Chapitre 4

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En dépit des chuchotements incessants derrière son dos, Léna parvenait à cueillir une once de concentration dont elle ignorait la provenance. Toutefois, elle ne saurait dire combien de temps cette vague se maintiendrait si cette brochette de vipères ne daignaient pas se tempérer un tant soit peu.

— J'vais en claquer une, chuchota son amie, la pointe de son stylo entre les dents.

— Ce n'est pas moi qui vais te retenir.

Se focaliser sur la voix vibrante de son professeur ne se révélait pas si praticable tout compte fait. Mais elle réussit néanmoins à discerner une partie de ses propos.

Comme prédit, il s'agissait en tout point, du renommé Jonathan Bayle, leur nouveau professeur de découverte des sciences occultes. Le sourire qui eut été voué à tous les élèves lors de sa présentation personnelle lui avait asséné un véritable coup de massue. Ouais, ce mec était le diable en personne.

Il n'en avait dévoilé qu'un seul et pourtant, elle ne parvenait à se l'arracher du crâne. Voilà ce qu'elle considérait comme étant la parfaite définition du sourire ravageur. Elle en était presque captivée par le simple son de l'imposante gourmette qui battait au rythme de sa gestuelle.

— Oubliez tout ce que vous pensez connaître sur le monde de la sorcellerie. Sachez que cet univers a été beaucoup trop détérioré par les multiples adaptations cinématographiques ou littéraires au fil des années. Plus rien n'est en mesure d'affirmer avec certitude la véritable motivation des sorcières, ni des capacités dont elles ont hérité. Évidemment, tout cela ne reste que purement imaginaire mais je vais devoir vous suggérer de garder l'esprit très ouvert.

Avec plaisir...

— Les sorcières ou les sorciers, beaucoup plus rares, ont l'apparence du plus commun des humains. Bien qu'ils soient semi-immortels, il ne faut pas omettre qu'ils restent de dangereuses créatures aux dons multiples et parfois sans limite. La seule possibilité de les démasquer en tant qu'humain serait de se fier à la maîtrise de leurs émotions, souvent nuisible à l'utilisation de leurs pouvoirs. En d'autres termes, elles restent de loin les créatures les plus difficilement discernables.

Et elle ne pouvait lui donner tord. Elle même qui faisait partie de cette espèce savait à quel point il était difficile de se reconnaître entre elles. Si Alix ne s'était pas confessée, elle ne se serait sans le moindre doute jamais aperçue de sa nature. Cela dit, la jeune Colman s'était toujours montrée présente concernant l'apprentissage de la magie. Elle ne comptait plus le nombre de soirées durant lesquelles les deux sorcières s'imposaient multiples entraînements afin d'évoluer dans un cadre sûr et paisible. Mais au mépris de ses innombrables difficultés, Léna parvenait à maîtriser aisément l'élément qu'était le verre. De quoi ravir la jeune femme qui se décourageait à maintes reprises.

— Il est difficile de mettre le doigt sur leurs capacités exactes, commença le professeur en entamant une lente démarche sur l'estrade. L'étendue de leurs pouvoirs s'avère bien plus vaste qu'on ne peut l'imaginer. La maîtrise des éléments, la télékinésie, la clairvoyance, la guérison, l'illusionnisme, la divination... Toutes peuvent acquérir ces diverses capacités mais elles restent meilleures dans un domaine bien précis. Si certaines se révèlent maîtresses dans l'art de la télékinésie, d'autres peuvent mieux maîtriser ce qui touche au psychisme.

Captivée par le sujet évoqué, la plus jeune sorcière plissa les yeux sans cesser d'immortaliser ces propos par de multiples notes.

— Monsieur... De quoi dépend cette aisance à l'égard de certaines capacités ? s'éleva une voix féminine.

Jonathan sortit dans sa zone pour poser les fesses sur le rebord du bureau en bois d'ébène. De là où elle se trouvait, Léna pouvait scrupuleusement détailler le contour de ses muscles compressés sous le tissu sombre, de même que son postérieur exagérément bombé par le poids supporté. Ce torse, qui ne demandait qu'à être stigmatisé de bonnes paires de canines et de coups de langues à foison, symbolisait pour elle le pire des appels au pêcher.

Le Sang DéfenduWhere stories live. Discover now