Chapitre 4 : Ce petit bout rose coincé dans mes cheveux

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-Qu'est-ce que tu fabriques encore ? me questionna Alexy posté derrière moi.
-Je rends service à la directrice, lui expliquai-je simplement.
-Encore ?! Elle te prend vraiment pour un larbin celle-là. Tu devrais apprendre à dire « non » Mél.


Je soupirai fortement alors qu'il s'asseyait sur la chaise à côté de la mienne. Je repris malgré tout mon activité qui consistait à numéroter et à répertorier les absences et retards des élèves de la semaine. La directrice m'avait demandée de m'en occuper car elle était prise par un conseil, tout comme les autres surveillants du lycée en ce vendredi.
J'avais accepté, et pas seulement parce que je souhaitais faire amende honorable après ma pitoyable heure de colle ou encore parce qu'elle me fichait les jetons. Je dois avouer que rester dans les bonnes grâces de la directrice pouvait avoir certains avantages : elle ne me criait dessus qu'une fois tous les cinq mois (ce qui est bien en-dessous de la moyenne), j'avais un accès privilégié aux machines à café (non négligeable pendant les périodes de révision des examens) et je pouvais profiter de plus de temps en compagnie de Nathaniel qui était souvent de corvée avec moi. Même si ce dernier petit bonus me paraissait de moins en moins valable ces derniers temps.
Je m'étais donc rendue au CDI et avais entrepris d'accomplir ma tâche pour rentrer chez moi au plus vite, et de préférence avant la fin des « Reines du shopping ».

-T'as besoin d'aide ? me proposa Alexy en fouinant dans ma trousse.
-C'est une question piège ? m'étonnai-je. Tu comptes me demander un truc en échange ? Me traîner dans un centre commercial ?
-Hé ! Je suis pas si opportuniste que ça, se plaignit-il.
-Tu ne veux donc rien en contrepartie ?
-Ce n'est pas ce que j'ai dit ! dit-il avec un sourire. J'ai besoin de toi pour un tout petit truc, mais vraiment tout petit.
-Je croyais que je devais apprendre à dire « non »? me moquai-je en le citant.
-S'il te plaîîîîît Lily, supplia-t-il en prenant sa voix de bébé.


Alexy ne m'appelait Lily seulement dans les moments où il souhaitait m'attendrir, ou encore quand il avait quelque chose d'important à me dire. Je n'arrivais jamais à lui résister quand il utilisait ce surnom, c'était plus fort que moi, comme un doux chant de sirène. Il le savait pertinemment et en jouait de manière abusive.

-Je t'écoute, finis-je par dire à court d'idées pour le faire mariner.
-Armin ne veut pas venir au pique-nique samedi. Tu le connais, il fait une allergie au soleil, c'est viscéral. Et puis apparemment, il a un tournoi sur je sais pas trop quel jeu de rôle. Il faut que tu le convainques de venir.
-Je ne vois pas comment je pourrais réussir là où tu as échoué ! m'exclamai-je. Est-ce que tu sous-estimerais tes capacités de persuasion ?


Il fallait se l'avouer, Alexy n'avait pas son pareil pour convaincre les autres de faire ce qu'il voulait. Je m'étais faîte avoir un nombre de fois incalculables à ce petit jeu. Il lui suffisait de papillonner des cils, de faire sa petite moue triste, et je ne pouvais plus lui résister. Pour les plus ardus, il appliquait la technique du « harcèlement ». Il s'agissait de suivre sa cible et de la souler à mort jusqu'à ce qu'elle finisse par craquer et céder. C'était du grand Alexy.
La seule personne au monde qui arrivait encore à contrer ses tentatives était son frère Armin. Il se contentait de le laisser jacasser pendant qu'il jouait sur sa PS4. C'était assez impressionnant la manière dont il arrivait à faire abstraction de son frangin et de ce tout qui le dérangeait de manière plus générale. Armin avait une force de caractère plutôt admirable.

-Il faut que tu fasses venir Véra, me murmura Alexy à l'oreille. Tu sais bien qu'il a un vrai crush sur cette fille. Et c'est toi la plus proche d'elle dans le groupe, il n'y a qu'à toi que je peux le demander. Si elle vient, je suis presque sûr d'arriver à lui faire bouger ses fesses de geek jusqu'au parc. Image un peu le truc : Armin, assis dans l'herbe fraîche, sans console, à secouer ses beaux cheveux dans le vent frais de l'après-midi. Avoue que ce serait géant !

Je tentai tant bien que mal de m'imposer l'idée dans la tête, je ne pus retenir un sourire. Armin avait toujours eu une sainte horreur de l'extérieur, il n'aimait ni le soleil, ni les grands espaces verts et encore moins les insectes qui les peuplaient. En effet, les petites bêtes représentaient sa plus grande phobie depuis qu'il avait manqué de gober une mouche à 8ans en s'endormant dans la cour de récré.

