Treinta y dos

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J'étais face à lui, les joues rougies. Nous étions unis devant Dieu, depuis seulement quelques secondes. J'avais la boule au ventre, stressée, heureuse, mais apeurée. J'avais peur de ma vie à ses cotés, seule avec lui, une vie à deux. C'était lui, le nouvel homme de ma vie. Mais je l'aimais, tellement. Et ça faisait seulement quelques stupides semaines que je le connaissais, mais on avait vécu tant de choses, psychologiquement. 

Lui avait le visage neutre, il observait juste mes doigts fins enveloppés dans sa main. Il me regardait quelques fois. L'Imam continuait son discours, ses prières pour un avenir heureux. Moi j'en avais rien à foutre, peu importe ce que je vais vivre avec lui, la seule chose que je souhaite, c'est qu'il ne me lâche pas. Je voulais cesser de pleurer, ses larmes qui bouffaient autant mon estomac que mon cerveau, autant mon moral que mon physique. 

Les personnes qui nous entouraient nous ont quittés. On était désormais seuls. Je lève doucement ma tête pour apercevoir son visage. On se fixe quelques secondes, apaisés par ce calme extrême qui régnait dans la pièce. Je finis par le prendre délicatement dans mes bras, lâchant un dernier soupir. J'écoutais son coeur battre, tout en fixant le sol. Il aurait aimé y assister, il doit être fier de moi. 

Il caresse rapidement mes cheveux puis soupire. Il voulait s'en aller. Il prend ma main et m'entraine dehors. On croise son Mamoudou, mari d'Esra, qui avait été choisit par Nabil. J'avais pris Esra comme témoin, et Nabil avait choisit Mamoudou. C'était assez marrant. Ils avaient un rendez-vous médical. Ils nous ont laissé seuls sur ce parking, qui logeait seulement la voiture noire du basané. 

Soudainement il me plaqua contre la portière de sa voiture, en fourrant son visage dans mon cou, ses bras enlacés autour de mon ventre. Je riais en lui suppliant d'arrêter, je crains les chatouilles. Il ricane et ouvre ma portière en riant bêtement. On roule en direction de notre tour. Il sort discrètement de sa voiture, m'entrainant derrière lui. On monte les 42 marches qui nous menaient à la maison, enfin chez moi. Nelma était partis à la salle ce matin, histoire de voir si il trouvait des bons petits à entrainer. On était seuls chez moi. 

Une fois arrivés, on s'installe autour de ma table et dégustons une omelette que j'avais préparé à l'arrache. Il me racontait quelques blagues, tout en discutant de notre prochaine maison. Un appartement, un autre, qu'il achèterait pour nous deux. Mais il sera ici, à Corbeil. J'avais levé les yeux aux ciel, ricané quelques fois, amusée par ses sottises et son imagination débordante. Ensuite, il commença à me conter toutes ses anecdotes d'enfance, et pour le coup, c'était un sacré crétin. 

Ce que j'ai aimé, c'est que tout était pareil. Rien a changé, nous étions deux amis qui s'aimaient. On était deux complices, il était une version masculine de moi, avec quelques défauts et qualités qui nous différenciaient. Il était beaucoup plus violent que moi, agressif. Au moindre geste qui l'énervait, il était capable de saccager l'immeuble. J'étais facile à énerver, mais il était difficile de le percevoir chez moi. Je cachais mes sentiments, mes faiblesses. Sauf avec lui. 

Seul bémol de cette journée, on était fatigué, allez savoir pourquoi. J'avais mal dormis, mon cerveau débattait, trop de questions, j'avais besoin d'oublier, mais je n'y parvenais pas. Je m'étais d'ailleurs réveillée tôt. On s'est assis sur le canapé. Il avait les bras sur le dossier du canapé, les jambes écartées. Je me suis couchée sur sa cuisse. Il mit un film, dont je n'avais pas vu le nom, ni le résumé.

- Ça parle de quoi? chuchotai-je.

- Chut et regarde.

Il caresse doucement mes cheveux, comme si il s'amusait à les emmêler. J'hoche la tête, et au fur et à mesure, j'appréciais ce film qui parlait d'un garçon atteint d'un cancer. Un garçon fort, courageux et fidèle à Dieu. Je serre contre moi la peluche qui campait depuis mon déménagement sur le canapé. Son image, son sourire défilait en boucle dans mon cerveau. Il aurait aimé rencontré Nabil, j'en étais sure. Ils seraient surement de bons amis. 

Je laisse ses lèvres prendre les miennes juste avant de m'endormir, tel un enfant dans les bras de sa mère. Sa présence me rassurait. J'avais besoin de lui, de Dieu, et de moi. Personne d'autre.

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant