02| 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖔𝖎𝖗 𝖉𝖊 𝕺𝖊𝖆𝖉𝖍𝖔𝖑𝖑𝖔𝖜

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Ψ
LE MANOIR DE DEADHOLLOW




Personne ne l'avait retenue

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Personne ne l'avait retenue.

Il était même plus juste de dire qu'on l'avait jetée dehors. Éris, une lourde besace pesant sur son épaule, venait de franchir pour la dernière fois les marches du refuge de Carlbury. Dehors, la fine neige qui saupoudrait les rues s'était transformée en tempête pendant que la nuit coulait son encre noire sur les pavés.

Le froid mordait la peau d'Éris comme une bête enragée, rivalisant avec la Marque qui incendiait sa joue. Mais la douleur semblait minime lorsque la jeune sorcière la comparait avec celle qui comprimait son cœur. À mesure que ses pas se plantaient dans la neige, Éris se ressassait les mots de la directrice du refuge.

Vous devez partir, lui avait-elle dit, la mâchoire serrée. Vous n'avez pas votre place ici.

Sans lui adresser un regard, la directrice l'avait congédiée d'un mouvement de main, comme si ce geste avait eu le pouvoir d'effacer toute l'année qu'Éris avait passée dans son établissement.
Même Lucy n'avait daigné lui exprimer ses adieux. Elle s'était éclipsée juste après qu'Éris lui ait rédigé son cinquième sort.

Son ventre se noua. La sorcière porta les mains à sa bouche, sur le point de vomir. Étaient-ce les effets de la Marque ou bien la perspective de devoir retourner à Deadhollow qui instillait la nausée dans le fond de son estomac ?
Dans un flash, les figures de ses parents et de sa sœur s'imprimèrent dans son esprit, et son haut-le-cœur s'intensifia.

Comment allait-elle leur faire face, après une année entière de fugue et de pègre ? Éris se projetait déjà le visage anguleux de sa mère, les traits si tirés qu'ils pourraient rouvrir les cicatrices qui scindaient son front en deux. Sa sœur porterait son éternel air d'indifférence, et s'empresserait de retourner vaquer à ses occupation. Quant à son père... Il ne se montrerait même pas.
Depuis quand ne l'avait-elle pas vue d'ailleurs ?

Éris s'arrêta en chemin, déjà épuisée par sa marche. Ou épuisée par les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête. Ses jambes la guidèrent jusqu'aux marches d'une maison abandonnée à la façade arrachée. À Carlbury, les enfants aimaient bien murmurer que le lieu était hanté. Qu'un fantôme arrachait le cœur de ceux qui s'y aventurait. Parfois il s'agissait d'une poupée possédée, ou même de la Dame Blanche en personne. Souvent Éris souriait. D'un sourire amer. Car elle savait que toutes ces légendes avaient leur part de vérité, et que la plupart d'entres elles naissaient à Deadhollow. Dans les tréfonds du manoir des Van Allen.

Le givre trempa la robe et les collants noirs d'Éris, lorsque celle-ci s'assit sur les marches. Mais la sorcière était trop fatiguée pour s'en soucier. Devait-elle vraiment revenir dans son sanctuaire ? Personne ne voulait d'elle là-bas.
Certes, la Marque qui scarifiait sa joue n'avait rien d'anodin. Jamais Éris n'avait entendu parler d'une génération de Van Allen qui avait présenté deux marqués dans une même fratrie. On lui avait toujours appris que la Marque se transmettait par le biais d'une longue cérémonie sanglante, et que de toute manière, cela ne la concernait pas.

The Witch's Curse ━ 𝙡𝙞𝙫𝙧𝙚 𝙞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant