" Au coeur de l'insomnie, loin des films d'amour. "
Il était tard. Très tard. Nabil m'a quitté après s'être rappelé que sa pause était finit. Il m'a raccompagné devant la tour et m'a quitté là bas. Il m'avait demandé si je voulais rentrer, j'ai secoué la tête, j'avais un truc à faire; oui un truc. Rien de personnel, je voulais juste voir où était Adem. Ce soir là, je ne voulais pas m'endormir sans son crâne entre mes doigts. Je voulais le prendre dans mes bras et m'endormir avec lui. Je me suis gravement attaché à lui. Je me reconnais tellement en lui. Il était mon miroir masculin. Je me voyais en lui. C'est pour cela que quand j'ai découvert qui était Adem, je n'ai pas voulu le laisser partir, car à son âge j'aurais voulu avoir quelqu'un qui croyait en moi. Moi je croyais en lui, il n'était plus seul, et du moment que j'étais auprès de lui, il aura ce qu'il voudra. Son petit cerveau machine jours et nuits, il a un but, et il se réalisera. J'en avais finis avec cette vie de soumise, noyée dans l'impuissance qui développait une haine inapaisable. Une torture psychologique qui nous emmène à nous demander si on ne ferait pas mieux de finir sa vie dans un hôpital psychiatrique. Désormais, l'injustice ne régnera plus dans ma vie, ni dans celle de Adem. J'en étais sure.
Il fait nuit noire, le coeur se repose, la fierté est de coté, les sentiments de même. On laisse parler le coeur sans le contrôler, on rêve, on pense, on réfléchit, c'est aussi ça la beauté de la nuit. Il y avait toujours ces cris d'enfants, je pouvais apercevoir des jeunes lancer des poubelles, espèrons que rien ne dégénère, cette nuit s'annonce être agitée.
- Oh Azra ?
C'est sa voix. Il était là. Il était essoufflé. Je me retourne satisfaite de l'avoir trouvé si rapidement. Il faisait assez noir, je ne pouvais que très légèrement voir son visage foncé.
- Adem ? J'te cherchais, dis-je en souriant.
- Y'a un problème ?
- Non, c'est juste qu'il fait tard et que je me demandais si tu voulais qu'on aille chez moi.
- Ouais vas-y t'façon j'commençais à être fatigué.
On marche en direction de notre tour, éclairée par des lampadaires grésillants.
- Regarde ça, dit-il en me tapant l'épaule.
Je tourne légèrement la tête et découvre son visage accompagné d'une balafre, qu'est ce qu'il a foutu ?
- Il t'es arrivé quoi ?
- Y'a des bâtards la qui nous ont cherchés.
- Ça te fait mal ?
- Nan t'inquiètes.
- Faut qu'on trouve un mensonge pour ta mère, dis-je en fixant le balcon d'Azzah.
Il lâche un petit rire. Je le voulais le protéger des cris de sa mère, car Adem était un homme intelligent. J'avais beaucoup trop confiance en son intelligence pour lui interdire quoi que ce soit. Il savait ce qu'il faisait. Il était intelligent, rusé et débrouillard. Malheureusement, des personnes peuvent être de confiance énorme pour tout ce qui est confidentiel, mais pour ce qui est confiance intelligemment, seule une catégorie de personne la possède. Quand on fait confiance en l'intelligence de quelqu'un, c'est qu'on sait que même si il traine avec des drogués, des fous, des braqueurs, des gens mauvais, il n'en deviendra pas un, il saura se contrôler. Tandis que d'autres, malgré tout, ils n'y parviendront pas. Alors oui, quand j'explique ces paroles, c'est facile de dire que nous sommes une personne de confiance, mais le jour ou la tentation viendra, seul Dieu sait si nous arriverons à se contrôler. Confiance. Confiance. Plus de mal que de peur.
Adem cours dans la salle de bain enfiler son pyjama qu'il avait l'habitude de laisser sur mon étagère. J'avais rapidement enfilé le mien et j'avais trainé ma couette jusqu'au salon. J'avais encore une fois mis un épisode de Hunter X Hunter, un anime qui donne envie à n'importe qui de se battre, peu importe l'heure qu'il est. L'histoire est basé sur deux enfants, un préfère réfléchir, l'autre agir, c'est un duo parfait. Adem et moi raffolons de cette série. On s'était endormis dans une position indescriptible.