-Je lui enverrai un petit texto, promis-je en imaginant Armin pousser un cri d'effroi face à une coccinelle. Après tout, ça ne coûte rien d'essayer.
-T'es la meilleure ! s'exclama-t-il en claquant un énorme baiser sur mon front. Allez, pousses-toi un peu maintenant que je t'aide avec tes absences.
-Te sens pas obligé Lex, lui assurai-je.
-Dis pas des bêtises ! Ca me fait plaisir de t'aider. Ne m'oblige pas à faire ma voix de bébé pour t'en persuader Lily.


Je baissais les armes. Pourquoi lutter contre Alexy ? Ce serait comme d'essayer de remonter une rivière en sens inverse : tout bonnement épuisant et entièrement vain.

***

Comme prévu, je venais d'être réveillée ce samedi matin par une musique rock'n'roll assourdissante qui faisait trembler l'ensemble des meubles de ma chambre.
J'avais tenté la technique de « je cache ma tête sous l'oreiller », mais cela s'était avéré infructueux. Surtout que mon portable ne cessait de vibrer depuis environ cinq minutes. J'avais cinq messages, dont quatre d'Iris qui me sommait de venir lui ouvrir la porte immédiatement, et un dernier de Véra qui me confirmait sa présence et celle de Nora au pique-nique de cet après-midi.
Je ne pus m'empêcher de trouver toute cette histoire plus que bizarre. Notre groupe allait se retrouver mélangé à celui de Lysandre. Si on me l'avait affirmé quelques jours plus tôt, je n'y aurais pas cru. Après tout, nous n'avions pas spécialement les mêmes centres d'intérêt, et ça avait toujours été comme si un mur invisible nous séparait. Un mur insurmontable. J'appréhendais un peu l'issue de cette rencontre.
Je m'extirpai de mon lit et traînai ma carcasse de comateuse jusqu'à l'entrée. Je distinguai à travers la petite fenêtre teintée de la porte la silhouette d'Iris. Je pris une grande inspiration avant de la laisser entrer.

-Non mais tu sais quelle heure il est ?! s'énerva-t-elle à peine après avoir passé le pas de la porte.
-Non, mais tu vas sûrement me le dire, ironisai-je en secouant ma tête.
-Onze heures nom de Dieu Mélodie ! Leur répétition va se terminer d'une minute à l'autre et je poirote ici depuis une heure ! J'ai sonné mais tu n'as rien entendu. Ca ne m'étonne pas, t'as le sommeil tellement lourd.


Je la suivis sans rien dire jusqu'à ma cuisine, la laissant déverser sa colère le temps du trajet. Elle déposa sur ma table d'innombrables boissons et denrées pour le pique-nique de cet après-midi.

-J'ai acheté du soda, des chips, du saucisson, des tomates cerises, des bombecs', et pleins d'autres trucs hyper diététiques, énuméra-t-elle. Je file avant d'être repérée ! Ne fais pas foirer mon plan je t'en supplie !

Elle déposa un léger baiser sur ma joue avant de disparaître aussi sec. Elle était hyper excitée aujourd'hui, je le voyais. Elle mettait beaucoup d'espoir dans la réussite de son plan « rapprochement » avec Lysandre. J'espérais qu'elle n'aurait pas la même déception que j'avais eue avec Nathaniel. Iris ne méritait pas cela, c'était une fille vraiment cool, et elle avait toujours été là pour moi. Alors : hors de question de faire tout foirer. Lysandre allait venir à ce pique-nique même s'il fallait que je le kidnappe.
Après avoir pris cette résolution, je retournai dans ma chambre dans l'optique d'enfiler quelque chose de plus décent. En effet, Iris n'allait pas être la seule à se jeter dans le vide aujourd'hui. J'allais parler à Nathaniel, je savais qu'il fallait que je le fasse et c'était devenu presque mon seul sujet de préoccupation en ce moment. Cette situation me pesait bien plus que je n'avais voulu l'admettre à Iris.
J'étais amoureuse de lui depuis bientôt dix ans, et j'allais bientôt le lui avouer. Et ce n'était pas de gaieté de cœur, je me retrouvais totalement coincée. J'avais vu son rapprochement avec Sue toute cette semaine, le temps me manquait. Et pourtant, j'aurais tellement voulu que cela se passe autrement... Mais de toute façon, je voyais bien que ma technique d'approche en douceur ne fonctionnait clairement plus, enfin, en partant du principe qu'elle ait un jour fonctionné. Il fallait que je me lance, que je saute le pas, quitte à tout perdre.
J'attrapai rapidement un débardeur blanc et un pantalon noir et m'évertuai de m'habiller rapidement. Je me posai une très légère couche de mascara, hésitai pendant cinq bonnes minutes à m'attacher les cheveux ou non, pour finalement décider de faire comme d'habitude et de coincer ma mèche de cheveux dans ma petite barrette bleue.
Je descendis les marches quatre par quatre et me rendis dans la cuisine où étaient attablés Lysandre, Matt et Castiel. J'étais arrivée pile à temps puisque Matt avait déjà mis la main sur le saucisson et s'apprêtait à s'en découper une tranche. Je lui assenais une claque sur la main.

