Treinta y tres

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"On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l'amour" Shakespear.

Je me réveille seule sur le canapé. Je frotte mes bras pour tenter de les réchauffer. Je cherche sa présence du regard, mais personne. J'arrange rapidement mes cheveux, remonte délicatement les bretelles de mon soutien-gorgé déposées sur mes bras, puis j'avance. Lorsque mon visage entra en contact avec l'eau glacée, mon âme s'était allumée. Une nouvelle journée, un nouveau chapitre.

Je rejoins mon salon, et je souris. Il était dehors, sur mon balcon. Torse nu, une main dans la poche de son survêtement, l'autre qui tenait entre deux doigts un mégot. Le vent soufflait contre ses cheveux alors que lui lui crachait sa fumée. Ses yeux fixaient le ciel nébuleux. Il avait laissé la porte vitrée ouverte. Je ne dis rien et me contente de m'avancer, enlacer mes petits bras autour de sa corpulence encombrante et plaque ma joue contre son dos dur.
Il lâche un petit rire, puis finit par froncer les sourcils, comme à son habitude. Il jette le bout de cigarette qui lui restait dans le vide et se retourne. Il pose ses mains sur mes hanches, enfouit sa tête dans mon cou, comme si il humait mon parfum.

- Sors plus comme ça, on pourrait te voir, dit-il de sa voix éraillée.

Je frémis un rire et hoche la tête.

- Personne ne me regarde tu sais, chuchotai-je.

- Ça t'en sais rien.

- Comment ça?

- T'en savais rien à ce que j'sache?

J'en savais rien? Je fronce les sourcils, perdue dans ma réflexion. Qu'est ce qu'il voulait dire par là?

Il pousse mon corps à l'intérieur de l'appartement. Il me jette un sweat en pleine figure, je ricane et l'enfile. Je vais me brosser les dents pendant qu'il grignotait des gâteaux qui trainaient sur ma table. Il replace une mèche derrière mon oreille, me fixe quelques secondes puis finit par couper le silence.

- Tu viens, on va voir la mif.

- Là? Maintenant?

Il hoche la tête. J'acquiesce.

- Aller.

J'enfile mes baskets, il me suit. Je toque timidement à la porte, pendant qu'il tapotait sur l'écran de son mobile. La porte s'ouvre, je tombe nez-à-nez avec son père. Je ne savais pas trop quoi dire à part le saluer, mais Nabil ne m'avait pas laissé le temps d'agir. Il passe devant moi et salue son père.

- Papa, j'te présente Azra, dit-il en souriant.

Son père me fixe et sourit. L'atmosphère était plutôt cool, tout était tranquille. Je n'étais pas dans le désarroi, au contraire. Il s'approche de moi, claque ses joues aux miennes et me laisse entrer dans leur appartement. Appartement assez similaire au mien d'ailleurs. Même la décoration ressemblait, quelques tableaux basiques qu'on trouverait dans n'importe quel magasins, vous savez ces tableaux New York, avec le pont enluminé de Manhattan, dans des tons noirs et blancs. C'était ce type d'appart. Et on s'y sentait bien.

On se dirige dans la cuisine. Nabil nous sers du Coca, comme si il avait fais exprès juste pour me faire plaisir de bon matin. Aussitôt son père, engagea une conversation sur ce qui se passait dans la cité. C'était comme des commères, et je me demandais comment il arrivait à trouver de tels informations sur tout les résidants de la cité en si peu de temps. Ils parlaient des gens qu'ils trouvaient bizarres, du business, un peu de tout. De la vie à la cité.

- C'est quoi ton taf à toi Azra? dit le vieil homme intrigué.

- Moi? J'suis infirmière.

- Ça rapporte pas ça hein, dit-il en grimaçant.

- J'ai des horaires pas mal t'as vu, donc j'vais pas me plaindre.

- T'aimes faire ça?

- Ouais, j'aurais aimé aller plus loin, mais j'ai pas trop pu.

- Pourquoi? dit-il avant de terminer son verre en une gorgée.

- Oh, j'avais pas trop le temps pour les études on va dire, dis-je la tête baissée , en esquivant le regard de Nabil.

- Infirmière c'est déjà pas mal, dit-il en haussant les épaules.

Encore quelques minutes de discussion puis le dialogue s'achève. René le père s'installe devant la télévision pendant que mon voyou passe son bras autour de ma nuque avant de m'entrainer dans les escaliers du bâtiment. Il me vole un baiser puis propose un cinéma. Un cinéma? Ça fait longtemps que j'y étais pas allée, alors pourquoi pas?

On était allé voir un film qu'il avait choisit à l'affiche. Ça lui inspirait confiance selon lui. J'étais amusée par ses bêtises. On était arrivée pile à l'heure, la publicité venait de s'achever. Le film débute, une sorte de biographie sur un homme qui se bat pour ses idées. Un révolutionnaire qui ne laissait pas le monde le niquer, mais qui niquait le monde. C'est ce que Nabil m'avait chuchoté dans l'oreille.

Un peu comme lui d'ailleurs. Nabil, un homme beau, qui a du goût, un charme débordant, une classe suprême et une intelligence hors-du-commun. Il me faisait penser à un Dandy, j'kiffais ça. Ses comportements fous, tel un ivrogne. Ses histoires d'enfance, ses merdes, ses soucis, qu'il a le don de résoudre en si peu de temps. Ses réflexions à deux balles. Il agissait comme il en avait envie sans se soucier des lois, des sanctions. Pour lui, personne n'était supérieur,  on était tous des putains d'humains. Et les humains c'est mauvais. Mais lui, c'était un intru parmi eux. C'était lui. Un mec différent. C'est tout. Un mec qui rend ta vie différente, qui te sors de cette routine monotone. Rêver aide à supporter la médiocrité de la vie. Il me faisait rêver.

Je le regarde en souriant avant de poser ma joue sur son épaule. Je caresse sa paume du bout de mon pouce et hume son doux parfum masculin. Journée banale à leurs yeux, mais aux notres, c'était tout autre chose.

"L'amour qui naît subitement est le plus long à guérir."

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Bonne nuit.

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin