Tres

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Je décide de retrouver Adem. Je devrais le laisser seul réfléchir mais j'ai peur qu'il fasse quelque chose de mal, à cause de sa colère. Mon portrait craché.

Alors je m'aventure dans ce chemin étroit et sombre, en marchant doucement. J'observais cette rue silencieuse et sale. J'entendais des bruits de pas dans un batiment, c'était peut-être Adem ? Il s'était surement refugié chez un ami, ou dans un endroit secret où il aime rester. Quand j'habitais encore à Lyon, j'allais dans l'appartement d'une voisine. Une vieille dame aveugle, atteinte d'une leucémie. J'allais souvent lui apporter des plats que je cuisinais pour le plaisir, et je lui racontais mes journées, mes projets. J'étais la seule personne qui lui parlait à part son infirmière à domicile. Pauvre dame, élever 5 enfants jusqu'à leurs 18 ans pour qu'ils t'oublient si facilement. Pour rien au monde je souhaiterais vivre ça. Elle nous a quitté quand j'avais 16 ans. Mais ses conseils resteront à jamais encrés en moi, moi je ne l'oublierais pas.

-Tu cherches quelque chose gazelle ?

Je sursaute et me retourne pour voir un homme noir, baraqué. Il avait les cheveux très courts, et des yeux rouges, flippant. Je ne lui répond pas.

- Bah alors ? T'as perdu ta langue ? C'est dommage, dit-il un sourire en coin, avec sa sale tête de vieux pervers.

Je ne savais absolument pas quoi répondre, mais une envie de le frapper me pris. Mais je ne voulais pas m'attirer d'ennuis, alors comme le disait mon père," si tu ne sais pas, tu n'agis pas." comme à la boxe. Au bout de quelques longues minutes, il perd son sourire. Il avait l'air agaçé.

- Écoute petite pute c'est soit tu te casse de là, soit...

- Elle est avec moi c'est bon.

Je me retourne et découvre Nabil, le mec que je n'ai vu que deux ou trois fois dans ma vie, mais qui a bien accepté de jouer les super-héros.

- Dresse tes folles mon gars, j'ai pas son temps moi, dit le malade mental sur un ton énervé.

- Ça arrivera plus j'tai dis.

Il me regarde et me prend par le bras, m'entraine en dehors de la rue.

- Je t'ai dis de pas aller là-bas. T'as de la chance que j'passais par là. La prochaine fois tu te démerdes.

- Mais je n'ai jamais demandé ton aide.


Il me regarde méchamment, allume une énième clope et me dit :

- J'viendrais pas demain.

- Non, il faut que je change ton bandage, ne néglige pas une tel blessure, tu risques beaucoup trop.

Il me regarde et hoche la tête. Au bout de quelques secondes, je décide de finir cette discussion en lachant un simple " À demain." Je suis allé m'assoir dans les escaliers de ma tour, en attendant le retour d' Adem. Je ne voulais pas dormir sans savoir qu'il était bien rentré. J'avais enfilé un sweat et un survet, ainsi que des baskets. Et je l'attendais sur une marche d'escalier. Je fermais les yeux, ce qui soulageait ma migraine. Une enième migraine. Je sentais une odeur forte d'herbe, mais l'air était fraiche, et ça faisait du bien.

Je me redresse à l'entente de pas dans les escaliers, ces pas, je les reconnaissais, il n'y en avait qu'un pour monter les escaliers de cette façon, c'était Adem. Il était là.

Je lui lance un dernier regard, un regard protecteur. J'avais envie de lui sourire, mais je ne l'ai pas fais. Non, au lieu de ça j'ai simplement décidé de rentrer chez moi. Il m'avait suivit. Il prend une couverture et se couche sur le canapé. Il s'était très vite endormit. J'ai sortis un matelas et je l'ai installé dans un coin du salon. Je met des draps propres, deux coussins et une grosse couverture. Je le tire par le bras en l'aidant à se relever du canapé, il était crevé, il ne devait même pas remarquer qu'il marchait. Je l'aide à se coucher, lui met la couverture dessus. Je le regarde, lui souris, et m'installe sur le canapé. Sa présence m'avait rassuré.

