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Première porte à gauche.
Un vieux lit coincé entre le mur et l'armoire branlante. Un bureau sombre encombré de papiers. Une paire de chaussures roses sous le lit. Les draps défaits. La fenêtre ouverte donnant sur la rue enneigée. Un tas de vêtements gisant à même le sol. Une masse sombre dans un lit. Des cheveux bruns terne qui dépassent de la couette. Une pile de lettres près de la porte, glissées là quelques instants plus tôt. Et sur la chaise, sur la chaise...

Il était là.

Elle ne savait pas comment, elle ne savait pas pourquoi, mais il était là.

Là, assis sur la chaise du bureau, et la dévisageant d'un air songeur. Il n'avait pas changé, depuis la dernière fois. Toujours aussi beau. Sa mèche tombait au même endroit, ses cicatrices étaient du même rouge, son pantalon avait le même raccommodage au niveau du genou, même son lacet gauche était défait de la même manière.

Lorsqu'il vit qu'elle était réveillée, il sourit. Un sourire si doux qu'elle se sentit fondre. Elle essuya la larme qui perlait au coin de son œil et sourit. Elle se leva et posa une main sur son épaule.

- C'est vraiment toi ?

- Oui.

Il rit.

- Il n'y en a pas deux comme moi.

- C'est sûr.

Ils se dévisagèrent en silence. Il se dégagea doucement et s'accouda à la fenêtre. Enfin, il tourna les yeux vers elle.

- Je suis désolé.

Tonks sentit son coeur s'affoler.

- De quoi ?

Il devait entendre chaque battement de son coeur.

- De...

Elle fit un pas.

Il fit un pas.

Ils étaient tout près.

- De tout.

Ils étaient si près maintenant que...

- TONKS SI TU N'OUVRES PAS  TOUT DE SUITE TU FAIS LE REPAS CE SOIR !

Elle se réveilla soudain. Sa vision était trouble, et quand elle leva la main sur son visage, elle s'aperçut qu'elle pleurait.

Elle se laissa tomber sur l'oreiller.

Malgré toutes ses résolutions, elle n'était pas guérie. Loin de là. Remus était toujours aussi présent dans son cœur.

Elle redoubla de sanglots en voyant la pile de lettres. Elle en était sûre, il n'y avait aucune bonne nouvelle pour elle.

D'abord une écriture grossière, parsemée de tâches d'encre, sur un parchemin jauni.

Ma petite Dora,

Il y a quelques années, quand je t'ai tenue dans mes bras pour la première fois, tu as provoqué un raz-de-marée en moi. Mon cœur s'est rempli d'amour pour la petite chose que je tenais dans mes bras. Et j'ai tout de suite senti que tu serais une personne incroyable. Que tu ne te laisserais pas abattre. Que tu deviendrais une jeune femme forte. Et j'ai fait le serment que je t'aiderai à aller jusqu'au bout, quoique en pense les autres. Je ferais en sorte que tu sois heureuse. Je crois avoir réussi. Sous mes yeux attendris, tu es devenue une fillette curieuse et enjouée, une jeune fille intrépide et pleine d'humour, une jeune femme souriante et rayonnante.

Et un jour tu m'as dis "je serais Auror". Je t'ai dis "si tu veux". Et je n'ai cessé de regretter. Sous mes yeux inquiets, je t'ai vu affronter mille dangers, trainer dans des quartiers louches, partir à l'autre bout du monde, pleurer de rage et de désespoir. Ma petite fille s'est envolée, et est restée une jeune femme durcie par les épreuves. Qui n'avais pas besoin de son papa adoré.

Si longtemps que je ne t'ai pas vu sourire ! Si longtemps que je n'ai pas entendu ton rire ! Si longtemps que tu as cessé de venir !

Dora, ma chérie, ma fille adorée, répond-moi s'il te plaît. Depuis six mois, nous n'avons aucune nouvelle. Pas le moindre mot. Pas le moindre écho. Dis-nous juste un mot. Juste une phrase. Dora, réponds-nous.

