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Le jeune Page l'avait attendue.
Tripotant son talisman, il s'était adossé au mur qui jouxtait le bureau d'Hélianthe. Une fois sortie, Éris n'avait eu besoin de prononcer un mot pour que le garçon ne lui intime de le suivre.
La sorcière jouait en boucle son altercation avec sa mère dans son esprit, tandis qu'elle traversait le manoir obscur. Où diable pouvait se trouver sa sœur ? De toute évidence, elle n'était pas au manoir, auquel cas Hélianthe ne se serait pas donnée la peine de le lui cacher. Ou bien...
Éris devait impérativement exécuter un sort de localisation. Ou plutôt, trouver quelqu'un qui s'en chargerait à sa place. Elle n'était pas encore assez expérimentée pour pratiquer de la sorcellerie de moyen-étage. Son regard se posa sur le jeune Page.
— Dis, tu n'aurais pas vu ma grande sœur par hasard ces derniers jours ? s'enquit-elle, Magdalene Van Allen, une grande brune aux longs cheveux noirs ?
Le garçon bifurqua.
— Pardonnez-moi, je ne suis pas autorisé à vous en parler.
Éris soupira. Elle aurait dû s'en douter. Les lustres diffusaient désormais une lumière dorée, signe du début d'après-midi. À ce moment-ci de la journée, le manoir de Deadhollow était infesté de monde, si bien qu'Éris oubliait souvent que cet endroit était le sien. Les Conseillers se bousculaient, tous chargés de missives et de papiers administratifs. À cela s'ajoutaient les Pages, les Ambassadeurs et les Musiciens, dont les mélodies mielleuses endormaient les caprices intempestifs du manoir.
Il y avait de quoi donner à Éris le tournis. Heureusement, le jeune Page connaissait le chemin comme sa poche, et ne tarda pas à la guider jusqu'à deux impressionnantes portes sculptées. De fines reliures blanches traçaient les contours du bas-relief, où chaque figure gravée dans le bois semblait prendre vie. L'une d'elle se démarquait des autres. Elle était grande. Impressionnante. Majestueuse. Hécate, déesse des sorciers.
La contemplation d'Éris s'interrompit lorsque les grandes portes s'éventrèrent devant elle. Dans une salle au plafond vertigineux s'allongeait une table en marbre noir, presque aussi longue que celle de la salle à manger. Comme des pions sur un plateau de jeux, une dizaine de sorciers étaient parsemés à chacun des bouts de la table. Un voile opaque recouvrait l'entièreté de leurs corps, mais même en étant une sorcière médiocre, Éris reconnaissait là un sort puissant de dissimulation.
Il y avait parmi l'assemblée des voiles de différentes couleurs. Des noirs, des rouges, des verts, des blancs et des dorés. Sur leur poitrine était greffé un pentacle très particulier, qui, en une fraction de secondes, informa Éris de la nature des gens qui lui faisaient face. Elle déglutit. Il s'agissait de l'Ordre d'Hécate.
