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Les Van Allen avaient un jour déshonoré le peuple fae.
Éris glissa la petite boîte en bois dans la bourse de sa ceinture, pensive. La reine la lui avait remise, en lui demandant de ne l'ouvrir que lorsqu'elle serait prête à réparer la plaie du passé. Éris cogitait. La personne tatouée de la Marque du Déshonneur devait être une ancienne Gardienne. Sinon pourquoi cette personne se serait rendue à la Cour des Seelies ?
Pourrait-ce être Magdalene ? Éris secoua la tête. Elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde sa grande sœur manquer de respect à qui que ce soit. C'était même plutôt l'inverse. Éris lui avait souvent reproché en vain son excès de pudeur. Elle suspecta alors sa mère. Ce serait déjà moins étonnant. Personne n'ignorait l'orgueil maladif de cette dernière.
Éris s'était assise sur la souche d'un arbre, que les faes avaient recouvert de fine dentelle. À l'écart des festivités, elle observait le scintillement de la Cour pavée de joyaux, et la valse enivrante à laquelle s'adonnaient des couples de faes. L'odeur de miel s'était intensifiée et désormais, elle endormait sa vigilance.
— Une si jolie demoiselle ne devrait pas rester en retrait, l'extirpa une voix douce de ses pensées, une danse ?
Éris sursauta et releva la tête. Un jeune homme aux boucles rousses, le sourire étincelant, et les yeux verts perçants lui tendait la main. Ses oreilles en pointe frémissaient, et Éris se sentait étrangement attirée à lui comme à un aimant. Il transportait un parfum floral qui l'envoûtait, et Éris vérifia d'un coup d'œil haut dessus de son épaule les déplacements d'Imene. Pour le moment, la Gardienne interrogeait à tour de rôle les faes de la Cour et ne semblait pas avoir besoin d'une quelconque aide de sa part. Éris, un grand sourire aux lèvres, s'apprêta à répondre à l'invitation de la fae, mais elle fut interrompue dans son élan :
— Excusez moi, murmura Ash, mais il me semble que vous me volez ma cavalière.
Éris n'eut le temps de protester que son pactisant attrapa sa main, la tira en avant, et posa l'autre sur sa hanche. Il l'entraîna au milieu de la piste, un rictus provocateur aux lèvres. La sorcière fronça les sourcils. Elle ne parvenait pas à ignorer le fait que ses mains venaient de devenir moites.
— Règle numéro un: ne jamais danser avec une fae, lui rappela Ash. En toute honnêteté, je pense être un vrai ange gardien.
Éris marcha sur son pied et feinta de ne pas avoir fait exprès. Maintenant qu'elle y pensait, Ash n'avait pas tort. C'était précisément ce qu'Imene lui avait demandé de ne pas faire. De peu, elle aurait pu finir comme un objet animé, à jouer mécaniquement du violon pour amuser la galerie. À cette pensée, elle jeta un coup d'œil à la troupe de musicien. Les sorciers que la reine Seelie avait libéré de leur envoûtement avaient été remplacés par des faes.
