trente-sept

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Cela faisait maintenant dix-sept jours, et il ne décolérait pas.

Comment Harry avait-il osé lui parler de la sorte ? Comment s'était-il permis de l'insulter ? Et pas n'importe comment, en plus ! De lâche ! Il l'avait traité de lâche ! Lâche, lui qui avait protégé son père durant la première guerre ? Lâche, lui qui lui avait appris à faire un Patronus ? Lâche, lui qui avait passé un an dans un camp pour lui ? Il avait bien des défauts, mais il n'était pas lâche. Sûrement pas.

Et puis tant pis, si Harry n'avait pas besoin de lui ! Tant pis pour lui ! Il comprendra, quand il se retrouvera en difficulté, ce que Remus avait voulu lui dire. Il verra bien, quand les Lestrange lui balanceront leurs sorts mortels ! Il verra, et il comprendra !

Remus n'avait voulu que l'aider, et en retour, il s'était fait insulter. Il n'avait eu qu'une envie, c'était de gifler sa face arrogante. D'ailleurs, il l'avait poussé en arrière. Il n'aurait peut-être pas dû. Mais quand il avait vu Harry se lever, le ton qu'il avait pris... C'était James quand Sirius allait trop loin. Il en avait marre d'être sans cesse assailli par les souvenirs, d'avoir l'impression qu'il n'avait pas le droit de vivre, qu'il leur volait la place.

Il leva les yeux en apercevant Fred et George traverser le bar. Ils étaient venus le trouver quelques jours après son arrivée au Chaudron Baveur. Les jumeaux n'avaient posé aucune question sur la raison de sa présence, et il leur en était reconnaissant. Ils lui avaient demandé s'il pouvait les aider pour leur idée : créer une radio ou un journal pour informer les gens de ce qui se passait à Poudlard, dans les campagnes... Hier, Harry n'était pas allé à Poudlard. Pour les jumeaux, cela signifiait que la guerre allait s'intensifier. Ils recherchaient maintenant activement un endroit pour émettre en toute sécurité. Remus avait promis de les aider.

Ils s'approchèrent et se laissèrent tomber sur des chaises devant lui. Il écarta son journal pour qu'ils puissent poser leurs coudes sur la table.

- On a trouvé un nouvel aide pour la vente, annonça aussitôt Fred, utilisant prudemment un code, le bar étant truffé de partisans de Voldemort. 

- Je le connais ? s'enquit Remus.

George acquiesça.

- C'est Lee Jordan. Il a été viré de La Gazette Radio parce qu'il avait publié des choses...

Il laissa prudemment le silence terminer. Remus hocha la tête.

- Parfait. Et comment puis-je vous aider, exactement ?

Ils échangèrent un regard.

- On se disait que tu pourrais nous fournir des clients, intervenir dans la gestion de la publicité, et tout...

- Je vois.

- Tu ferais ça pour nous ? demanda Fred, les yeux brillants.

Remus réfléchit. Il fallait qu'il parte, de toute façon. Il n'avait plus d'argent pour payer la chambre, et chaque jour passé à Londres lui donnait envie de rentrer à Flagley-le-Haut. Il fallait qu'il s'éloigne.

- D'accord. On commence quand ?

- Yes ! s'écria George. On débute dès que possible. On ne va pas attendre que Tu-Sais-Qui nous déloge... On a déjà reçu des menaces. Disons dans deux jours, histoire de tout préparer...

- On t'enverra l'adresse par les moyens habituels, précisa Fred en se levant.

- Merci, sourit Remus.

Et il regarda les jumeaux s'éloigner avec un petit pincement au cœur. Il y a seize ans, c'était lui, à leur place. Ils se battaient, toujours prêts à faire plus, enthousiastes, inconscients, se croyant invincibles, invulnérables... Et maintenant, il était seul, James et Sirius étaient morts, Peter était un traître. C'était le fils de James qui le remettait à sa place, les jumeaux Weasley qui trouvaient de nouveaux moyens de se battre. Lui n'avait fait que se lamenter sur son sort, abandonner sa femme et s'en prendre à Harry. Pas très glorieux.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant