c.37: Petit séjour!

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Je me demande parfois comment je fais pour être tout l'inverse de ce que j'attends proprement de moi. A l'orphelinat, j'avais un surnom: Partout. Oui, on ne m'appelait plus par mon prénom, simplement parce qu'à force de le voir à la télé ou dans les journaux, je ne voulais plus que mon nom évoque cet effondrement dans ma vie, je voulais revivre, quitter le cheval, avoir une famille, une bonne réputation dans un bon collège ou lycée avec des bonnes copines, avoir juste ma vie, une nouvelle vie. Et si j'avais une nouvelle vie? Chouette d'idée, lorsque tu es orphelin. Il faudra que je pense un jour à renouveler les fleurs de la tombe de mes parents, il y a six mois au moins que je n'y suis pas allée. Vous n'imaginez pas combien j'en veux à la Citroën qui est sortie de sa ligne d'autoroute. Les infos racontaient que la personne dedans était ivre, que moi, petite fille de quatre ans, j'étais restée deux mois dans le coma avant d'en sortir sans séquelles. Là n'est pas la question. Je reviens à ma vie et à Azzaro.

- Lou...

Je résiste alors que mon amie me tire le bras de toutes ses forces. C'était rigolo de la voir forcer alors que je décidais moi-même de mes mouvements.

- Vite on y va, aller!

Sympa, merci de m'écouter Lou franchement tu sais, moi aussi je t'aime.

- Il m'a déjà pardonnée.

- Mais oui, aller viens! Attend, quoi?

Il y avait de l'agacement dans tout son corps, ses gestes, sa manière de me rassurer. Il est vrai que pour moi, elle faisait des efforts surhumains, mais moi à côté d'elle, je ne glandais pas grand chose, bien que je sois là pour elle quand elle a besoin.

Elle me pose finalement devant Azzaro, et croise les bras en déhanchant, dans l'attente d'une explication. Il me regardait calmement, comme d'habitude, aucune expression ne semblait laisser traverser ses lignes parfaites, image totalement similaire à ma copine.

- Expliquez moi, et vite!

Elle me regarde, puis regarde Azzaro. Oui j'ai l'air d'une vraie gamine, mais actuellement, je ne lui dis rien, je fais la moue en faisant les yeux de bébé, pour supplier à Lou de ne pas m'interrompre, cette fois.. Doucement, avec gestes et explications, je raconte l'aventure datant de deux mois déjà. Il ne parle pas. Mon récit se termine avec mes larmes, lourdes de regret. J'ai l'impression que mon ventre se compresse, et soudainement il fait chaud, j'étouffe, je n'ai plus d'air. Je n'ai même pas le temps de m'affoler, mes yeux se ferment et ma tête heurte le sol violemment. Je voix pleins d'images défiler: je revois Scoub, cet obstacle, sa tête lourde sans vie sur moi, l'équarrisseur, la drogue, l'alcool, le paquet de cigarettes, les toits des autres maisons, ma vieille chambre d'orphelinat, la Ferrari, la nouvelle maison, Adrien, notre premier baiser, Boy, Azzaro, l'autoroute, la fête, Tyler, Scoub et Jackpot, la carrière, Anne et Olivier, Philipe, Lou.

J'ouvre les yeux. Je suis, dans une salle neutre et blanche. On dirai un hôpital. Quand je tournes et retournes la tête pour m'orienter, je constate que oui, je suis dans une chambre d'hôpital. Un cardiogramme bipe à côté de moi, une perfusion m'est injectée dans le bras gauche. Il y a un petit papier sur moi. Je le saisis et lis:

" Coucou ma belle, appuies sur le bouton vert de la télécommande sur la table à ta gauche quand tu es réveillée. "

Je déplace avec mal on bras gauche pour saisir la télécommande et appuies sur le bouton vert. Le bruit de l'engin à ma droite m'agace particulièrement, mais je ne peux rien y faire. Il signifie déjà que je vais bien, c'est ça l'important. Je ne fais rien et repose ma tête sur l'oreiller, si confortable. Comment j'ai fais pour en arriver là? Je ne veux pas mourir, je veux voir Azzaro, je voudrais m'excuser, je voudrais pleurer des heures sur la tombe de mes parents, je voudrais être aux écuries, avec Azzaro.

AzzaroWhere stories live. Discover now