Chapitre 7

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À l'approche de ses tortionnaires, elle se débattit avec force et obstination en poussant des hurlements hargneux. Chaque cri lui calcinait la gorge. Chaque insulte lui valait une gifle ou une pointe de pied sur le ventre. Les larmes dévalaient maintenant ses joues alors que ses forces l'abandonnaient lâchement. Deux des hommes vinrent retenir ses bras pour permettre au premier de parvenir à ses fins avec plus d'aisance.

— Arrêtez, lâchez moi !! S'époumona-t-elle.

De toute évidence, ils ne l'écouteraient pas. Non, chacun d'eux se contentait de l'observer avec une appétence malsaine alors qu'elle s'agitait pour échapper à leur emprise. Elle était prête à les supplier pour qu'ils cessent leurs intentions, à les implorer les genoux enracinés au bitume s'il le fallait. Mais elle ne pouvait subir cela. Tout sauf ça. Son corps meurtri était inapte à encaisser un pareil choc et elle n'osait évoquer son mental de loin plus fragile qu'elle ne le laissait transparaître.

— J'vous en prie, murmura-t-elle tout bas alors que son jean se faisait déboutonner.

Elle ne prêtait plus attention au sang qui découlait à foison de son nez et à la plaie qui écorchait sa lèvre. La douleur lui semblait si dérisoire. Son souffle s'était littéralement coupé par la douleur que lui procuraient ses efforts. Son coeur se retourna à la vue des érections qui se démarquaient sous ces multiples braguettes. Elle n'était plus qu'un morceau de viande, avachi, inapte à se démener compte tenu de ses blessures.

Puis d'une seconde à l'autre, un hurlement masculin mêlé à la terreur résonna. La silhouette de l'un de ses assaillants disparut subitement dans la pénombre, comme arraché par une force maléfique. Tous sursautèrent. Léna, à moitié dévêtue, tenta de se redresser pour mieux comprendre ce qui venait de se produire mais une poigne agressive l'en empêcha.


— Bouges pas ton cul de là toi, prononça l'un des quatre hommes restants avec menace.

Ce dernier remonta tout à coup le zip de sa braguette pour si tôt observer avec incrédulité, le dernier endroit où son ami se trouvait. Ils n'étaient pas seuls.

— Mike ? Questionna l'un d'entre eux.

Silence.

Seul le sifflement du vent leur répondait. La tension était plus électrique que jamais. Léna profita de cette baisse de vigilance inespérée pour maintenir son nez endolori et en évaluer les dégâts. Un gémissement l'échappa.

— Mike ? Insista-t-il.

Second vacarme. Le suivant fut mené de force au travers de ces ombres enténébrées, disséminant au passage l'angoisse chez chacun. Quelqu'un se trouvait là, ici, autour, à observer leurs faits et gestes en silence. Les trois hommes se redressèrent avec frénésie pour observer chaque recoin obscur avec méfiance.

— Qui est là ?!

Les efforts sollicités par la sorcière pour se relever n'aboutirent à rien. À chaque tentative, elle chutait. Son corps tremblait tel une feuille, de même qu'une houle de frissons déferlait sur chaque parcelle de sa peau. Son pull ne constituait plus que bribes de tissus en vrac. Même une prostituée en attente d'un potentiel client était plus couverte qu'elle. Sa ceinture avait disparue, son jean demeurait couvert de tâches et son corps marqué de débuts d'ecchymoses. Elle n'en pouvait plus.

Mais alors que chacun des hommes se rapprochaient de la pénombre pour affiner leur champ de vision, une silhouette surgissant de nulle part s'éjecta sur eux. Léna sursauta à la vue de cet être mystérieux qui par une facilité désarmante, fit valser le corps du plus éméché. Ce dernier fut propulsé juste à côté d'elle, dores et déjà inerte au moment de la chute.

