Treinta y uno

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« Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis » – Edgar Allen POE


J'étais seule dans la pièce. Je démaquillais mes yeux à l'aide d'une lingette. J'analysais chaque parties de mon visage. J'avais changé. Mais je ressemblais toujours autant à mon frère. C'était ce que j'aimais le plus chez moi, je ressemble à mon modèle. 

Je sursaute légèrement quand Azzah ouvre la porte de la salle de bain. Elle entre sans trop prêter attention à ce que je faisais. Elle attrape une crème et sort aussitôt. J'attache rapidement mes cheveux, réajuste mon pyjama et quitte la pièce. Je rejoins les femmes dans la cuisine.

Tout le monde dormait, sauf nous. La cuisine était la seule pièce éclairée de l'appartement. Esra arrive, les yeux pétés en soufflant. Elle était en bas de pyjama, avec un sweat, un chignon fait à l'arrache laissant des mèches s'échapper un peu partout. Elle ferme la porte derrière et se dirige vers la fenêtre ouverte. Elle prend le paquet de cigarettes posé sur le micro-ondes puis en attrape une entre deux doigts. Elle l'approche de sa bouche, l'allume avec son briquet bleu et regarde dehors.

Azzah se sèche les mains à l'aide d'un chiffon et s'assoit difficilement sur une chaise. On se sert toutes les trois un verre de soda. On reste quelques secondes silencieuses, puis Esra prend la parole. Elle avait l'air déprimée. Elle nous énumérais toutes les merdes qui lui arrivait au boulot, à ce que je vois ça a pas l'air top. Elle discutait d'une voix monotone avec Azzah. Je l'écoutais attentivement, en réfléchissant à quels mots je devais lui dire pour la motiver.

Mais à ce même moment là, mon téléphone posé sur la table vibre. Je regarde discrètement qui était l'émetteur. C'était Nabil. Il m'appelait. Je regarde mes deux amies, puis décroche.

- Allo?

- Ouais Azra? T'es seule là?

- Uhm, non pourquoi?

- Vas-y, j'dois te dire un truc vite fait.

- J'suis chez Mamoudou.

- Bah vas-y j'arrive.

Il ne me laisse à peine le temps de répondre qu'il raccroche. 

- C'est qui? dit Esra en tirant sur sa clope.

- J'vous expliquerais plus tard, j'dois y aller, j'reviens vite.

Je me lève rapidement, enfile mes claquettes et je sors de l'appartement sous les regards interrogateurs des deux filles. Je me dirige dans les escaliers, et il était là.

- Wesh, dit-il en souriant.

- Salut, dis-je en faisant de même.

- Enfaite, vas-y j'ai réfléchis.

- Mmh? dis-je les bras croisés contre ma poitrine.

- Demain, c'est vendredi. J'ai appelé l'Imam. 

J'ai immédiatement souris. Je sens mes joues chauffer. Je m'avance doucement les bras ouverts avant qu'il ne m'enlace. Je caresse les cheveux qui frottaient sa nuque. On était resté quelques secondes dans cette position. Je me suis détachée de lui. Il claque un petit baiser sur mon front et part aussi vite qu'il est venu. 

J'ouvre délicatement la porte en veillant à ne faire aucun bruit. À peine avais-je fais un pas dans la pièce, elles me dévisageaient.

- Bon alors tu racontes, dit Esra impatiente.

Je m'assois.

- Okay, j'vais tout vous dire. Me criez pas dessus, m'insultez pas, je sais pas, j'suis déjà assez gênée d'en parler, avouai-je un petit sourire timide aux lèvres.

- Mais oui aller! cria Azzah.

- Bon. J'ai un gars. J'vous l'ai jamais dis, parce que j'avais pas envie de dire des choses fausses, j'étais pas sure. C'est un mec d'ici. Je l'ai connu pendant mes premiers jours ici. On va faire le hlel. 

- Quoi? s'exclama Esra. 

Elle jette rapidement sa cigarette dans le vide et s'assoit près de moi. Elle semblait excitée, surprise. C'est comme si elle n'y croyait pas. Azzah elle souriait, mais c'est comme si on lui avait ôtée les mots de la bouche.

- Ouais... Arrêtez de me regarder comme ça, on s'aime c'est tout, c'est pas révolutionnaire.

- Mais wesh c'est qui? Putain! J'suis contente! cria Esra en essayant de chuchoter.

- C'est, c'est Nabil.

- Haha, très drôle. Y'en a soixante de Nabil ici. Précise!

- Mais Nabil. Nabil ou le rappeur, Nabil Andrieu. Le mec qui habite au 6ème étage. Le frère de Tarik, le pote de Mamoudou, Nabil quoi!

J'étais tellement gênée, leurs regards me mettaient mal à l'aise.

- Vous vous mariez quand? dit Azzah en fronçant les sourcils.

- Demain.

- Tu t'fous d'ma gueule? Même pas ça prévient? dit Esra en s'esclaffant.

- Tu veux être mon  témoin?

Elle manque de s'étouffer.

- Quoi? Sérieux!? Mais carrément!

Je lève les yeux au ciel. Mes joues chauffaient davantage. Un blanc s'installe environ quelques secondes. Esra tentait de se calmer. Azzah me fixait. Elle prend mes mains dans les siennes.

- Azra, je sais que tu es grande ma fille. Assure toi d'une chose. Je veux que demain, quand tu lui diras oui, devant Dieu, je veux que tu sois sure que c'est lui que tu veuilles. Ton mari, ton destin. Tu es une fille intelligente, tu sais ce que tu fais. Je te souhaites tout le bonheur du monde.

J'avais les larmes aux yeux. Ce n'était pas totalement son texte qui m'avait émue. J'avais juste réalisé à quel point cette femme était si gentille avec moi, tendre comme une mère. Elle me chérissait comme si j'étais sa fille. J'avais de la chance de l'avoir. Jamais, jamais, je ne remercierais assez Allah de l'avoir mis sur mon chemin. 

Je cligne plusieurs fois des yeux pour les sécher. Je serre ma main contre la sienne et je lui souris.

- Merci Azzah, dis-je en hochant la tête, en signe de reconnaissance.

Elle me regarde sincèrement puis finit par me sourire. Elle nous regarde.

- Bon, on va dormir maintenant.

Esra jette les matelas qu'on avait l'habitude de prendre sur le sol. Elle jette tout les coussins qui lui passaient sous la main dessus. Elle s'étale dessus. Azzah elle avait préféré s'allonger sur le canapé. Je la recouvre de la plus grande couverture qu'on possédait puis je m'allonge aux cotés d'Esra. Je me couvre maladroitement d'une légère plaide et m'endors. Après tout, ce soir fallait pas que je réfléchisse. Il fallait que je dorme, demain était un jour différent. Et comme dirait Shakespear, « Le sommeil, aliment suprême du festin de la vie ».

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Don't calcule les fautes. (Oui, je maitrise le franglais.)

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLWhere stories live. Discover now