Interview {PLK}

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Mercredi 16 Juin 2019

Point de vue de Mathieu

« MERCI LYON C'ÉTAIT UN TRUC DE DINGUE! PRÉPAREZ VOUS IL Y A DU TRÈS LOURD QUI ARRIVE PROCHAINEMENT! »

Les hurlements de la foule, les gens qui scandent mon nom, le soleil qui tape, les basses qui font vibrer le sol, la sueur qui dégouline le long de mon dos. Je pourrais crever maintenant que ça ne me gênerait même pas. J'aurais au moins mis des sous de côté pour la famille, j'aurais sorti un album qui marche, et j'aurais embrassé Loïs Samaras à plusieurs reprises.
Je rentre dans les coulisses, mes potes qui m'accompagnent pour la tournée me félicitent. Je suis dans un état second, planant encore à cause de l'adrénaline. Ils proposent de décaler sec en boîte. Je prends une rapide douche et me change. Lunettes ray-ban sur le nez, chaîne argentée autour du cou, tee-shirt noir, chevalière, casquette. Ça fera largement l'affaire pour aller en boîte et se bourrer un peu la gueule.
On fait les fous dans le taxi qui nous mène à la boîte, ouvrant les fenêtres, mettant la musique à fond. Je plains le pauvre chauffeur. Heureusement pour lui, on lui laisse un généreux pourboire. Une fois arrivés dans la boîte lyonnaise, on occupe le carré VIP. Je claque un billet dans une bouteille de champagne à un prix inabordable. Du moins, il aurait été inabordable pour moi avant que le rap marche. Une chicha fortement chargée est sortie de nulle part. Et il faut avouer que les lyonnaises sont plutôt pas mal. Quatre filles nous ont rejoint dans le carré VIP. Une blonde me fait de l'œil. Elle porte une robe ultra courte, presque indécente. Un rouge à lèvres brillant met en valeur sa bouche pulpeuse et un trait d'eye-liner souligne ses yeux bleus inexpressifs. C'est ça qui me dérange. Ça, et sa voix aiguë insupportable.

« Tu fonces pas ? s'étonne Ormaz. Elle est à tes pieds !

-C'est une blonde quoi, je hausse les épaules.

-T'es complètement piqué par ta petite brune,» ricane-t-il.

Je lève les yeux au ciel, et Ormaz se marre.
La blonde en question s'assoit à côté de moi. Elle est belle, mais si superficielle. Néanmoins, je lui souris, mon rictus de séducteur refaisant surface. Elle sort de son décolleté un petit sachet. Mes yeux louchent un instant de trop sur sa poitrine généreuse. Elle me crame, mais ne s'en offense pas. Je reporte mon attention sur le petit sachet en plastique qu'elle tient entre ses mains. Je reconnais rapidement les fameux comprimés. De l'ecstasy.

« T'en veux ? me propose-t-elle.

-Je touche pas à ça. »

J'ai craché cette phrase avec un dégoût plus que visible. La blonde ne semble pas l'avoir remarqué, elle se contente de glisser deux bonbons sur sa langue et de les avaler avec une gorgée de champagne.

« Danse avec moi, » déclare-t-elle soudainement, se levant.

Je regarde Ormaz, espérant qu'il me sauve de cette situation délicate mais ce dernier hausse les épaules, indifférent. Sympa mon meilleur pote. Je me lève donc à contrecœur et la blonde dont j'ignore le nom et qui souhaite probablement que je la saute, sourit, ravie. Elle prend ma main, ses faux ongles vernis griffant ma paume. Elle m'entraîne sur la piste où des couples ondulent leurs corps. Elle entoure mon cou de ses bras, se trémousse contre moi. Je suis mal à l'aise, ne sachant pas quoi faire. C'est si peu naturel. La blonde est provocante, et elle le sait. Ça devrait me plaire, mais non.
Mon téléphone vibre dans ma poche. Je recule, m'excusant d'un regard auprès de la blonde. C'est une simple notification Instagram. Je souris en voyant mon fond d'écran: Loïs l'a changé et a mis à la place une photo d'elle en train de faire la mongole.