Comme chaque soir, une larme coule sur ma joue, une seule. Je l'essuis en récitant quelques sourates et m'endors.

Le lendemain matin.

Je me réveille à 7 heures, et m'aperçois que Adem n'est plus là, j'éspère qu'il se prépare pour aller en cours. Je vais m'habiller simplement d'un jean, un t shirt blanc simple et je met un long gilet. Je me maquille d'un léger coup de mascara et un peu de poudre lumineuse. Je mange un petit bol de céréales. J'entend la porte toquer. J'ouvre la porte et tombe sur mon petit malien, accompagné du petit Abdulaye.

-On va à l'école, à ce soir. Et merci pour hier.

-À ce soir, lui dis-je en esquissant un petit sourire.

Puis ils partent en courant.

Aujourd'hui je finissais à midi, et j'allais désormais suivre ces horaires.

À peine arrivée dans mon cabinet que je tombe sur Nabil. Il est matinal.

- Oh salut.

- Salut, me dit-il en me regardant me préparer.

J'enfile ma blouse et sors tout le matériel dont j'ai besoin pour changer son pansement. Il me dévisage et regarde attentivement tout mes faits et gestes, comme s'il était passioné.

- La plaie est encore profonde.

- Putain, jura t-il.

Je le regarde en fronçant les sourcils.

-Qu'est ce qu'il y a ?

-Ça veut dire que j'dois arrêter la muscu.

-T'en auras pour seulement 2 semaines. Et quand tu seras guéris, tu seras beaucoup plus heureux.

-Pourquoi ? m'interrogea t-il, en fronçant les sourcils.

-Jusqu'à aujourd'hui tu n'avais pas de soucis au dos, et tu t'en foutais, après ça, ça ne sera plus le cas.

Il rigole doucement et dit doucement :

-C'est vrai.

Je lui souris.

Point de vue omniscient :

" Elle a un putain de sourire." C'est tout ce que se disait Nabil à ce moment là. Toujours souriante, même a 8 heures du mat'. D'ailleurs, si elle n'aurait pas été celle qui le soigne, il n'aurait pas pris la peine de venir. C'est juste elle, il aimait bien rester à ses cotés. Ce qu'il trouvait débile et totalement absurde. Mais il ressentait un manque. Il avait beaucoup réfléchit à la mort de son grand-frère, il rabachait le passé, même si il essayait de ne pas le faire, c'était trop dur. Il fumait pour oublier, pour se rappeler ( lol ). Il cherchait un sens à sa vie. Un peu d'affection. Un peu d'attention. Il en avait besoin, même si il ne le comprenait pas et s'insultait de pd à longueur de journée pour avoir des pensées comme celles-ci. Mais il ne pouvait pas lutter.

Et puis, Il aimait rester avec cette Azra, car elle avait un don. Elle était particulièrement intelligente, ou intéressante, enfin les deux. Elle racontait les choses de manière philosophiques, elle rendait les choses intéressantes. Elle avait un regard hors du commun, aucune fille ne possèdait le même. Elle avait cette manière d'observer et cette manie d'analyser des détails qu'aucune autre personne ne remarquerait. Il l'avait vu. Et ça le fascinait putain.

Il aimait sentir les doigts de la jeune fille sur sa peau. Il aimait la voir concentrée.

À la fin de leur séance, il la regarde et dit simplement :

- Au revoir Azra.

-Au revoir Nabil.

Elle pouffe de rire, ce qui fait sourire Nabil.

Il part, la veste sur son épaule. Laissant une Azra morte de rire. " Au revoir Nabil..." répéta t-elle avec une voix de diva. Ce qui la fait rire à nouveau, seule. 

( chapitre trop court ? )

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLDonde viven las historias. Descúbrelo ahora