Destino

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" Quitte à pleurer toutes mes larmes juste pour t'arracher un sourire."

Il remonte ma bretelle de débardeur et m'entraine sur le canapé. Il me pousse pour que je m'assois. Il fais quelque pas en regardant la fenêtre puis se retourne et me fixe très intensément.

- Tu sortiras plus seule, avoua t-il.

- Quoi? Mais comment ça? Et quel est le rapport avec mon père merde?

- Arrête de t'exciter comme ça avec moi, m'énerve pas Azra, dit-il en fronçant les sourcils.

- Mais tu te rends compte de ce que tu fais là? Je pige rien putain, t'es chiant.

Il s'approche et me fixe méchamment.

- J'suis chiant? Ah ouais? Ferme la des fois, tu sais pas tout ce que j'fais pour toi.

- Et alors? Ça excuse ton comportement avec moi la? Tu m'interdis de sortir pour une raison qui a l'air de t'effrayer, et tu ne m'en parles même pas, j'suis ta femme non? T'avais oublié ça aussi?

Il respire bruyamment, et à force j'ai deviné que c'était pour calmer sa colère. Un genre de truc qui voulait dire: " Nabil retiens toi de ne pas l'insulter." Mais peu importe, il m'énervait. J'étais rentrée, le sourire aux lèvres, je l'avais prévenu que je sortais, et il morigénait comme si j'étais une gamine de six ans. Il avait le droit de me dire tout ce qu'il voulait, tant qu'il avait un foutu argument qui le justifiait, car là, aucune justification, juste une putain d'interdiction. 

- Parle mieux.

- C'est tout ce que tu trouves à me dire, sérieusement? demandai-je.

- Tu m'casse les couilles à agir comme une gamine. T'es pas n'importe qui, t'es une meuf frère, une meuf. T'es venue seule ici, mais maintenant t'es avec moi t'as compris? J'fais quoi si demain un fils de pute te touche hein? 

Désormais il criait, et j'ai manqué de sursauter. Il disait vrai, tout ce qu'il disait il le pensait, alors qu'il continue.

- Tu peux plus sortir comme ça, seule. Combien d'fois j'tai tiré de tes merdes?"Mais nan c'est juste un mec normal il me voulait aucun mal." J'suis un mec. T'es une meuf. J'sais des choses que tu sais pas, met toi ça dans l'crâne.

Ce con avait essayé de m'imiter, et si ma voix était de la sorte, alors putain j'ai une voix de pute.

- Tu crois savoir Azra, tu penses contrôler la situation. Mais tu contrôles nada, rien du tout. Et si tu tombes dans la merde, tu m'entraines dedans, et t'entraineras tout ceux qui t'aiment, t'as pigés ça? Ta merde, la mienne. Et j'en veux pas. Ton père est venu au cimetière ce matin, il a rendu visite à ton frère et il s'est cassé. Le mec du café m'a dit qu'il était repartit pour le sud. J'ai eu peur pour toi. C'est tout.

Je soupire et passe une main sur mon visage. Il disait vrai, mais je ne comprenais pas d'où provenait sa crise soudaine. 

- Okay, j'ai compris c'est bon. Je ne sortirais plus. C'est bon.

Je me lève et me dirige dans la salle de bain. J'humidifie mon visage, retire mon maquillage et lâche mes cheveux ébouriffés. Je retire rapidement mon pantalon et enfile un sombre jogging. Mon débardeur était légèrement relevé, juste au dessus mon nombril. Et j'avais froid. 

J'entre dans ma chambre, ferme les volets et fixe le mur blanc. J'entends ses pas. Sa respiration contre mon cou. Il dépose ses mains tièdes sur mes hanches et me retourne. Il n'attend aucune réaction de ma part et plaque immédiatement ma tête contre son torse. Une manière de dire pardon, on s'aime, on fait d'la merde, mais pas grave, la vie c'est comme ça.

Au bout de quelques minutes il me propose d'aller nous chercher deux morceau de tacos, histoire se remplir le bide. Pour ma part, j'avais très faim. Le taux de sucre dans le sang est  associé à l'agressivité manifestée au sein d'un couple. Ouais, figurez-vous que les disputes donnent faim. 

Quelques heures plus tard, nous avions tout les deux décidé de digérer devant koh-lanta. On aimait pas particulièrement cette émission, mais on la regardait quand même. Et puis l'appartement s'était de nouveau plongé dans le noir. L'épisode était terminé, la soirée aussi. Il me pousse d'une manière dominante sur mon lit. J'étais semi-allongée sur celui-ci. Puis ses lèvres joignirent les miennes. J'étais si surprise, et j'ai finis par rire. 

- Qu'est ce que tu fais? chuchotai-je.

Il passe un bras dans mon dos, je frissonne. Son autre main caresse ma joue puis remonte mon débardeur. Il était si proche de moi, nous étions seuls. Toute l'affection qu'il m'offrait en quelques gestes était immensurable. Je continuais de rire. C'était ce soir là ou nos destins s'étaient entièrement liés, des liens innocents. Il avait le droit. Cette nuit c'était la nôtre, et surement celle d'autres couples, peut-être, mais peu importe. Nous c'était unique, différent. Comme eux d'ailleurs. Un sentiment de confiance, de sécurité. On était comme invincibles. Enfermés dans notre bulle qui ne pourra jamais éclater. C'est peut-être ce soir là que j'allais lui offrir une descendance, ou peut-être que le destin n'avait pas prévu l'arrivée d'un nouveau terrien. Rien à foutre, Nabil et Azra. C'était tout ce qui comptait pour moi. La chaleur de son corps contre la mienne. Les yeux fermés. 

- Je t'aime.

- Moi aussi.

Un dernier rire à deux, pour finaliser le début de la nuit. C'était drôle, romantique, enfantin. 

- Dis? Tu l'avais fais comment ta blessure au dos? murmurai-je.

- Un échafaudage qui s'est renversé sur ma gueule.

J'ai souris dans le vide. C'était le patient à la grande plaie, qui était devenu un nouveau pilier ici-bas. Là haut, c'était mon autre pilier qui devait surement me regarder, un sourire aux lèvres.

Tout métal a le pouvoir magique d'en attirer d'autre ; le papier est emporté par le vent. Tu sais que je suis devenu superstitieux. La raison est terriblement austère et sombre ; une petite superstition a quelque charme. 

lettre du 4 Juillet 1882 à sa fiancée Martha - Freud



Fin. 

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 07, 2017 ⏰

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⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant