quarante

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- Pourquoi tu veux mettre du jaune ?

- Je sais pas, c'est joli...

Tonks éclata de rire devant l'air perplexe de Remus. Ils étaient debout dans la chambre d'enfant du 3, Carneirus Street, Flagley-le-Haut. Remus désigna le pot de peinture bleue.

- Bleu, c'est mieux, non ?

Tonks secoua la tête, un grand sourire aux lèvres. Soudain, ses cheveux passèrent du rose vif au bleu électrique.

- Ah-ah ! s'écria Remus en pointant un doigt vers Tonks. Le bébé est d'accord avec moi : ça sera bleu !

- Pff...

Remus éclata de rire. Tonks sentit les coins de sa bouche remonter, et se mit finalement à rire. Elle désigna la peinture bleue.

- T'étais bien sûr de toi si tu avais déjà acheté le pot, sourit-elle.

- J'avais un pressentiment, répondit Remus avec un grand sourire.

Le soir où il était venu chez les Tonks, il n'était pas parti après l'arrivée d'Andromeda. Et il avait bien fait puisqu'à deux heures du matin, Tonks était descendue. Ils n'avaient pas parlé. Ou plutôt, très peu. Elle avait dit « plus jamais ça ». Il avait répondu « promis ». Ils s'étaient dit bien plus quand la porte était fermée, quand Remus était sur la petite marche et elle dans l'entrée de la maison, quand il avait supplié et qu'elle avait crié, quand ils s'étaient tus, et qu'ils avaient recommencé à chuchoter, quand le temps semblait suspendu et que les étoiles brillaient.

Plus tard, quand le soleil s'était levé, il l'avait emmenée à Flagley. Il lui avait montré tous les travaux qu'il avait faits. Il avait acheté une table (une table IKEA, avait-il précisé avec un sourire), avait repeint les murs crasseux, avait tout nettoyé, tout réparé... Mais il l'avait attendue pour la chambre du bébé. Et ça faisait un quart d'heure qu'ils essayaient de se mettre d'accord sur la couleur à mettre aux murs.

- Maintenant qu'on est d'accord sur la couleur...

- Je ne suis pas d'accord sur la couleur, protesta Tonks.

Remus leva les yeux au ciel.

- Je propose qu'on s'y mette.

- Et tu veux que je peigne quoi ? Je te rappelle que je suis enceinte de cinq mois, que moi, je ne fais pas un mètre quatre-vingts cinq et que...

- Bein tu peux peindre la porte... Je peux même te mettre une chaise si tu fatigues.

- C'est marrant, ça fait peintre du Moyen-Âge, rit-elle.

- Un peu, sourit Remus.

Et ils se mirent au travail. Après un pot renversé, un pinceau noyé, un autre qui faisait des pelures, des gouttes dans les cheveux, des traces sur les vêtements, un scotch qui ne s'enlevait pas, un rectangle de deux centimètres sur trois qu'ils avaient oublié de peindre, des chaussures tâchées et une main engourdie, Remus s'exclama :

- Alors, il est pas mal ce bleu !

Tonks hocha la tête.

- Je reconnais ma défaite.

Ils sourirent, et descendirent dans la cuisine. Tonks récupéra Potterveille, le journal clandestin posé à leur fenêtre, tandis que Remus préparait le repas. Elle le déplia, sentant cette angoisse monter, cet étau qui lui enserrait la poitrine dès qu'elle voyait un journal... Elle tenta de refouler la peur qui faisait trembler ses doigts et parcourut la colonne des disparus :

L'équipe de Potterveille a l'immense regret de vous faire part des récents meurtres signés par nos chers amis Mangemorts. Les noms inscrits ici nous ont été communiqués par les familles des victimes, ou par nos sources. Tous sont décédés du 1er octobre au 15 octobre. Nos prières vont à leur famille et leurs amis.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant