Siete

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Il était 2 heures du matin

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Il était 2 heures du matin. Seul le bruit de mes reniflements résonnaient dans l'appartement. Je caressais le crâne de mon compagnon Adem qui s'endormait sur mes jambes frêles et froides. J'avais laissé couler cette larme habituelle, comme chaque soir depuis qu'il est partit. Je m'agacais, suis-je venue au monde pour passer ma vie à pleurnicher ? Mais ce soir, c'était différent. J'avais reçu un coup de fil de Cécilia. Elle m'a annoncé que Mehdi a été envoyé d'urgence à l'hopital pour les enfants malades. Je m'en voulais énormement de n'avoir rien fais de plus pour aider ce pauvre petit innocent. J'avais raconté à Adem ce qu'il s'était passé. Il avait laché un juron, puis je l'ai pris dans mes bras. J'ai sentis son confort dans mes bras, j'avais autant eu besoin de ce calin que lui.

-Azra ?

Il ne dormait pas.

-Oui ?

-J'avais un grand-frère. Il est mort. Un soir, je jouais dehors avec un voisin, tout le monde était dehors. C'était un soir d'été. C'était le dernier jour des cours. J'avais 10 ans. Mon frère était venu nous rejoindre. Il commençait à raconter ses histoires, que tout le monde aimait écouter. À l'époque, chaque fois qu'on avait besoin de réconfort, on allait lui parler, car on savait qu'il n'allait pas nous juger, et qu'il allait nous conseiller du mieux qu'il pouvait. Il était plein de sagesse alors qu'il n'avait que 17 ans. Son nom c'était Moussa. Mon grand-frère, mon modèle. On a entendu des cris. On a vu les baceux venir. Je me rappelle juste avoir crié aux dealeurs de se casser. Ce que tout le monde faisait. Sauf mon frère, qui priait pour que rien ne va mal. Nabil revenait de la salle, il nous a rejoint.

-Nabil ?

-Le meilleur pote à Moussa. Moussa s'est dirigé vers la porte de la première tour pour voir ce qu'il se passait, et un policier sortit de nul-part l'a menotté et l'a violemment jeté par terre. J'ai hurlé sur ce fils de pute, qui m'a méchamment ordoné de m'éloigner. Tout le monde encerclait cet enculé, il a paniqué, et il a tiré.

-Sur ? dis-je alors que je savais déja la triste réponse.

-Sur Moussa...Mamoudou. Il n'a jamais rien fait pour venger Moussa. Il n'a rien fait. C'était le seul membre de la famille capable de nous défendre, de défendre Moussa. C'était injuste. Ils avaient pas le droit de s'en sortir comme ça.

Une larme coule sur ma joue.

-Ou es t-il enterré ?

-Dans le cimetière musulman pas loin d'ici.

-Tu veux bien y aller avec moi ? dis-je en regardant la fenêtre.

-C'est fermé.

-On trouvera bien un moyen d'entrer.

-T'es la meilleure.

J'enfile un survêtement noir et un sweat assez moulant noir. Adem met son gilet. On enfile nos baskets, et on se dirige vers le carré musulman. Le portail avait l'air fermé. Je cherchais du regard un endroit par lequel on pouvait passer, puis quelques secondes après j'ai finalement découvert que le portail était ouvert, on avait juste à le pousser.

Je marche derrière lui sous le bruit apaisant de nos pas sur le gravier. Je regardais toutes ses tombes. Il y en avait beaucoup. Toutes ses personnes enterrées avaient chacunes leurs histoires. Mon coeur se serrait quand je voyais les noms des personnes, les dates. Adem s'était arrêté devant une tombe. On s'assoit sur le sol froid ensemble. Je croise les jambes, rentre mes mains dans les manches de mon sweat et commence à réciter des prières. Bizzarement ici, aucune larme ne coulait. Et c'était pareil pour Adem. Nous étions restés 10 minutes comme ça puis j'ai décidé de lui montrer à mon tour ce que je n'étais jamais parvenue à lui dire.

-Suis moi, dis-je en me relevant.

Il se relève grâce à la main que je tendais puis il me suit silencieusement. Je marche vers cette tombe. Je connaissais le chemin par coeur. Je m'arrête devant celle-ci, et moi et Adem répétons le même mouvement que pour la tombe précédente.

-C'est mon frère.

Adem fixe le prénom, les dates. Et il me regarde.

-Parle moi de lui, dit-il intéressé.

-C'était mon grand-frère. Il avait 4 ans de plus que moi. Physiquement, c'était un beau turc mate aux cheveux long, des yeux noisettes. Il était musclé. Il souriait souvent. Il avait commencé ses études de médecine puis il à arrêté au bout de 4 ans d'étude. Il est devenu médecin humanitaire, il était très intelligent, et les seules 4 années lui ont suffis. C'était le grand-frère idéal. Il m'emmenait la nuit manger une glace devant les étoiles pour qu'on parle de la vie. Je lui racontais tout. C'était mon meilleur ami. Je lui faisais à manger, il raffolait de mes plats. Il m'achetait tout ce que je voulais, c'est à dire des livres. Je raffolait de ses histoires, comme ton frère. Il racontait sa vision des choses, de la vie. Chaque jour, il me racontait ce qu'il avait fais de bon et de mauvais, mais je ne trouvais que des bonnes choses dans ses récits. Il agissait toujours avec sagesse. Je jalousais sa future femme, ça tu peux le croire. Puis il est partit, et mon monde s'est anéantît. Il me prévenait chaque jour que je pouvais me réveiller sans le voir à mes cotés, ce que qui me faisait cauchemarder. Un jour ce cauchemar devint réel, et j'étais complètement perdue, et j'en suis devenue schizophrène.

-Schizophrène ? dit une voix grave derrière nous.

On se retourne et nous voyons Nabil qui était surement venu rendre visite à cette même personne. J'avais déja dis à Adem que Nabil et moi étions devenus de simples amis. Nabil avait surement entendu tout mon discours sans que je le sache. J'hoche la tête et me reconcentre sur la tombe de mon frère.

-Oui schizophrène. J'ai d'abord développé des petits symptomes comme le manque de concentration, j'étais agitée, je n'arrivais plus à m'exprimer. Je délirais. Puis j'ai commencé à entendre des voix, des voix qui me disaient des trucs du genre " cours, casse toi." J'entendais des murmures, j'avais des migraines sans cesse, et je pensais que tout ça était un jeu du sheytan.

-Et aujourd'hui ? interroge Adem.

-Aujourd'hui ça va mieux, mais la plaie est beaucoup trop profonde pour se cicatriser.

-Pourquoi est-il enterré ici ? dit le Nabil capuché.

-C'est une longue histoire, dis-je en ravalant mes larmes.

Je m'allonge par terre. Adem fait de même. Le vent souffle fort, ça faisait du bien. Nabil regarde le ciel, met ses mains derrière la tête et se couche à coté de nous. C'était une des nuits les plus apaisantes que j'ai vécu.

⎟INJURY⎟ Nabil⌁PNLOnde histórias criam vida. Descubra agora