-Pas touche !
-Bordel c'est quoi tout ça ? s'enquit Castiel en s'emparant du paquet de chips avec dégoût. Tu nous fais des réserves pour l'hiver ?
-Iris organise un pique-nique cet après-midi. Je suis chargée du ravitaillement en nourriture.


Ca y est, c'était le moment de montrer mes talents d'actrice.

-Mais c'est vrai que ça va être teeeeelllleeement lourd à porter jusqu'au parc... gémis-je en soupirant plus fort que nécessaire.
-Tu te fous de nous ou quoi ? Le parc est à vingt mètres ! fit signaler Castiel exaspéré.


Je lui filai un coup de coude dans les côtes pour le faire taire et continuai de regarder Lysandre avec un air triste.

-Je veux bien t'aider à tout ramener, se proposa finalement Lysandre en fronçant les sourcils.

Je voyais à son expression qu'il n'était pas entièrement dupe et qu'il flairait l'embrouille. Peu importe ! Ma mission consistait juste à ramener mon demi-frère jusqu'au parc, pas d'être crédible. Je le remerciai avec un grand sourire innocent.

-Vous pouvez venir aussi si vous voulez, lançai-je à Matt et Castiel.

Je ne leur proposai que par courtoisie, j'étais intimement persuadée que mon offre de pique-nique ne les intéresserait pas, et surtout pas Castiel. Il avait une sainte horreur des rassemblements en pleine journée, leur préférant les soirées en boîte de nuit ou les festivals de musique. Seulement, à mon grand étonnement, les deux compères parurent se consulter silencieusement du regard pendant quelques instants, comme s'ils considéraient très sérieusement mon offre. Enfin, je compris rapidement que c'était plutôt Matt qui tentait de convaincre le rebelle.

-Moi tant qu'il y a de la bouffe, je suis partant ! accepta Matt en levant son doigt solennellement comme s'il venait de prononcer un proverbe.
-Tu fais chier sérieux ! Tu me vois en train de bouffer des saucisses le cul au soleil ? Je croyais qu'on devait répéter !
-Cast, juste une petite heure. Après on passera toute la soirée enfermés au sous-sol si tu le veux, proposa Matt.
-Matt, j'en ai marre de tes embrouilles de cul là, déjà la semaine dernière bordel, tu peux pas continuer à...
-Ferme-la Cast, l'interrompit-il avec un ton brutal qui ne lui ressemblait pas. Si tu veux pas venir, personne te retient.
-Comme si j'avais le choix trouduc, t'as oublié que j'avais pas la clé de ma maison posée sous le paillasson peut-être ?


Je vis la tête de Matt se décomposer légèrement. Les yeux gris de Castiel se posèrent sur lui, il était énervé. Il avait une lueur très étrange dans son regard, un mélange de tristesse, de dégoût et une grande dose de colère. C'était son air torturé, ce regard si particulier qui n'appartenait qu'à Castiel. Voyant que mon ami d'enfance n'ajoutait rien, Castiel se leva brutalement et balança les chips par terre d'un coup d'avant-bras rageur. Il tira ensuite une clope de son paquet et quitta la cuisine en marmonnant dans sa barbe des insanités.

-Laisse-le fumer un coup et il va se calmer, assura Lysandre. Désolée Mélodie pour cette scène, on va tous t'aider à ramener la nourriture au parc. Promis.

Je les regardai l'un et l'autre à tour de rôle, sans vraiment comprendre ce qui venait de se passer. Parfois les garçons sont bien plus compliqués que l'on ne veut bien le faire croire.
Bon, de toute façon, ce n'est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit que Matt, Castiel et sa mauvaise humeur se ramènent. Mon but principal étant de m'isoler avec Nathaniel et de lui déballer toute la vérité. S'il me rejetait, je rentrerai chez moi pour hiberner jusqu'à la fin de ma vie, et s'il s'avérait que mes sentiments étaient réciproques, eh bien,... Non, je ne vais absolument pas dire ce que je compte faire, ce ne serait pas très catholique.

***

J'étais en train de préparer mon sac pour le pique-nique lorsque j'entendis quelqu'un toquer à ma porte. Avant que je n'aie eu le temps de parler ou d'autoriser la dite personne à entrer, la porte s'ouvrit en grand et Matt s'engouffra dans ma chambre.

-J'espère que t'es pas en soutif ! Habillée ou pas j'arrive ! annonça-t-il en refermant la porte derrière lui.

Je fourrai mon portefeuille dans mon sac et me retournai vers Matt pour lui signifier que j'étais prête à partir. Je croisai alors son regard et il me parut soucieux. Ce qui ne lui ressemblait pas, il était d'un naturel à être joyeux et à voir toujours le bon côté des choses.

