trente-quatre

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Ils étaient allongés dans l'herbe, à l'ombre du chêne, Remus appuyé contre le tronc, Tonks contre Remus. Ils se mettaient à jour dans leur courrier, après avoir fini de retaper le salon. Depuis une semaine, Tonks agissait en automate. Elle n'avait pas pleuré la mort de Maugrey, n'avait rien ressenti. Son cerveau était comme engourdi. Elle était allée travailler, avait déjeuné avec ses amis, qui ne savaient rien de sa vie privée, avait retapé le salon avec Remus, qui la couvait d'un regard inquiet, mais elle n'avait pas pleuré. Elle ne ressentait rien. Juste cette impression d'être engourdie, ralentie par une idée persistante : Fol Œil était mort.

Ma chère Tonks,

Je t'écris vite fait avant de partir bosser, Tim dort encore. J'irai droit au but : John Dawlish, ce traître. je l'ai considéré comme un frère, et cette crapule nous trahit ! Déjà que j'ai dû réconforter Septima parce qu'il l'avait plantée à une semaine du mariage, mais en plus c'est lui qui est venu m'expulser, à grand renfort de "Mr Fiertalon" comme si on s'était pas bourré la gueule ensemble il y a deux mois !

Enfin, il faut que je me calme. Surtout que la vie ne pourrait pas être plus belle. La guerre, c'est terminé pour moi. J'ai trouvé mon havre de paix, l'endroit où je veux vivre, où je veux que Tim grandisse, où je veux me reconstruire. Cela n'a pas été une décision facile à prendre, loin de là, mais je ne regrette rien. Non, rien de rien. Je suis tellement heureux ici, tu ne peux pas imaginer. Paris est la plus belle ville du monde. On sera bien, là, avec Tim. Il grandit vite, toujours aussi mignon, aussi adorable.

J'ai décidé de reprendre le Quidditch. Pour l'instant je bosse au Ministère de la Magie français, mais dès que Tim ira à l'école, je m'y remets. Je suis dans l'équipe du Ministère, déjà. J'espère intégrer les Rapaces de Saint-Cloud dans quelques années.

C'est fou, je me sens revivre. C'est incroyable. Je suis heureux, Tonks. Heureux. J'espère que toi aussi. C'est tout ce que tu mérites.

Amitiés,

Arnold (et un gros bisou de Taf)

Tonks reposa la lettre, un petit sourire aux lèvres. Arnold allait bien. Elle s'était fait un sang d'encre pour lui, lorsqu'il avait été expulsé de l'appart. Mais il allait bien, maintenant. Et puis, aller à Paris avait toujours été son rêve, c'est là qu'il avait fait ses études, rencontré Lucille,  retrouvé Tim... Toute sa vie quasiment était là-bas, et Tonks était heureuse qu'il s'y sente bien.

Les nouvelles qu'il apportait de John ne l'étonnaient pas. Elle avait lu un article dans La Gazette du Sorcier qui disait qu'il était devenu le garde du corps de Thicknesse. L'enfoiré.

- Eh, Remus tu sais que...

Elle s'arrêta net. Remus était extrêmement pâle, le regard fixé au loin.

- Euh, 'Mus, ça va ?

Remus ne répondit pas, les yeux toujours fixes.

- Attends je... fit-il d'une voix blanche en se levant.

La tête de Tonks retomba brutalement sur le sol.

- Aie ! Remus ! Qu'est-ce qui se passe ?

Elle se leva à son tour, et lui courut après.  Elle entra brusquement dans la maison, la fraicheur l'apaisant un instant. Remus avait les mains posées sur le plan de travail de la cuisine, les épaules agitées de soubresauts.

- Eh ! Tu pourrais m'expliquer ce qui se passe ?

Il ne répondit pas, et releva la tête, son regard fixant un point invisible par la fenêtre.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu