01 - Harry

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Je pose ma valise sur le sol de la chambre et regarde autour de moi. 35m2 rien que pour moi et ma vie sociale. Ma mère sur mes talons, elle décortique chaque recoin de l'appartement qu'elle a trouvé pour moi et que mon père a validé. C'est pour ça que je me retrouve, contre toute attente, dans ce petit appartement du sud de Manhattan pour débuter des études de droit à l'université de New York.

Après 2 ans à avoir travaillé dans la petite ville du Wisconsin où je suis né et ou j'ai grandi, ce nouveau départ était inespéré. J'ai dû passer 2 ans à essayer de convaincre mes parents de me laisser partir pour suivre ma voie et pouvoir devenir l'avocat que je souhaite être depuis que je suis enfant. Ça n'a pas été une mince affaire mais j'ai pu mettre mon salaire de côté, faire des candidatures dans toutes les universités possibles et inimaginables et me voilà ici.



« - Tu es sûr que ça va aller mon chéri ? demande alors ma mère en posant ma deuxième valise dans le salon.

- Mais oui maman, ne t'en fais pas pour moi ! je souris, essayant de la rassurer au maximum.

- Mon garçon devient grand ! »



Elle vient prendre mon visage en coupe et embrasse mon front avec la délicatesse qui l'accompagne chaque jour. Ma mère est comme ça. Bienveillante, attentionné et aimante. Je sais que j'ai eu de la chance d'avoir une mère comme elle, même si cette histoire d'études nous a causé bien du tort.

Du haut de ses 54 ans, ma mère attend toujours l'aval de mon père pour prendre des décisions et, bien que cela ne soit pas un problème, le fait qu'elle soit pour mon intégration dans « la grande ville » et que mon père s'y opposait fermement pendant de longs mois a été une dure épreuve. De nombreuses fois, j'ai tenté d'apaiser les choses mais en vain. Je veux devenir avocat, mon père a dû se faire une raison. Je ne reprendrai pas le garage qu'il tient. Les voitures et la vente, j'ai essayé pendant 2 ans et j'étais vraiment misérable. 2 années perdues à essayer en vain de faire ce que mon père voulait.

Je suis sorti de mes pensées par ma mère qui commence à ouvrir mes valises pour en sortir mes affaires et nous commençons à tout ranger. Plus tard, il faudra que j'aille faire les courses pour remplir les placards et le frigo.



« - J'ai vu que le campus possède une association des étudiants catholiques en plus, je suis sûre que tu pourras te faire pas mal d'amis là-bas, commence ma mère.

- Oui effectivement je me suis renseigné aussi et je pense aller visiter leurs locaux rapidement, peut-être que je pourrais les rejoindre !

- Tu sais que ça nous rassurerait et que ça ferait très plaisir à ton père !

- Je sais maman, je t'ai promis que j'irai voir. »



J'essaie de couper court à la conversation mais je sais que cela risque d'être difficile. Notre village est petit. Tout le monde se connait, tout le monde s'entend bien et surtout, tout le monde partage les mêmes valeurs catholiques. Les familles y sont parfois nombreuses, peu de femmes vivent seules avec leurs enfants et tout semble rouler pour chaque personne que je vois régulièrement.

Je sais que, pour mes parents, cette association d'étudiant est une aubaine pour que je puisse étudier tout en restant proche de mes engagements auprès de l'Eglise et je vais bien sûr entreprendre les démarches pour les rejoindre. Mais en entendre parler 4 fois par jour depuis un mois devient légèrement agaçant.

Je range mes vêtements dans l'armoire du studio et souffle en me posant sur le canapé bien confortable. Il me manque encore 2 ou 3 choses pour faire que cet appartement soit mon havre de paix mais j'ai le temps. Les cours ne commencent que dans 3 jours et ici, tout semble ouvert sans interruption. Je n'ai donc pas à me stresser ni même à me presser.



A Fearless JourneyWhere stories live. Discover now