-Mél', je t'ai observé depuis ce matin et t'as l'air toute... je sais pas, stressée et bizarre, me signala-t-il. Quelque chose ne va pas ?
-Non, rien du tout, mentis-je en posant les hanses de mon sac sur mon épaule. On y va ?
-Tu es vraiment une piètre menteuse.


Il se planta devant moi, décidé à découvrir la vérité. Je me mordis l'intérieur de la joue, je savais qu'il obtiendrait gain de cause malgré ma résistance.
Il prit mon visage entre ses mains et me força à lever la tête vers lui. Nos visages se retrouvèrent alors à quelques centimètres l'un de l'autre, son front presque en contact avec le mien. Quelques-unes de ses mèches brunes me chatouillaient le visage. Je tentais tant bien que mal de dissimuler la moindre de mes émotions. Ses yeux bleus scrutaient les miens, à la recherche d'une réponse malgré mon silence.
Je détestais quand il faisait ça, je me sentais impuissante.

-Ne me dis pas que c'est encore à cause de Nathaniel ! s'apitoya-t-il en reculant finalement son visage.
-Si, cédai-je en détournant mon regard. Mais ça ne te regarde pas que je sache !
-C'est quoi cette fois ? demanda-t-il en m'ignorant royalement.
-Je vais tout lui avouer, confessai-je en parlant d'un ton décidé.
-Quoi ?! explosa-t-il. Mais Mélodie, c'est impossible ! Je l'ai vu la dernière fois et...
-Stop Matt, le coupai-je en levant ma main. Je ne suis pas en train de te demander ta bénédiction.
-Attends ! insista-t-il. Je dois te parler d'un truc avant !


Je quittai la chambre rapidement en ignorant ses tentatives pour me retenir. Non Matt, j'en ai plus que marre d'attendre. J'ai décidé d'agir et ne t'imagines même pas m'en empêcher.

***

-T'as pas l'impression de rien porter ? s'agaça Castiel avec un gros sac de course dans sa main droite.
-T'exagères quand même, je tiens à te signaler que c'est lourd les bouteilles ! assurai-je en soufflant lourdement pour prétendre que j'étais fatiguée. Et puis, t'avais qu'à pas insister pour prendre ta guitare, tu serais moins chargé.


En effet, le rouquin avait tenu à ramener son instrument de musique avec lui. Matt avait lourdement appuyé cette idée, voyant d'un bon œil l'idée de profiter d'un air de guitare en s'empiffrant de chips au barbecue. Il en était même allé jusqu'à regretter d'avoir oublié sa basse. J'avais surtout l'impression qu'il voulait éviter de le contredire une nouvelle fois après l'altercation de la matinée.
Ensuite, les garçons s'étaient répartis les provisions (un sac chacun) et m'avaient seulement confié la bouteille de Coca-Cola et d'Ice Tea. Pour une fois qu'on ne m'en demandait pas trop, j'en profitais au maximum.
Pendant tout le trajet, Matt ne cessa de me lancer des regards lourds de sens. Je savais qu'il voulait me parler de quelque chose qu'il considérait comme important mais je n'étais pas d'humeur à écouter ses sermons. Je l'ignorais très royalement.
Nous ne mîmes que quelques minutes avant d'arriver devant la grande arche en fer forgé qui menait au parc. Je finis par apercevoir Iris sous le grand chêne, à l'endroit habituel de nos rendez-vous. Je lui adressai de grands signes pour attirer son attention.
Je vis son visage s'illuminer quand elle aperçut que j'avais réussi à faire venir les garçons, et en particulier Lysandre. De son côté, elle était accompagnée de Violette, Rosalya, Véra, Nora, Alexy et ô miracle, Armin. Ce dernier était en pleine conversation avec Véra, il était apparemment ravi d'obtenir ce moment privilégié avec la blonde qui lui plaisait depuis maintenant plusieurs mois.
Je lançai un sourire complice à Alexy auquel il me répondit par un haussement d'épaules qui signifiait « Attends, t'as réellement cru que je n'arriverai pas à le faire venir ? C'est mal me connaître ! ».
Nora quant à elle, s'était aussi très bien intégrée puisqu'elle discutait tranquillement avec Rosalya et Violette. Constatant l'euphorie de Rosalya, je pus en déduire assez rapidement qu'elles parlaient de mode. J'étais rassurée de voir que l'ambiance générale était plutôt détendue.

-Salut les gars ! s'enthousiasma Iris avec un sourire digne des meilleures publicités Colgate. C'est cool que vous vous joigniez à nous !
-No, je savais pas que vous veniez ! s'étonna Matt en découvrant la jolie rousse.
-Mélodie nous a gentiment proposé de venir, s'expliqua Nora en coupant sa conversation avec Rosy quelques instants. On fait jamais ce genre de sortie d'habitude, ça avait l'air cool !