Nous t'aimons si fort, Dora. Tu es notre seule fille. Notre lumière. Et nous sommes dans l'obscurité depuis trop longtemps.

T. et A.

(nous avons donné cette lettre à Marcus Savage, c'est un homme de confiance. Adresse-toi à lui si tu as besoin de quelque chose, puisque apparemment tes parents ne signifient plus rien. )

***
Puis une écriture dactylographiée, sur un papier blanc à en-tête du Ministère.

A Mlle Nymphadora Tonks, Auror de catégorie 2, QG LONDRES OR

Mademoiselle,

Votre demande au sujet des Détraqueurs a donné lieu aux observations suivantes :

- la situation empire dans les quartiers défavorisés. Les attaques de Détraqueurs sont malheureusement de plus en plus nombreuses envers des innocents. Heureusement, le gouvernement à la situation bien en main. Le Ministre sait parfaitement comment réagir, malgré quelques bavures.

- Nous sommes sans nouvelles de notre envoyé spécial. Nous avons perdu sa trace au Nord de l'Ecosse, il y a trois semaines. Nous prions pour qu'il revienne vite, suite aux trois courriers alarmants que nous lui avons adressé.

- le département QG LONDRES SG vous invite à présenter vos conclusions devant une collation et un petit comité le 31 décembre, à 19 heures 30.

Nous vous remercions de votre travail, et vous souhaitons un prompt rétablissement,

Kinglsey Shackelbolt, Auror de catégorie 5, QG LONDRES OR

***
Une écriture fine et appliquée, sur un papier magnifique et qui sentais bon la mer.

Sweetheart,
My love.
Please.
Come back.

***
Une écriture brouillonne, tachée et pleine de fautes, sur un papier brûlé dans un coin.

Tonks,
Vigilance constante. Ne cesse pas de te méfier. Ta famille, de cœur ou de sang, est derrière toi. Molly me fait dire que tu es chez toi au Terrier ou Square Grimmaurd. Et moi je te rappelle que tu es la plus forte. Que toi t'as les tripes. T'as ça dans le sang. Les gamins ils sont en sécurité avec toi. Et toi t'es en sécurité avec les trois zozos. Même si je me méfie de Dawlish. Même si je me méfie de tous. Mais ne t'inquiète pas. Garde ton sourire. Garde ton énergie. Et ne te laisse pas abattre par R. Il est con. Gentil, hein. Mais très con.
Allez, bises et tout le tralala.
Maugrey.
Ps : Kingsley a dû t'envoyer un p'tit mot.

***
Une autre écriture dactylographiée, que un papier criard, débordant de joie et d'optimisme.

TESTEZ STOPVOISINS, LA SEULE POTION QUI REND SILENCIEUX VOS VOISINS !

***
Une écriture soignée, sur un papier gris orné d'un terrifiant logo.

Frères. Sœurs.
Nous avons souffert pendant trop longtemps. Nous vivons cachés depuis trop longtemps. Nous sommes dénigrés depuis trop longtemps. La liberté nous a abandonné.
À nous de la reconquérir.
Frères. Sœurs.
Venez. N'hésitez plus. Votre destin, il n'y a que vous qui devez le contrôler.
Pour la vie. Pour la mort. Et pour toujours.
VIVE LE SEIGNEUR DES TÉNÈBRES !

***
Et enfin une écriture hésitante, sur un bout de parchemin boueux.

Pardon.

Et soudain, en entendant un éclat de rire dans la chambre d'a côté, elle se sentit emportée par une vague d'allégresse, de quiétude.

Elle sourit, extirpa un parchemin de la pile de documents qui encombrant le bureau, et commença à écrire.

Chère Molly...

C'est toi que j'aime {REMADORA}Kde žijí příběhy. Začni objevovat