c.8: Discutons peu, mais discutons bien

3.3K 276 16
                                    

- Même pas à tes parents, répondis-je du tac au tac, un ton confidentiel à l'attache. Comment tu t'appelles?

Elle connaît un peu toute ma vie passée, alors j'ai quand-même le droit de connaître son prénom, non? Quoi qu'il en soit, si elle le révèle à n'importe quelle personne de ce club, je suis complètement cramée et je vais me faire harcelée de "Désolée" ou de "Courage", " Ça doit être dur".. qui a envie de vivre ça?

- Lou.

Elle sourit sympathiquement, ce qui m'assure que je peux compter sur elle. Elle a l'air très intelligente, derrière sa galère avec le pied de l'alezan.

- Ok, Lou. Je peux te poser une question hyper importante?

Elle me sourit toujours autant, comme une amie. Puis comme je n'ai aucune amie ici et encore, je tolère uniquement Adrien parce que je suis condamnée à rester coincée avec lui pendant les deux prochaines années.

Elle hoche la tête, sûre d'elle. Je prends une inspiration et m'explique.

- Voilà, ici je n'ai encore aucune amie, ni même aucun ami, parce que je me cache sous mon côté désagréable et une tonne de maquillage pour ne pas être reconnue. Alors j'aimerais te demander si tu voudrais bien être mon amie? Sans impolitesse et sans maquillage, bien entendu!

Sans que je comprenne quoi que ce soit, elle me saute au cou et murmure un petit "oui" avant de me regarder comme son cadeau de noël.

- Sinon, tu peux m'aider? Me lance-t-elle en se redressant. Savane est mon cheval, un grand blasé! Mais tu vois... Il dépasse tous les niveaux de désespoir.

Je lui explique que si elle porte son poids sur son épaule et donc le déséquilibre, elle soulèvera le pied sans problème. J'avoue qu'elle avait de quoi se lamenter, ce cheval n'avait pas daigner se décaler d'un petit centimètre, alors nous lui sommes rentrées dedans comme des taureaux. Enfin, il s'est réveillé! Finalement je la laisse finir de seller le hongre alezan avant de me diriger vers Azzaro. Sur le chemin, je croise Adrien. Il marchait au pas de course et ne s'est même pas rendu compte de ma présence, avant que je l'interpelle.

- Tu sais où est le licol et la longe d'Azzaro? Je l'emmène faire un tour à pied!

Il se stoppe net et me regarde.

- Il boite. A part si tu veux le sortir au paddock, je te le déconseille.

Je fais comme si je n'avais rien entendu, je veux tout éclaircir de cette bizarre histoire. Je renchéri donc:

- Alors, c'est où?

Ma demande, bien plus froide que je ne l'aurai voulu, rend l'atmosphère plutôt glaciale. Il me fixe, réprobateur, comme si je l'avais emmerdé. Ses yeux indiquent qu'il se demande encore s'il doit m'indiquer l'endroit ou non.

- Sur son casier, à côté de lui.

Je le remercie ironiquement et pars en direction du petit noir, saisis son licol et sans un mot, lui enfile et le sors. Au programme: une balade pour mettre les choses au clair, qu'il boite ou pas. Je le mène assez loin, afin que personne ne nous entende. Je deviens totalement parano, comme si j'allais avoir une discussion avec ce cheval... Je le regarde et lui demande, telle un triso:

- C'est bien toi?

"C'est bien moi." Affirme Azzaro.

Il y a quand-même quelques questions que je me pose à ce sujet; pourquoi ai-je besoin de lui parler pour qu'il m'entende et non lui? Comment cela se fait que je parle à Azzaro par l'esprit? Jusqu'à preuve du contraire, rien a déclaré que ceci était possible, scientifiquement.

AzzaroWhere stories live. Discover now