J'entendis le petit grognement dédaigneux de Castiel à ma droite, mais Iris ne parut pas en tenir compte et rougit légèrement, flattée par la reconnaissance tant attendue de son idée de pique-nique. Elle demanda ensuite aux garçons de poser la nourriture au centre de notre petit groupe, pour que tout le monde y ait accès.
Castiel, Matt et Lysandre s'assirent tranquillement sur le gazon. Quant à moi, je restai debout quelques instants et cherchai Nathaniel du regard, mais il n'était apparemment pas arrivé. Je pris la décision de profiter de cet instant et de mettre de côté ma peur et mon anxiété. Je ne voulais pas que les autres s'aperçoivent de mon comportement inhabituel. Je décidai alors de m'asseoir à côté d'Alexy, qui était pris entre d'un côté la discussion de Nora, Rosalya et Violette (quand on parle de mode, il a toujours les oreilles qui traînent) et de l'autre celle d'Armin et Véra (en bonne fouine qu'il était).

-C'est cool que t'aies ramené ta guitare Cast' ! dit soudainement Armin.
-Bordel, enfin quelqu'un de reconnaissant ! Merci gros, Mélodie n'a pas arrêté de me souler en répétant que c'était une mauvaise idée sur tout le chemin. Le soutien dans ce groupe c'est vraiment pas ça.
-Tu racontes n'importe quoi ! m'indignai-je en levant les yeux au ciel. J'ai juste signalé que si tu faisais trop de bruit, on ne s'entendrait pas parler. C'est tout.
-Depuis quand ne plus t'entendre parler est une mauvaise chose ? intervint Armin en me lançant un sourire moqueur.


Castiel brandit alors une main complice à Armin, et ce dernier se fit une joie de la claquer en riant. Ces deux-là s'étaient toujours bien entendus, même s'ils n'étaient jamais vraiment devenus très proches. Le rire de Matt se joignit rapidement aux leurs.
Génial, se foutre de la gueule de Mélodie ça rapproche les peuples à ce que je vois.

-C'est facile de s'en prendre à moi, vous êtes trois contre un, me plaignis-je en balançant de l'herbe dans la tête d'Armin.

Ce dernier eût un mouvement de recul. Il n'aimait pas tout ce qui s'apparentait à la couleur verte, les vieilles habitudes ont la dent dure.

-Qui aime bien châtie bien, hein les garçons ? me défendit Nora.
-Toi et tes dictons à deux balles j'te jure, râla Castiel en sortant sa guitare de son étui.


Il posa son instrument sur l'un de ses genoux, calant la guitare avec son coude. Il appuya ensuite ses longs doigts fins sur le haut de l'instrument avant de gratter les cordes de son autre main. Il réitéra la chose plusieurs fois et se mit à accorder la guitare. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder, il paraissait tellement concentré. Il tirait la langue et avait penché la tête légèrement sur la gauche. C'était très étrange de découvrir cette facette de Castiel.
J'étais tellement subjuguée que je ne me rendis même pas compte qu'Iris était en train de tenter un rapprochement très peu subtil avec Lysandre. J'y prêtai attention seulement quand Castiel eut fini son petit manège et qu'il perdit son air réfléchi pour retrouver son habituel moue râleuse.
Iris avait discrètement changé de place avec Violette, qui devait sûrement être dans la confidence, pour se retrouver directement à la gauche de Lysandre. Ce dernier était en train de griffonner dans son carnet, un sourire aux lèvres.
Je connaissais cet air, il ne l'affichait que quand il était inspiré par l'ambiance et les gens qui l'entouraient. Iris lui chuchota soudainement quelque chose à l'oreille qui le fit rire.
Non mais c'est fou ! Comment a-t-elle fait ? Lysandre est toujours si difficile à approcher pour ceux qui ne le connaissent pas...

-Castiel ! Fais-nous un petit air des Beatles ! proposa soudainement Alexy en hurlant.
-Hé doucement ! Mes oreilles Lex ! gémis-je en fronçant les sourcils.
-Oh... Lily, désolée ! Tenta-t-il de m'attendrir avec –encore- sa voix de bébé pleurnichard.
-Tu es insupportable quand tu fais ça... lui balançai-je en détournant le regard pour ne pas être ensorcelée.
-Ca marche à chaque fois ! Se réjouit-il en tapant des mains. Je vais vous apprendre un petit tuyau sur Mélodie les gars. Il suffit de lui susurrer un petit « Lily » à l'oreille avec une expression de chien battu pour lui faire faire tout ce que vous voulez !
-Qui voudrait faire quelque chose avec celle-là ? marmonna Castiel en me jetant un regard mauvais.


