dix-neuf

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Deux hommes marchaient dans la rue principale. Ils faisaient peine à voir. Leurs visages hirsutes auraient rebuté n'importe quel passant, leurs vêtements déchirés les auraient effrayés, et leur démarche douloureuse les auraient amusés.

Remus grimaça. La nuit avait été si longue... Son bras le faisait atrocement souffrir. Il avait mordu si fort dedans la nuit dernière que le sang ne cessait de couler depuis. Il avait fait comme d'habitude. Il avait appliqué un mouchoir sale humide dessus, avait déchiré un énième morceau de sa chemise pour pouvoir panser ses plaies à peu près correctement. Il connaissait ces gestes par cœur, maintenant. Sa chemise commençait à ne plus ressembler à grand chose. Il avait passé un pull qui datait de son année d'enseignement à Poudlard, et qui trainait dans la Cabane Hurlante. Son pantalon rapiécé frottait douloureusement contre une blessure à la jambe, ses orteils étaient comprimés dans sa chaussure, et il avait si froid...

- On pourra transplanner dans cinq minutes, à peu près, déclara soudain Philip.

Remus hocha la tête.

Oh, comme il enviait les deux silhouettes encapuchonnées, bien au chaud dans leurs capes de voyage ! Un autre que lui (Fenrir, pour ne citer personne) aurait détroussé les deux voyageuses, et se serait réchauffé au bar avec l'argent que contenaient leurs bourses. Mais pas lui. On l'avait presque amputé de sa condition d'homme, si en plus il renonçait à ses valeurs... Non. Il avait froid, elles avaient chaud, tant pis pour lui, tant mieux pour elles.

Ils arrivèrent au sommet d'une petite butte. Remus embrassa du regard le village enseveli sous la neige, le château au loin, et tourna lentement sur lui-même.

Ils arrivèrent dans à un carrefour, à quelques rues seulement du square Grimmaurd. Philip sourit.

- C'est parti !

Remus ne put s'empêcher de sourire à son tour. L'enthousiasme de son compagnon de route était contagieux. Ils marchèrent en silence durant un quart d'heure, traversant des rues d'immeubles décrépis, des dizaines de jardins mal entretenus et, enfin, un vieux square, sale et peu avenant. Et pourtant, Remus sentit monter en lui une bouffée d'amour pour ces immeubles moches.

- Je me demande ce que va dire Alyne, murmura Philip d'un air sombre.

- Elle sera heureuse de te voir, dit Remus avec un petit sourire.

- Ou furieuse parce que je suis parti.

- Elle te crois en Azerbaïdjan, lui rappela Remus.

- Je me sens tellement mal de lui mentir ! gémit Philip, accablé.

Remus prit une grande inspiration.

- Dis lui.

- De quoi ? Que je suis un loup ? ricana Philip. Bien sûr, Romulus.

- Excuse-moi d'essayer de t'aider, répliqua Remus, vexé.

- Tu as raison. Désolé.

Philip secoua sa tête, et se tourna vers son ami.

- Et toi, tu vas où ?

- Oh... Par là, déclara Remus en agitant vaguement la main vers une autre rue.

- Hum. Et... Tu comptes repartir ?

Remus tiqua.

- Je ne sais pas. Ça va dépendre.

- De quoi ?

- Des événements, soupira t'il.

Philip hocha la tête. Enfin, il prit une grande inspiration.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Donde viven las historias. Descúbrelo ahora