Prologue (À REFAIRE)

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La Terre. Cette planète vertigineuse où trônent des milliards d'espèces indispensables à son évolution mais aussi, à bien même de nuire à son bon fonctionnement. Les humains, les animaux, les végétaux, les minéraux... Tout ce qu'il y a de plus commun finalement. Du moins, c'est ce que Léna Holfmann s'obstinait à croire durant ses plus jeunes années avant de découvrir le monde sous bien des angles.

Il y a quatre mois de cela, elle prit la décision de quitter son domicile fl foridien pour emménager ici même, au cœur de la ville de Misty-Field. Mais elle n'avait pas encore conscience du virage torrentueux que prendrait sa vie à la seconde même, où elle s'installerait au cœur de ce lieu pour le moins très étrange. Étrange de par le passif de cet endroit mais aussi par ses habitants tous aussi énigmatiques les uns que les autres. Les natifs de ce territoire éxecraient les personnes provenant d'autres villes. Mais en dépit de ce mépris incompris, ce qu'elle eut l'occasion de déceler par la suite ne put, qu'en tout point, justifier cet oppressant et mystérieux aura qui y régnait.

Trois jours après son déménagement, elle s'était rendue dans une animalerie pour tout compte fait, en ressortir munie d'un reptile. Un python royal qui répondait au nom d'Émeraude. Suite aux longues années à réclamer sans relâche ce serpent, elle avait enfin pu s'offrir ce plaisir par le biais d'une partie de ses bourses. Mais c'est justement en s'accaparant cet animal, que le début de cet incontestable changement entama son processus.

Elle n'avait pas réellement saisi sur l'instant précis, mais il s'est avéré qu'Émeraude et elle eurent fusionné par le biais de capacités dont elle était déjà en possession depuis maintes années, pour ne pas dire, sa naissance même. Intriguée par cet indicible état de connexion, ce fut par l'intermédiaire de recherches approfondies qu'elle apprit avec effarement qu'elle n'était autre qu'une jeune sorcière. Une sorcière définitivement liée à un reptile. Elle avait d'ailleurs mis un temps considérable à croire à ces constatations qu'elle qualifiait de « ramassis de conneries ». Il avait fallu qu'elle tente bêtement de déplacer seule chez elle, un verre par télépathie, pour en avoir le cœur net. Et cette initiative n'eut pas manqué de la surprendre. Ce n'est que lorsque ce dernier lui explosa à la figure, qu'elle comprit enfin que tout cela n'était pas issu du fruit de son imagination mais bel et bien de la stricte réalité.

La constatation de l'existence des vampires et des lycanthropes s'était avérée tout aussi percutante à ses yeux. Et pourtant, l'un de ces buveurs de sang faisait bel et bien partie de son étroit cercle d'amis : Jeremiah Russo. Au-delà du fait que ce dernier se révélait impulsif et fort peu respectueux à l'égard de la gente féminine, Léna restait la seule demoiselle avec laquelle le jeune vampire se voyait naître une amitié. Ou tout du moins, la seule qu'il ne s'était pas attelé à labourer sous ses draps.

Pour ce qui concerne ces mythiques bêtes poilues à l'impressionnante carrure, elle n'avait encore jamais eu l'honneur d'en croiser le chemin. Elle ignorait par ailleurs si cela faisait partie de ses envies ou plutôt, de ses plus grandes craintes. Des sorcières, des vampires, elle en connaissait. Mais des loups ? Garous ? Les curieux propos sur ces êtres évoqués par la remplaçante de leur professeur de découvertes des sciences occultes, eurent farouchement suscité son attention. Elle éprouvait une étrange fascination pour ces grands chiens au mépris des innombrables avertissements subis.

Mais parmi toutes ces trouvailles, la plus douloureuse fut la récente confession de sa mère, Caroline. Celle pour laquelle Léna aurait tant aimé faire la sourde oreille pour tenter de mener une existence un tant soit peu normale. Cette bombe larguée par la mère de famille enclencha chez la jeune sorcière une haine viscérale envers sa propre nature et le lourd fardeau qu'elle se devrait de porter tout au long de son éternelle vie. Cette condition unique dont seules les deux femmes étaient les héritières. Dans leurs veines, coulait une rareté à l'origine de bien des conflits au coeur de leur monde. Cette malédiction comme la surnommait Léna, était convoitée de toutes les créatures surnaturelles qui résidaient sur cette Terre. Presque toutes, sans exception. Une chose qu'elles étaient contraintes d'accepter coûte que coûte sans en exprimer un seul mot à autrui pour ne pas s'exposer à d'innombrables dangers.

À mesure des jours qui s'écoulaient, Léna se révélait de plus en plus dépassée, alourdie par ce trop plein de secrets. Il lui devenait difficile d'accepter cette nouvelle condition qui la laissait parfois en sérieuse difficulté. La maîtrise de ses émotions était un élément indispensable à l'apprentissage de sa magie et malgré cela, c'était la seule chose qu'elle demeurait inapte à contrôler. Depuis la découverte de ses dons, elle ne portait plus aucune maîtrise sur ses ressentis, notamment lorsqu'il s'agissait de colère. Un seul excès de hargne suffisait à faire sauter tout ce qui pouvait l'entourer sans le moindre volontariat.

C'est pourquoi en ce début de soirée, la seule solution qui se présentait à elle pour déflagrer toute cette fureur était de s'isoler en milieu sécurisé. Au mépris des nombreuses mises en gardes subies au sein de l'université, ce fut au beau milieu de l'immense et redoutée forêt de Misty-Field que son choix se porta. D'ordinaire à l'écoute des conseils de sa plus fidèle amie, Alix Colman, qui s'évertuait à lui déconseiller ce terrain, se soustraire à toute cette agitation urbaine restait pour elle la seule possibilité de s'élaguer ce poids.

J'emmerde ces habitants et j'emmerde leurs avertissements, pensa-t-elle.

Elle avait besoin d'air et de rejoindre ce mystérieux endroit dépourvu de population, là où personne ne pouvait surprendre l'utilisation de sa magie. Au diable les risques encourus car de toute évidence, elle ne se sentait pas plus en danger au coeur d'une forêt lugubre qu'au beau milieu de cette misérable ville. Chaque pas qu'elle accomplissait où que ce soit, la contraignait à surveiller autour d'elle. N'importe quelle espèce lui tomberait tôt où tard dessus, elle le savait. Mais en dépit de son silence, elle s'y préparait chaque jour.

Ils viendraient. Oh oui, ils viendraient.

Emportée par une vague de motivation, elle finit par enfouir les pieds dans sa paire de Nike avant de trottiner jusqu'au rez-de-chaussée.

Le Sang DéfenduWhere stories live. Discover now