Ma confiance en moi en prit un coup. Je ne le comprenais vraiment pas, il passait de la bonne humeur à la colère en un claquement de doigt. C'était très déstabilisant. Il replongea le nez dans sa guitare, avec une expression étrange sur le visage. J'avais envie de l'étrangler.
Il se mit à nous jouer l'air de « Hey Jude » des Beatles comme l'avait proposé Alexy. Il avait beau m'énerver ce crétin, il fallait bien que j'admette qu'il avait une certaine dextérité.
Je ne sais pas trop pourquoi mais je me rappelai soudainement d'un souvenir de notre enfance, comme si sa musique se transformait sous mes yeux en une madeleine de Proust.
C'était il y a 9ans, le jour où notre maîtresse de CM1 nous avait demandé ce que nous voulions faire plus tard. Une bonne partie de mes connaissances du lycée était dans ma classe à cette époque, Sweet Amoris est une petite ville.
Lysandre avait annoncé fièrement vouloir devenir professeur de musique ou de lettre, Iris pop-star, Alexy et Armin voulaient être pirates, Nathaniel astronaute, Matt policier. Mais Castiel, lui, avait simplement lâché quand on lui posa à son tour la question : « je veux faire de la guitare ». Et de tout ce que j'avais entendu, cela me parut le plus censé.
Je l'écoutais, bercée par le joli son qui s'échappait de l'instrument à corde, et me surpris à observer notre drôle de groupe. Nous avions bien changé depuis l'époque où nous nous battions encore pour des billes. Nous nous étions éloignés, le collège et les hormones faisant leur bout de chemin. Les jumeaux étaient restés avec Iris et moi, et par la suite Violette et Kim s'étaient greffées à notre petit quatuor. Rosalya avait d'abord fait la connaissance de Matt, Castiel et Lysandre avec qui elle était restée jusqu'au lycée, époque où elle avait décidé vouloir une compagnie plus féminine auprès de nous. C'était le moment où Véra et Nora étaient arrivées en Seconde, remplaçant pour ainsi dire Rosalya auprès des garçons. Il ne manquait alors plus que Kentin à ajouter à l'équation, qui avait fait plus amples connaissances avec Matt en camp scout un été et avec qui il avait lié une forte amitié.
Et nous voilà, ici, dans ce parc, à 17 ou 18 balais. Je ne pus m'empêcher d'être un peu nostalgique.
Alexy, Matt, Armin et Véra étaient sagement en train d'écouter Castiel avec un sourire aux lèvres, Nora, Rosalya et Violette continuaient de discuter doucement, et Lysandre étaient en train de montrer certaines pages de son carnet à Iris, qui l'observait avec des yeux brillants d'admiration. Tout le monde paraissait apprécier le moment présent, et bizarrement, nos personnalités diamétralement opposées et la différence qui séparait nos deux groupes depuis la fin du primaire ne semblaient plus être un obstacle. C'était peut-être ça grandir finalement ?
La chanson de Castiel se termina et il fit une petite révérence avec sa tête sous les applaudissements. J'entendis quelques gloussements.

-Hé les gars ! J'ai Kentin par SMS, j'peux lui proposer de venir ? lâcha Matt en montrant son téléphone.
-Carrément ! approuva Iris.


Ma meilleure amie exultait, elle obtenait ce qu'elle voulait en se rapprochant de Lysandre. Et, bonus, le reste du groupe s'amusait grâce à elle. Je ne pus m'empêcher de sourire face au bonheur que je lisais sur ses traits. Je commençais à me dire que son « plan » était, pour une fois, plutôt bien mené, lorsqu'une ombre vint se poser sur notre petit groupe.

-Salut tout le monde, lança une voix masculine sur ma droite.

J'aurais été capable de reconnaître ce ton grave et suave entre milles. Je retournai la tête d'un coup sec, manquant de me froisser un nerf.
Nathaniel était là, debout, un sourire aux lèvres. J'étais à la fois contente de le voir et, en même temps, une peur panique s'empara de tout mon corps. Par réflexe, je passai ma main dans mes cheveux nerveusement. C'était le moment, c'était maintenant ou jamais. Si je reculais encore l'échéance, j'avais peur de me dégonfler. M'emparant de mon courage à deux mains, je me levai sous le regard désapprobateur de Matt.

-Bonjour Nath... le saluai-je avec un sourire timide, je peux te parler cinq minutes ?
-Mélodie, tu ne... commença Matt.
-Matt, on en parle plus tard d'accord ?


Matt leva ostensiblement les yeux au ciel et fit un geste violent avec sa main qui signifiait que je l'avais énervé, il se leva d'un coup et s'éloigna de notre groupe en fulminant, les mains dans les poches. L'ignorant, je me tournai vers Nathaniel qui parut d'abord surpris mais qui hocha néanmoins la tête. Je l'entraînai dans un coin un peu isolé, derrière un arbre, histoire que je ne sente plus les regards étonnés de mes amis dans mon dos.

