Veintiocho

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" J'ai appris à chuter, j'ai appris à perdre. J'ai appris à tirer, pour avoir la paix."

- Oh, viens, entre, dis-je en me décalant pour le laisser passer.

Il entre et contemple mon appartement.

- T'as bien décoré, c'est beau.

Je lui accorde un petit sourire et pars me laver la figure. Il était huit heures du matin. Il avait surement du quitter sa maison cinq heures avant, ce qui signifiait qu'il a commencé à rouler à trois heures du matin, il est fou.

- T'es pas fatigué? dis-je en m'étirant.

- Nan pourquoi?

- T'as fais de la route... Tu veux un café?

- Pourquoi pas, dit-il en haussant les épaules.

Il s'assoit sur mon canapé toujours en analysant les tableaux accrochés aux murs. Puis il tourne la tête en direction du balcon. Une poubelle remplit de canettes se trouvait sur celui-ci. Ce soda était addictif. Il a allumé la télévision, je lui ai glissé une tasse du liquide brun puis j'en avais profité pour aller me changer. Un jean, un t-shirt banal et toujours ce même gilet de sport pour couvrir mes bras frileux. Il avait une envie terrible de goûter les tacos d'ici. Il devait surement penser qu'ils était aussi bons qu'à Lyon. Erreur. 

- On ira en manger à midi, je te jure, par rapport à nos tacos, c'est rien. 

- Ils sont vraiment bons à rien ces parisiens, dit-il en ricanant.

Je pouffe de rire. Nelma de son vrai nom Manel est portugais. Il a cinquante six ans. C'était lui, mon deuxième père. Fanatique de l'Olympique Lyonnais, il insulte à longueur de journée tout ceux qui n'aiment pas son club. Au début, je trouvais qu'il abusait, puis on s'y fait. Il aime juste d'une manière excessive son club de coeur. Je ne pouvais lui en vouloir. Pour être honnête, j'agissais de la même manière dès qu'on insultait ma ville. J'aimais ma ville comme un Lyonnais aimait Lyon, comme un Marseillais aimait Marseille. C'était la ville où j'ai grandis, ma ville native. C'était là ou maman souhaitait nous faire grandir. Malheureusement, ma poisse me poursuivait dans les moindres recoins de la ville, alors j'ai dû la quitter. Mais j'étais toujours surnommée "Azraaliyah69" sur tout mes réseaux sociaux, j'étais une éternelle lyonnaise.

J'ai frémis un sourire face à cette petite nostalgie. 

- Bon, on y va? dis-je en haussant les épaules.

Il me fixe quelques secondes puis il se lève. Il me suit. Je verrouille ma serrure et nous descendons les escaliers. J'avais promis à Nelma de lui montrer la tombe de mon frère. Il était passionné par toutes les histoires que je lui racontais sur lui. Il aurait aimé rencontrer mon frère, apprendre à le connaître, mais malheureusement le destin était écrit ainsi. Nous y étions allés en voiture, il faisait frais. Dans la voiture, j'enroule correctement un voiture autour de ma tête. Je me capuche et descends de celle-ci. Le portail était ouvert. Je m'enfonce dans les rangées terreuses. Ses faisaient écho aux miens. 

Arrivée devant celle-ci, je caresse la pierre et me tourne en sa direction.

- C'est lui.

Il respire difficilement et s'accroupit face à elle. Il retire son chapeau, ses courts cheveux gris virevoltaient dans tout les sens. Je lui souriais, tentant de le rassurer. Son visage était triste. Il me regardait, le regard plein de compassion. Je te comprends, c'est ce que traduisaient ses yeux. Le pilier de Nelma, c'était sa femme. Son amour d'enfance, celle qui l'a toujours aidé. Il l'avait perdu. Il était lui aussi une âme brisée. Cherchant à combler le vide. Nelma a longtemps été mon professeur de Boxe anglaise. Il entraînait une bande de jeunes, on était de simples adolescents qui se cherchaient. On cherchait à faire les caïds, les voyous, les invisibles. Mais la boxe m'a tellement appris, j'ai appris à recevoir des coups, j'ai appris à perdre, mais j'ai appris à me relever. J'ai compris que dans la vie il faut taffer pour y arriver. Des fois ça passe sans, mais souvent ça casse. Chaque fois qu'il en chopait un qui sentait la clope, il l'engueulait. Ne fume pas, disait t-il. Mais lui il le faisait. Moi ce n'est pas pareil, toujours cette même excuse qui ne faisait que m'enrager. J'avais peur qu'il développe lui aussi un foutu cancer. J'avais assisté à sa métamorphose. De jours en jours, ses joues se creusaient, ses dents jaunissaient, son corps s'amaigrissait. Il mourrait intérieurement. Il avait lâcher prise, il était ko, la vie lui en avait décroché une, et il ne s'était pas relevé. Le round allait se terminer, et il allait être le perdant. Le perdant du combat de la vie. Nelma, mon meilleur ami, mon professeur de boxe, mon psychologue, allait perdre ce combat qu'il m'avait dit de ne pas perdre.

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLOnde histórias criam vida. Descubra agora