vingt-huit

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Ils étaient tous rassemblés autour du lit de Bill, sous le regard compatissant de Mme Pomfresh. Remus se tenait le plus loin possible de Tonks, et fixait d'un air absent la fenêtre. Elle n'avait pas eu l'air très heureuse de le voir. Pas étonnant, après sa disparition. Mais pourrait-il un jour lui expliquer ? Lui raconter ce qu'il avait vu, ce qu'il avait vécu ?

Il était parti là-bas en s'imaginant pouvoir retrouver leur vieille complicité, mais il n'avait fait qu'empirer les choses. Il avait dressé entre eux un mur. Un mur infranchissable. Il avait tout gâché. Elle lui en voulait trop, maintenant.

Il entendait les autres parler, Ron s'inquiéter, il entendait Harry, et Ginny, et Hermione aussi. Ils parlaient, ils hésitaient, revenaient en arrière, s'interrogeaient. Et soudain, Remus se rendit compte qu'ils attendaient qu'il réponde.

- Bill ne deviendra pas un vrai... ? répéta Ron, plein d'espoir.

- Non, je ne pense pas que Bill deviendra un vrai loup-garou, soupira Remus. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas une certaine contamination. Ce sont des blessures ensorcelées. Il y a peu de chances qu'elles guérissent jamais complètement et... et il se peut que Bill ait désormais certaines caractéristiques du loup.

- Peut-être que Dumbledore connaît un remède qui serait efficace ? dit Ron. Où est-il ? C'est sur son ordre que Bill s'est battu contre ces fous furieux. Dumbledore a une dette envers lui, il ne peut pas le laisser dans cet état...

Et Remus entendit Ginny dire des choses stupides, associer des mots qui n'avaient rien à voir ensemble, des mots comme "Dumbledore" "mort"... Et alors son cerveau comprit, alors l'implacable vérité lui apparut : Dumbledore était mort.

Et il hurla.

Il se laissa tomber sur une chaise, la tête entre les mains. Dumbledore, qu'il avait admiré, envié, détesté, jalousé, apprécié... Dumbledore, qui, le premier, lui avait fait confiance, qui avait planté lui-même le Saule Cogneur, Dumbledore qui avait été le seul à lui permettre de réaliser ses rêves, qui lui avait offert un emploi, qui l'avait soutenu, encouragé, Dumbledore qui l'avait poussé à prendre des responsabilités au sein de l'Ordre, Dumbledore qui l'avait envoyé là-bas, chez les loups, Dumbledore qui l'y avait abandonné, Dumbledore qui avait fait tout cela, et bien plus encore, ce Dumbledore était mort.

Les autres parlaient encore, ils racontaient la bataille, la mort de Dumbledore, mais leurs voix lui parvenaient de bien loin, assourdies, étouffées par le chagrin qu'il éprouvait.

Et soudain, la voix d'un phœnix s'éleva, belle, terrible, d'une douleur lancinante,  elle s'éleva, claire et puissante. Et c'était son chagrin pour la mort de Dumbledore, pour celle de Colm, un mois plus tôt, pour ses blessures, pour sa souffrance, pour la mort de son père il y a cinq ans, et celle de Sirius l'année dernière, c'était tout cela que le phœnix emportait, loin, loin, loin...

Tout à coup, la porte de l'infirmerie se rouvrit, Remus sursauta et son regard croisa celui de Tonks. Son cœur fit un looping, mais il détourna les yeux. Et les autres se remirent à parler, McGonnagall parlait, et Harry contait la bataille, et Hermione renchérissait... Et lui il ne pouvait détacher son regard d'elle, et plus il la regardait et plus il se haïssait d'être parti, de l'avoir rendue malheureuse, d'avoir laissé passer sa chance...

La porte se rouvrit, et Molly et Arthur déboulèrent devant le lit de leur fils. Remus se leva précipitamment de sa chaise, il vit Tonks faire de même, et ils se retrouvèrent côte à côte. Tandis que McGonnagall expliquait rapidement à Arthur ce qui s'était passé, Molly pleurait, les mains sur le visage de son fils.

- Bien sûr, l'apparence physique ne compte pas beaucoup.. . Ça n'a pas t... tellement d'importance...Mais c'était un très beau petit g... garçon... il a toujours été très beau... et il... il devait se marier !

C'est toi que j'aime {REMADORA}Where stories live. Discover now