! Vite !! "

Il l'emmène ? Mais qui ? Pourquoi Savane ?

Dès que j'ai ouvert la porte, Scoub passe devant moi à toute allure en aboyant. Elle n'a jamais aboyé comme elle le fait à présent. Elle montre les crocs, grogne et lance des cris effrayants.

"Vite!! "Me hurle Azzaro.

" Ça va, ça va, j'arrive!"

Je suis à présent au milieu de la cour, mais je m'arrête d'un coup et cours comme une dératée à l'intérieur de la maison, alors que Scoub part toujours plus vite vers l'écurie. Il y a un tas d'hennissements à la suite, brutalement. Je grave les marches du palier quatre à quatre avant de faire un maxi dérapage pour ouvrir la porte et me diriger le plus vite possible au tableau qui comporte les clés, comprenant le bip du géant portail. J'ai eu le temps de remarquer qu'il était ouvert, chose anormale; car on le ferme la nuit. Je l'arrache du clou qui retient le porte clé de tomber et fais volte face pour aller le plus vite possible dans la cour, de là où le bip peu interagir. Je cours du plus vite que je peux faire, et je vous avoue que je n'ai jamais eu autant d'adrénaline que cela pour courir vite. Je tends mon bras et clique sur le bouton. Avec soulagement, je vois la haute lumière qui gyrophare s'allumer et tourner. Le portail se referme.

" Ils ont démarré avec Savane !! Iris fait quelque chose !!! Scoub est à leurs trousses ! "

Je prends alors enfin le temps de respirer. Et maintenant ? Je ne peux pas m'interposer devant leur camion, moi; gamine de seize ans... Je n'ai pas assez de force ! Mais je souris diaboliquement, ordonne quelque chose à Azzaro et peu après entends un hennissement suivi du son que j'attendais : du bois qui s'explose. J'entends aussi le galop fourchu et rapide de l'étalon sur le béton de l'écurie close au bout. Je me précipite sur cette porte; tire un côté, de toutes mes forces. Azzaro passe à travers en hennissant et nous courons côte à côte. Bon, j'avoue qu'il trotte vite en me dépassant un peu. Moi, j'épuise toutes mes forces, je n'ai jamais couru aussi vite. J'aperçois une fourgonnette blanche. Elle ne prend pas le chemin goudronné !! Elle emprunte le maigre chemin de balade, qui coupe entre les paddocks. Je m'arrête donc, épuisée de fatigue...

- Ils ont réussi à l'emmener ?

" Oui. "

- T'es prêt ? Parce qu'on va quand-même prendre leur plaque d'immatriculation ! "

" Leur quoi ? "

Je secoue la tête et me balance avec agilité sur son dos. J'ai de la chance que ce ne soit pas la hauteur de Dada ! Il démarre, d'abord au petit galop, puis une fois que le tournant sec gravier/paddock est passé, il démarre comme il l'a toujours fait. Sauf que cette fois, il s'agit de courser un camion. Pour cela, je ne m'inquiète pas tellement, dans un kilomètre à peine, ils seront bloqués. C'est d'ailleurs là que le bonhomme bizarre nous a fait une grosse frayeur l'autre jour.

La liaison se fait dans mon crâne. Et si c'était le même homme dans tout cela?

Je presse encore un peu plus les flancs d'Azzaro et il redouble de vitesse. Enfin, dans le noir, nous apercevons les feux arrière de la fourgonnette possédant Savane. Il ralentit, il va être bloqué dans une centaine de mètres. Au lieu de ralentir, nous poursuivons notre vitesse et enfin je peux lire la plaque. Je peux tout sauver, grâce à ma mémoire, cette fois, je n'ai pas le droit à l'erreur de retenue.

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Ouf. Le camion est presque à l'arrêt. Azzaro stoppe net et se colle au fourgon, afin que je saisisse la poignée des portes arrière. Sans un bruit, discrets comme une souris, on peut uniquement entendre les voix des deux ravisseurs râler. Au moment où je m'apprête à ouvrir à Savane, le véhicule recule, il recule sur nous !

AzzaroWhere stories live. Discover now