Chapitre 16

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Foulant le sol pour stimuler son endurance, elle s'engagea dans une ultime accélération à l'approche de l'entrée recherchée. Elle fit fi de ces imperturbables questionnements qui lui brûlaient l'esprit, n'omettant pas de contourner les passants aux lentes démarches.

En réponse au message glissé sur l'une de ses copies, elle s'était vêtue d'un legging sombre, d'ordinaire usé pour ses courses à pieds, et d'un simple pull noir susceptible de lui tenir chaud. Chose qui, pour le moment, ne fonctionnait que très peu à en juger par le froid qui violentait son épiderme. Ses pauvres doigts, pétrifiés et bleutés par le vent glacial, s'agitaient en vain alors que ses dents s'entrechoquaient.

Elle ne pensait guère satisfaire les attentes de Bayle mais elle était certaine de se surpasser afin de maintenir au mieux leurs entraînements. De toute évidence, il ne ferait certainement preuve de clémence à son égard. Lui témoigner de la compassion ou de l'indulgence était d'ailleurs la dernière des choses qu'elle souhaitait. Elle voulait apprendre. Apprendre sans pitié, qu'importe les conséquences et les blessures à venir. Il n'y avait qu'ainsi, qu'elle était certaine de progresser.

Son émoi s'allégea à toute vitesse, par la vue que lui offrait cette stature colossale en attente devant la forêt. Il était déjà là. Elle qui pensait être en avance, elle se révélait, encore une fois, surprise par cette attitude.

Sexy, mystérieux, prévenant et... ponctuel.

Mais désagréable.

Oui c'est ça, désagréable.

Abrité du froid par l'unique port d'un tee-shirt noir et d'un pantalon de survêtement gris, Jonathan portait un sac à dos maintenu d'une seule épaule. D'une robuste, très robuste épaule. L'autre main enfouie dans sa poche avant, son attention semblait focalisée par la végétation qui lui faisait face.

Non averti de cette arrivée par l'usage de son ouïe fine, le lycanthrope tourna légèrement la tête, sans pour autant croiser le regard de son élève. Ce n'était pas l'écho de ses pas mais l'effluve de son parfum féminin qui augurait sa présence. Identique à celui de son foulard. S'était-elle aperçue de son nouveau propriétaire ?

Si cette fâcheuse idée ne lui traversait que rarement l'esprit, il n'avait put s'abstenir, la veille, d'inhaler la fragrance du tissu à pleins poumons. Il en vint même à regretter amèrement ce geste, puisqu'il la repérait maintenant avec une aisance plus aiguisée. Il n'appréciait pas ce que cette femme le poussait inconsciemment à faire.

Comme en proie à une soudaine hésitation, elle accomplit quelques pas timides vers ce dos divinement sculpté. L'unique poche cousue à l'arrière de son fessier la poussa même à y baisser les yeux.

Terrain glissant, terrain glissant, terrain glissant... Trop tard.

Ses fesses paraissaient bombées, fermes, généreusement modelées. De quoi faire saliver n'importe quelle femelle éprise d'un semblant de conscience. Sa sombre chevelure voletait au vent alors que sa musculature se contractait, comme pour protéger son épiderme du froid.

Elle le haïssait. Elle haïssait ses douloureux attraits et ce qu'il provoquait en elle. C'était trop, beaucoup trop, pour une seule et même personne. Au regard de la jeune femme, il y avait matière à se soucier d'un tel charisme.

Le démon de la luxure, allait-elle le surnommer.

Elle n'osait à peine s'interroger sur le type de femme qui le séduisait. Plutôt blondes ? Brunes ? Rousses ? Rondes ? Fines ? Peut être avait-elle ses chances de...

Le Sang DéfenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant