Azzaro

c.23: Lou vs Boy

Je fais ma petite vie tranquillement en attendant Lou: donner les grains, ouvrir les volets des écuries, sortir les chevaux au pré etc.. Malicieuse l'Iris, il ne reste qu'une corvée destinée à Adrien: faire les box.

- Iris!!! Je veux voir la tête de ton frère!!!

Surgit de nulle part, l'odeur de Lou me saute dans les bras, toute contente de me retrouver.

- Tu ne vas pas dire bonjour à Savane d'abord?

Elle rit en y pensant.

- Si, bien-sûr que si.

Elle me prend par le bras et me traîne jusqu'à son cheval, sautillant sur place. Ses cheveux se plaquent et se décollent de son dos après chaque foulée égayée.

- Alors, il est comment? Fin je veux dire, il est sympa et tout?

Elle s'impatiente, comme un enfant de cinq ans réclamant un bonbon. C'est d'ailleurs ce que Savane fait, en léchant le creux de mes mains.

- Bon, viens!

A force de me poser des questions sur lui, je croule sous les décombres! Nous menons notre chemin jusqu'au bout du couloir du manoir. La musique bat son plein à l'intérieur. J'ouvre la porte timidement, par peur de déranger. Il baisse le volume en me voyant, tranquillement étalé sur son lit, à ne rien faire.

- Ma meilleure amie veut absolument te rencontrer!

- Rentrez!

Naturel, de bonne politesse. Elle s'approche timidement et rentre dans la chambre, découvrant mon nouveau frère. Deux gosses timides qui se dévisagent, et moi coincée entre les deux. Leur baratin dure, ils parlent de tout et n'importe quoi, Lou se fascine de n'importe quel sujet, et je sais de quoi je parle! Bref échange de regard avec Boy, il comprend aussitôt. Merci à mes parents de m'avoir donné le don d'ordonner du regard, il se décline.

- Bon, je pense que tu dois avoir des choses à faire, je ne te retiens pas plus longtemps. C'était un plaisir de t'avoir rencontrée!

- Et moi de même! Enchaîne la pipelette aux grands yeux, à plus tard!

Nous redescendons, alors qu'elle me parle de son ressenti sur lui. J'avais dit quoi déjà? Pipelette, oui.

- Il est hyper sympa! T'a trop de chance! Il est beau gosse aussi, avoue.

Je lève les yeux au ciel, comme si j'en avais déjà assez entendu. Plan A: l'interrompre dans son exclamation, ainsi l'arrêter avant de l'en entendre parler toute la journée.

- Philippe, tu sais, le recruteur de l'équipe de France. Il va venir voir Azzaro travailler, sauf que je suis incapable de rentrer dans une carrière s'il y a des obstacles.

Une, deux, son visage chaleureux envolé. Il faut bien croire que ma meilleure amie est bipolaire, mais alors totalement.

- Ma fille, il est temps de te mettre au boulot, et sur du sable!

Espérer qu'elle ne soutienne pas l'ambition de Philippe aurait été un trop grand rêve. Je fais la moue comme ferait un gamin. Sa main atterrit brutalement sur mon poignet et me force à la suivre.

- Aïe! Mais où est-ce que tu m'emmènes à la fin? Râlais-je.

Nous dépassons le jardin, qui se situe à l'arrière du manoir. Je découvre derrière une lignée d'arbres plantés, une belle et gigantesque carrière de dressage.

- Ici, tu vas pouvoir bosser tranquille!

Elle tend le bras, montrant une sublime carrière de dressage.