Veintitres

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Il avait une migraine. Je lui avais proposé de rentrer, et de passer chez moi. Histoire de lui donner un calmant. Il avait accepté, puis nous nous étions installés autour de ma table haute.

- Ça paye bien le rap? dis-je intriguée.

Il lâche un petit rire gêné avant de répondre.

- Pourquoi tu demandes ça ?

- Parce que je comprends pas pourquoi t'es aussi attaché à ton business.

- C'est pas tes histoires, dit-il en soufflant.

- Tu gâches tout, dis-je énervée.

- De quoi? dit-il un sourcil arqué.

Je savais exactement ce que je voulais lui dire, mais ma timidité pris le dessus. Il me prendrait pour une taré si je lui avouais tout ce que je pensais. Alors j'ai fuis, tel une lâche.

- Nan rien, dis-je en me levant.

Il me regarde, le visage sans aucune expression, et se lève de même, en direction de ma porte. Je ne le regarde pas partir, je fixe mes mains appuyées sur le robinet. J'entends la porte se fermer et me retourne, le regard triste. J'espèrais juste qu'il prendrait compte de ce que je lui ai dis, juste une fois.

Je m'assois sur mon canapé, allume la télévision. Soirée Netflix seule. J'étais en train de choisir un film à regarder quand j'entends la porte s'ouvrir, c'était surement Adem encore une fois. Mais non, c'était lui. Il avait mis un t-shirt propre, toujours avec son survet'. Il enlève avec ses orteils ses chaussures et s'assoit à coté de moi. Je ne pu m'empêcher de rire.

- Qu'est ce que tu fais? dis-je en souriant.

- Y'a personne chez moi.

- Tu vas pas en bas ?

- J'suis ko, y'a pas moyen.

Il me prends la télécommande des mains et choisis un film, Favelas. Deux gosses ayant trouvés le porte-monnaie d'un dealeur dans une déchetterie, ils sont poursuivis par la police, mais n'abandonnent pas leur projet, prendre ce fric et donner une vie meilleure aux habitants des favelas. Un bon film. Il s'allonge un peu plus et pose son bras sur le dos du canapé, juste derrière ma tête. J'étais concentrée dans mon film. Au bout de surement 20 minutes, l'appartement n'était seulement éclairé par ma télévision, nous étions plongés dans le noir. Mes yeux partaient, j'allais m'endormir, mais il n'en n'était pas question, je voulais continuer ce film. Nabil avait l'air en forme. Son odeur masculine était très présente, il fallait que je m'achète ce parfum, juste pour pouvoir parfumer mes coussins et m'endormir avec cette odeur. Il me jetait quelques fois des regards amusés devant ma lutte contre le sommeil. J'étais complètement HS, alors il a laisse glissé son bras autour de mon épaule, puis du bout des doigts, tendrement il a posé mon visage sur son épaule. Automatiquement, mes yeux se sont fermés. Il me baisa le front et me resserra contre lui.

Cette larme qui pleurait le vide ne coula pas ce soir, cette fois, le vide fût comblé.

Le lendemain matin, je m'étais réveillée seule, toujours sur ce même canapé, une couverture me recouvrait. Je me lève en grimaçant, j'avais dormis avec ce putain d'soutif. Je ferme la porte à clé et cours me doucher. Je plaque mes cheveux en arrière et me nettoie la figure sous cette eau tiède, ça faisait du bien. C'est le week-end. Pourquoi pas rendre visite à la famille malienne ? Je m'habille confortablement d'un ensemble Adidas, et monte les escaliers en claquette. Je m'étais maquillée, et j'avais fais ce même chignon.

J'étais arrivée devant leur porte, je n'étais même pas encore rentrée que j'entendais déjà le boucan : cris d'enfants, tata Azzah qui criait, Esra qui riait aux éclats, le son de la télévision à fond. J'ouvre la porte et Abdulaye me saute dessus, je lui frotte les cheveux, salue les autres petits jouer et me dirige dans la cuisine. Je fais la bise à Esra qui était toute souriante, et câline Azzah, qui elle aussi pour le coup pétait la forme. Je m'assois avec elles autour de la petite table remplit de nourriture, ça sentait bon.

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLWhere stories live. Discover now