-Si c'est par rapport au dossier que nous devons rendre lundi pour la directrice, je pense que ça peut attendre Mél', me dit-il d'une voix qui se voulait rassurante.
-Non, non, ce... Tu n'y es pas du tout. Je m'en fiche de cette histoire de dossier. Enfin, non, je ne m'en fiche pas, ajoutai-je en voyant sa mine renfrognée, mais disons que ce n'est pas de ça dont je veux te parler.
-Ah oui ? De quoi veux-tu me parler alors ? s'enquit-il réellement perdu.
-On est amis depuis longtemps tous les deux, hein ?


Il hocha la tête à nouveau, sans comprendre où je voulais en venir.
C'était le moment de plonger. Une boule se forma dans mon ventre. Je me mis à jouer avec mes doigts pour me détendre.

-Tu as toujours été là pour moi, même inconsciemment. J'ai essayé de te faire comprendre à maintes reprises ce que je ressentais, tu vois ? Seulement, j'avais la frousse. La frousse de tout perdre. J'ai toujours la frousse d'ailleurs. Mais là, c'est différent. J'ai peur mais je sais qu'il faut que je te le dise parce que sinon ça va me détruire intérieurement, et puis il y a la nouvelle... Enfin, je veux dire que je n'ai plus trop le choix.
-Mélodie, désolé mais je ne te suis pas du tout... s'excusa-t-il en me contemplant de ses grands yeux dorés.
-Ok. Je vais te le dire. Je me lance. Ne te moque pas de moi, ok ? Bon, écoute Nath, je...
-Je t'ai cherché partout ! me coupa soudainement une voix à ma droite. Désolée pour le retard j'ai dû passer à l'épicerie pour acheter des bonbons, histoire de pas venir les mains vides !


Je me retournai pour découvrir l'identité de celle qui venait d'interrompre mon sublime speech. J'aperçus alors Sue, dans une jolie robe d'été en dentelle qui accentuait la blancheur de son teint. Elle s'approcha de Nath qui entoura tendrement sa taille de ses mains sous mon regard incrédule. Sue se leva sur la pointe des pieds et déposa un très léger baiser sur les lèvres du délégué. Nathaniel lui offrit alors le sourire totalement niais du mec amoureux que j'avais toujours désiré recevoir de sa part.
Ce baiser avait été certes rapide, bref et innocent, mais il m'avait fait vriller l'estomac, comme un gros coup de poignard en pleine poitrine. Je me retins de ne pas me plier en deux sous l'effet de la douleur. Je tentais de rester impassible, de ne pas montrer que j'étais en train de me briser intérieurement. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu'au sang. Ne pleure pas Mélodie, ne pleure pas. Ne te rends pas plus ridicule que tu ne l'es déjà.

-Oh ! Tiens ! Salut Mélodie, ajouta Sue à mon intention. J'ai interrompu quelque chose ?

Oui. Tout.

-Non, rien, mentis-je en me retournant pour éviter d'avoir à supporter la vue de ce couple.

Je ne pouvais pas rester une seconde de plus ici. Pas une seule seconde. J'étais au bord de l'implosion. Je retournai près du groupe pour rassembler mes affaires, je les saluai en prétextant un mal de ventre et pris le chemin du retour.
Tout était en train de s'émietter et mon cœur en premier.
Je ne réussis pas à arriver jusque chez moi malgré toute ma bonne volonté, j'explosai en larmes quelques mètres avant d'atteindre le portillon gris de ma maison. Je me laissai tomber le long d'un poteau en tremblant. Je n'arrivais plus à respirer, c'était une douleur totalement inédite pour moi. Mes jambes étaient flageolantes, mes mains tremblaient de manière inexpliquée. Et me sentais vide, abandonnée. Etais-je donc si peu désirable ? Je n'avais pas le droit d'être aimée, je n'étais sûrement pas assez jolie, drôle, intéressante. Je sanglotai bruyamment en me rappelant comment j'étais tombée amoureuse de cet imbécile.

-Tu peux me prêter ta poupée Mélodie ? me questionna la petite Ambre en mâchant ostensiblement son chewing-gum à cinq centimètres de mon visage.

Je jetai un regard sur ma jolie poupée, que mon père venait de m'offrir pour me consoler du départ de ma mère, puis sur Ambre, cette petite fille si mignonne avec ses belles anglaises blondes qui encadraient son visage aux traits encore enfantins. Elle était sans conteste la plus jolie petite fille de l'école primaire, mais aussi la plus capricieuse. Le seul enfant avec qui elle se montrait gentille dans la classe était Castiel, elle était amoureuse de lui parce qu'il avait un jour pris sa défense pour une chose futile dont personne à part elle ne se souvient.
Mon amour pour Nathaniel a un peu commencé de la même façon, en somme.

-Non, répondis-je simplement en serrant mon jouet contre mon cœur.

