Chapitre 29

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Son sang pulsait douloureusement dans ses veines. L'adrénaline soulevait son cœur à chacun de ses pas, manquant d'en modeler la forme sur sa poitrine après quelques battements. La dernière fois que cet éréthisme cardiaque avait surgit était il y a un mois, lors de sa tentative d'échappatoire auprès de ses agresseurs. Elle se souvenait encore de chacune des sensations qui l'avaient étreinte ce soir là mais cette fois, il s'agissait d'une toute autre forme d'agitation.

Elle avait peur. Elle avait hâte. Elle était anxieuse. Elle était excitée. Sa silhouette elle-même trahissait toute ces contradictions par de faibles tremblements mais elle dut s'efforcer à les refouler pour paraître la plus naturelle possible. En vain.

Comme s'il ne s'apercevrait de rien espèce d'idiote, pensa-t-elle.

À la seconde où Jonathan surprendrait sa nudité, il n'aurait aucun mal à trouver la seule faille qui tourmentait son esprit pour la déstabiliser à sa guise. Et elle n'aurait plus la moindre possibilité de faire marche arrière car aucune échappatoire ne s'offrirait à elle.

À travers cette tentative, Léna s'apprêtait soit à poser un point final à cette relation saugrenue, si John n'acceptait pas l'offensive, soit à aviver les braises qui les étouffaient l'un et l'autre depuis des semaines. Tout compte fait, elle avait peut-être encore une chance d'embellir cette soirée pourtant si mal débutée.

Il t'enverra chier, susurra une petite voix au cours de son avancée.

Ce doute infime, qui s'insinuait progressivement en elle, lui tordait l'estomac et piétinait son assurance sans lui donner la chance d'en alléger les répercussions. Elle allait vomir. Oui c'est ça, vomir de honte et d'inquiétude, ici, au beau milieu du couloir. Hélas, si son souhait se résumait à éviter toute humiliation, mieux valait retenir cette boule d'anxiété au fond de sa gorge. Ce nuage d'appréhensions disparaîtrait une fois qu'elle se serait pleinement dévoilée à lui. Elle devait faire vite.

Il te rira à la gueule, continua cette voix comme pour la narguer.

Non, il ne ferait pas ça. Il grognerait, certainement. La ficherait dehors en soulignant sa folie par des remarques cinglantes, peut-être. Mais il ne lui rirait pas au nez. Jamais. Jonathan avait bon nombre de défauts et la moquerie n'en faisait guère partie, auquel cas, à combien de reprises aurait-il pu se jouer d'elle ? Combien de fois aurait-il pu prendre malin plaisir à l'humilier sur sa sempiternelle maladresse ? Il ne l'avait jamais fait à ce jour. Jamais. Du moins, pas pour le moment...

Ce soir, tout pouvait encore changer entre eux. Non ce soir, tout devait changer. Trop d'éléments ne permettaient plus à Léna d'accepter la nature de sa relation avec John. Elle ne lui convenait plus sous bien des aspects. Il fallait que toutes ces hostilités nourries au fil des jours cessent pour de bon, au risque qu'elle se décide à mettre définitivement fin à leurs entrevues d'elle-même. C'était elle qui, de prime abord, avait souhaité que Jonathan l'aguerrisse et la voilà maintenant victime de multiples doutes quant à cette décision.

Comme il lui arrivait souvent de le mentionner : Jonathan avait foutu le bordel dans sa tête. L'obsession qu'elle éprouvait pour lui prenait de plus en plus d'ampleur au fil des jours.

Mais qu'est-ce que je suis en train de foutre, s'interrogea-t-elle.

Sans réellement avoir pris conscience des conséquences de ce qu'elle s'apprêtait à faire, elle venait de saisir qu'elle était en train de décider elle-même, elle seule, de perturber les choses et de retourner toute cette situation. Si des complications venaient à se manifester suite à ses avances, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même et non pas à lui ! Mais c'était un risque qu'elle devait encourir. Elle voulait des réponses et savoir ce que Bayle attendait d'elle aussi, en prime de vouloir assister à sa réaction lorsqu'il la verrait ainsi.

Le Sang DéfenduHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin