Interview {PLK}

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Samedi 6 Février 2016

« À ce soir Mom! je salue ma mère en l'embrassant sur la joue.

-Tu files où comme ça ? me demande mon père.

-Ken m'emmène à Clamart! Vous savez, pour mon interview ? Pas de réaction. Mon projet en histoire de l'art ?

-Ah, » soupire mon père.

Il ne voit absolument pas de quoi je parle. J'adore mes parents. Mais ils ne s'impliquent pas tant que ça dans mes grands projets, ni dans ceux de mon frère. Ils me poussent à être la meilleure à l'école, et vu que mon frère a refusé de faire des études et a quitté le lycée avant le bac, ils misent tout sur moi. C'est pas mal de pression mais la plupart du temps, je gère. Enfin à peu près.
Les yeux de ma mère s'illuminent, son sourire s'agrandit.

« Est ce que tu vas revoir ce charmant jeune homme qui rappe avec sa bande de copains dont Sam nous a parlé l'autre jour? » me questionne-t-elle.

Pense bête à moi même: tuer ma meilleure amie lundi matin.

« Il est de Clamart non? continue-t-elle. C'est quoi son nom déjà ? Maxime ou Matthias..?

-Mathieu, je la corrige.

-C'est ça ! s'exclame ma mère. Elle m'a montrée des photos, il est charmant!

-Tu l'as déjà dit, fait remarquer mon père. Allez file Loïs avant que ta mère te mette en retard! »

J'acquiesce vivement. Ma mère m'embrasse une seconde fois sur la joue, et me glisse de passer le bonjour à Ken de leur part.
Quelques rues plus loin, je constate que mon frère est déjà arrivé. En me voyant, il sourit et vient me débarrasser de mon sac encombrant rempli de matériaux précieux. Il embrasse rapidement ma joue. Je note qu'il ne cesse de vérifier qu'on ne nous épie pas. Toujours cette phobie des paparazzis.
Il balance dans un grand fracas mon matos.

« Ça coûte une blinde fais gaffe! je le rabroue en m'asseyant sur le siège passager.

-C'est moi qui les aient payés ta caméra et ton trépied, me rappelle-t-il.

-Justement, tu devrais savoir que c'est fragile, je continue de le gronder. J'y tiens!

-T'es trop matérialiste, me reproche mon frère.

-Et toi t'es trop utopiste, » je réplique du tac au tac.

Sourires complices. Il démarre sa bagnole. Je mets un album de Drake qui traîne. Nous massacrons ses morceaux à coup d'accent terriblement français, parce c'est plus drôle que de rapper avec un accent parfait.

« Donc là tu vas voir Mathieu c'est ça? m'interroge Ken. Je hoche de la tête. Ça s'est arrangé votre embrouille?

-On va pas devenir meilleurs potes, mais ça va, on se supporte, je le rassure. Il sait que j'ai besoin de lui, et vice-versa.

-Et tu le trouves comment physiquement le Polak? poursuit-il. Je lui donne une tape à l'épaule. Quoi ?! Faut bien que je sache si je dois lui servir le discours du grand frère protecteur! »

Je ris un peu. Je sais que je peux me confier à lui, nos conversations ne restent qu'entre nous. Pas comme avec Sam, Evan ou ma mère.

« Il n'est pas beau, pas du tout mon style, je préfère les skateurs, je finis par avouer. Il... il dégage juste ce truc quand il rappe ou rit, ça en devient presque déstabilisant. Mais de toute façon, il a dit que j'étais pas son genre. Donc zéro risque. »