Je n'avais pas envie de la lui prêter. Je n'en avais pas envie du tout.
La petite Ambre, du haut de ses huit printemps, me toisa avec un dédain incroyable pour son âge. Elle ouvrit sa bouche d'un geste théâtral avant d'y récupérer son chewing-gum et de me le poser brutalement dans les cheveux. Elle m'offrit un sourire moqueur avant de s'éloigner en tapant des pieds. Ambre n'aimait pas qu'on lui refuse quelque chose.
Je la regardai s'éloigner, la bouche grande ouverte sous le choc, sans être capable de réagir.
C'est alors que Nathaniel, le frère d'Ambre, se planta devant moi avec un air soucieux sur son visage d'ange. Il posa ses mains sur mes genoux et me regarda comme personne ne m'avait encore regardé.

-Tout va bien ? s'inquiéta-t-il.

Je hochais la tête péniblement. J'avais l'impression que c'était la première fois que je le voyais.

-Ne t'inquiètes pas Mél, me dit-il, je vais te l'enlever.

Il passa alors sa main dans mes cheveux et retira rapidement, et sans que je ressente la moindre douleur, le chewing-gum. Il le jeta négligemment dans l'herbe avant de replonger son regard dans le mien. Je ne pouvais pas le quitter des yeux.

-Désolé pour tout Mél', ajouta-t-il penaud.

Il déposa un baiser sur ma joue avant de s'éloigner pour rejoindre sa sœur.


Et voilà comment j'étais tombée amoureuse, tout en comprenant enfin le véritable sens de cette expression. Parce que j'étais réellement « tombée » dedans, comme une chute douloureuse mais si excitante.
J'avais ensuite tout fait pour me rapprocher de lui, pour apprendre à le connaître. Il avait été mon modèle, j'avais grandi en voulant lui ressembler, parce qu'il me fascinait. Tout chez lui me fascinait : son calme olympien, son visage d'ange, ses cheveux blonds comme le blé, sa rigueur, son intelligence, son sérieux. C'est à travers mes yeux de fillette amoureuse pour la première fois que je le percevais, que tous ses défauts se transformaient alors en qualité.
Je me rendis compte, maintenant que tout était fini, que j'avais sans doute trop voulu lui ressembler, trop voulu lui plaire. Je m'étais oubliée, je m'étais effacée. J'avais mis en valeur face aux autres les qualités chez moi que Nathaniel trouvaient louables, j'avais enfermé et bâillonné les défauts que le délégué ne supportaient pas. J'avais forgé ma personnalité pour lui, et... aussi pour mon père.
On dit souvent qu'après une grande déception, un cœur brisé, les émotions se bousculent. D'abord, vient le déni, puis les larmes, la tristesse, et finalement, c'est la colère qui prend le dessus.
Et c'est exactement ce qui se produisit chez moi. Je sentis une bouffée de rage m'envahir, je l'avais étouffée trop longtemps, elle devait sortir. C'était vital.
J'étais en colère, en colère contre Nathaniel, en colère contre Sue, en colère contre le monde entier. Mais surtout en colère contre moi-même. J'avais laissé ma vie m'échapper, je m'étais laissée guider par les autres, en croyant que tout irait mieux pour le meilleur des mondes. J'avais oublié un petit détail : je ne vis pas pour les autres, je vis pour moi. J'avais laissé la peur de perdre mon père, de perdre Nathaniel, de perdre mes amis m'envahir, prendre le dessus sur moi. Mais c'était fini.
Je me relevai, essuyant mes joues trempées de larmes que je n'aurais jamais dû laisser m'échapper. Je me fis la promesse de ne plus pleurer pour Nathaniel. Plus jamais.
Je pris alors la direction du magasin bazar. Je saluai très brièvement Rémi d'une main distraite et me faufilai dans les rayons, à la recherche de ce que j'avais très envie de faire pour moi, là, tout de suite. Je mis très rapidement la main sur la petite boîte de coloration pour cheveux. Satisfaite, je partis payer à la caisse.
Quand Rémi me demanda ce qui n'allait pas, je lui rétorquai « Au contraire, tout va bien Rémi ».
Ce n'est que sur le chemin du retour que je constatai que j'avais reçu deux messages. Un d'Iris et un de Matt.

De Iris à Mélodie
« Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de l'avant et le sourire aux lèvres », Robert Baden-Powell.
C'est un idiot. Je t'aime.

De Matt à Mélodie
Nathaniel et Sue sont ensembles depuis vendredi soir. C'est de ça dont je voulais te parler tout à l'heure. Désolé Mél... Je voulais pas que tu le découvres comme ça.


Je relus plusieurs fois le message de Matt. Les prénoms Nathaniel et Sue accolés. Le mot « ensemble ». Et dans un élan de rage, je balançai mon téléphone par terre. Ce dernier explosa en plusieurs morceaux sous l'impact. Je ne regrettai même pas mon geste. C'en était fini du temps des regrets et des remords. Définitivement.
Je lâchai une profonde inspiration.
« Allons de l'avant et le sourire aux lèvres », me répétai-je en reprenant ma marche d'un pas décidé.  

Et Dieu créa Mélodie... entre deux pauses pipiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant