Le Sang Défendu

Chapitre 17

Pour la première fois depuis maintes années, Jonathan se surprit à gamberger au lendemain. Non pas aux cours de DSO qu'il avait déjà minutieusement élaborés, non. Mais à celui en compagnie de la douce magicienne. Il ne doutait pas une seconde des ennuis auxquels il s'était ainsi exposé, mais il ne pouvait pas non plus nier l'accalmie procurée par cet entraînement.

À l'encontre du comportement qu'il adoptait, cette heure l'avait récompensé d'une quiétude dont il ne fairait plus l'existence. Qu'il le veuille ou non, cette gamine lui faisait du bien. Et même si toute personne censée jugerait son comportement inacceptable la concernant, elle le remercierait tôt ou tard. Il le savait. Léna était dotée d'un sacré caractère. Si l'idée de lever la main sur son entraîneur lui avait une seule fois traversé l'esprit, il serait sans le moindre doute mort, empalé sur une chaîne de clous à cette heure. Jack n'aurait jamais toléré cela.

Jamais.

Et Dieu seul savait à quel point cet homme était honorable. En prenant l'initiative d'aguerrir la sorcière, il se confrontait à d'innombrables menaces qui pourtant, ne l'effrayaient pas le moins du monde. Des lycans, des métamorphes, des sorciers, des vampires, il en avait déjà combattus. Là ne se trouvait pas le réel fond du problème. Ce qui le tracassait par dessus tout, ce n'était autre que le sort réservé à son élève et il haïssait cette préoccupation à son sujet. Mais qui sait ce qui l'attendait au fin fond de ce chemin sinueux parsemés d'obstacles, qu'était la vie ? Sa vie à elle ?

Chaque pas qu'elle accomplissait au dehors de son logement l'exposait à une mort certaine. L'existence même était un combat de tous les jours mais celle de Léna se résumait clairement à une mission sans issue, où seule la mort patientait le moment opportun pour l'engloutir dans ses ténèbres. Les deux choses à bien même de la maintenir encore en vie, restaient la fuite et son anonymat. Sans quoi, elle n'aurait aucune chance de survie.

Personne n'était informé de l'identité des sorcières soit disant porteuses de miracle, à ce jour. Parcourir le monde à la recherche de ce sang fut à l'origine de bien des conflits au sein de nombreux clans. Beaucoup de vampires et de métamorphes eurent finalement lâché l'affaire. Chercher après perdu se révélait trop complexe au regard de ces âmes torturées et il y avait matière à leur donner raison.

En dépit de l'attitude qu'il arborait en sa présence, il reconnaissait un soupçon de compassion à son égard. Ouais, il avait quand même pitié d'elle. Pitié que cette malédiction lui soit tombée dessus, car elle ne le méritait pas. Mais hélas, il croyait au destin. Au regard du professeur, Léna n'était pas détentrice de ce don pour rien. Il y avait forcément une raison à cela. Tout comme il s'interrogeait sur le croisement de leurs chemins.

Depuis Lexane, ses relations se résumaient à lacérer le coeur des femmes après s'être enflammé entre leurs cuisses. Si bon nombre d'entre elles revenaient à la charge pour goûter à nouveau au mâle défendu, lui, s'en écœurait. Et il ne parlait pas de celles qui tentaient en vain de le dominer et de lui dicter sa conduite. Elle, ne semblait pas appartenir à cette catégorie. Elle représentait l'opposé de ce qu'il côtoyait d'ordinaire et pourtant, ses pensées se focalisaient bien souvent sur elle.

Cette crainte constamment nichée en elle l'intriguait. Il sentait ce sentiment pernicieux, chaque fois qu'elle rôdait aux alentours. Léna était toujours, absolument toujours, effrayée. Pour quelle raison ? Il ne le saurait probablement jamais mais il devait impérativement travailler dessus. Auquel cas, elle n'userait jamais correctement de ses poings.