Ce n'est qu'en levant les yeux vers cette agitation, qu'elle surprit cette ombre élancer bon nombre de coups sur ses deux victimes. Chaque crochet, chaque détour était manipulé avec une telle dextérité qu'il lui était difficile d'en trouver les mots adéquats. Si son état le lui permettait, elle s'imprimerait sans le moindre doute de cet enchaînement presque chorégraphique. Ne se trompait-elle pas ? Était-ce de la pratique des arts martiaux qui se déroulait sous ses yeux ? Le premier assaillant fut d'emblée projeté vers l'arrière par un coup de pied retourné alors que l'inconnu s'affaira sur le deuxième. Ce dernier qui se révéla plus coriace que le précédent.

La sorcière était complètement perdue. Elle ne savait trop quoi penser de cet homme qui assommait ses victimes sans états d'âmes. Le choc qu'elle eut manqué de vivre lui avait littéralement brûlé les neurones. Elle s'attela à ramper pour vite déserter cette violence mais ses coudes écorchés en décidèrent autrement. Elle se sentait étourdie, affaiblie, sonnée par tout ce qu'elle venait de subir. Un sanglot traversa sa gorge à l'acuité de ses douleurs.

Tandis qu'elle repoussait cette léthargie délétère, l'énigmatique assaillant revint à la charge sur son premier adversaire qui bien que maladroit, parvenait encore à tenir sur ses jambes.

Ce type était une véritable sangsue.

D'un crochet du droit sur le plexus suivit d'une poigne sur la nuque, le combattant aguerri abattit la tête de sa victime sur le mur avec une rage féroce, si bien qu'une trace d'hémoglobine émergea sur la brique. Le deuxième agresseur tenta à maintes reprises d'atteindre sa cible mais il l'équivait sans relâche. Le précédent lui, gisait sur le sol.

Sans doute par unique perte de patience, le potentiel sauveur dévia l'ultime crochet pour ainsi clore ce combat d'un coup de tête résonnant. Un soubresaut agita la demoiselle à cet écho. Ses yeux étaient plissés par la lutte que lui sollicitait le maintien de son éveil. Ses poumons se décollaient à mesure des secondes qui s'écoulaient. Il venait de tous les mettre KO.

Qu'allait-il maintenant se passer ? Ou plutôt, qu'allait-il faire d'elle ? Elle observa d'un oeil terrifié le mystérieux homme dont elle ne décélait le visage. Ce dernier qui, le regard rivé sur sa victime, fit brièvement rouler le couteau entre ses doigts. Celui que ce monstre inanimé menaçait de lui planter à chaque seconde...

Elle était pétrifiée. Bouleversée. Ses neurones n'existaient plus, de même que la douleur s'intensifiait. Pour une raison sans doute liée au choc, elle se méfiait tout autant de cet homme que des autres. Notamment lorsque ce dernier se tourna vers elle, le couteau toujours en main. Une vague de stupeur l'enveloppa toute entière.

L'homme accomplit soudain plusieurs pas très voire trop fermes dans sa direction alors que la demoiselle se démenait pour reculer à son rythme.

— Non... commença-t-elle à la fois épuisée et paniquée. J'dirais rien, ne faites pas ça.

Les sanglots éclatèrent dans sa voix. Elle n'avait guère la force de se débattre mais refusait catégoriquement qu'il l'approche. En dépit de ses actions, elle le craignait tout autant que les autres voire plus, au constat du port de ce couteau de poche.

Elle ne parvenait presque plus à respirer. Elle usa de ses dernières forces pour ramper de nouveau sur le ventre, jusqu'à ce que, contre toute attente, une main chaude et ferme ne se pose sur sa mâchoire. Hébétée par cette chaleur inespérée, elle s'immobilisa, les yeux toujours plissés d'inquiétude.

— Dormez, murmura-t-il d'une voix rauque, en comprimant une zone de sa gorge de la pointe du doigt.

Elle eut à peine le temps d'émettre un hoquet aiguë, qu'elle sombra d'emblée dans une léthargie en tout point incompréhensible. Il l'avait eue. En beauté.

Le Sang DéfenduWhere stories live. Discover now