trente deux

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Tonks avait oublié quelque chose.

Elle le sentait, aussi sûr qu'elle sentait qu'il y aurait de l'orage ce soir. Pour la première fois, elle se sentit mal à l'aise dans leur maison. Car ils avaient enfin aménagé ! La maison des parents de Remus était restée longtemps à l'abandon : de la poussière s'était accumulée partout, et le jardin ressemblait à la forêt amazonienne. Mais Tonks l'adorait. Elle était située dans le village mi-sorcier de Flagley-le-Haut, sur le bord d'une vieille route en terre. Tout était terriblement pittoresque, à Flagley. Les bars sorciers étaient habilement dissimulés dans les rues, si on scrutait le ciel, on pouvait apercevoir un enfant sur un balai, et il était agréable d'entendre du "sorcier" : on se sentait chez soi.

Elle posa délicatement le rapport qu'elle était en train de rédiger sur ses huit mois à Poudlard : Marcus et Arnold avaient déjà rendu le leur. Elle ne savait pas pour John. Il avait quitté l'appartement la veille du mariage, avait rompu ses fiançailles avec Septima et avait disparu. Comme ça. Marcus avait rejoint ses enfants et sa femme infidèle, et Arnold se retrouvait tout seul avec Tim dans l'appart, puisque personne ne leur avait demandé de partir.

Elle se leva du canapé, laissant une trace de fesses moites, traversa le salon et alla aux toilettes. Elle faillit renverser le sac qu'elle avait posé sur le sol, trébucha sur la plinthe et se rattrapa tant bien que mal au mur. Cela faisait presque un mois qu'elle vivait ici, et elle ne s'était toujours pas habituée à cette foutue plinthe de travers.

Mais elle l'adorait. Elle aimait tout : depuis leur mariage, Tonks avait l'impression de vivre un rêve. Elle souriait en permanence, et Remus, qui avait été si seul pendant longtemps, rayonnait lui aussi. Ils étaient heureux.

Elle allait entrer dans les toilettes lorsque, soudain, une forme blanche jaillit de la fenêtre et vient se poser devant elle. Elle étouffa un cri, brandit sa baguette et vit avec horreur la forme grandir, grandir... Et le Patronus de Kingsley lança d'une voix grave :

- Tonks,  où es-tu ? La réunion a commencé il y a une heure. Fais un signe si tu as besoin d'aide. Rends-toi immédiatement au Terrier.

Elle savait bien qu'elle avait oublié quelque chose. Elle griffonna deux lignes à l'intention de Remus, ramassa rapidement sa veste, lança un sort à la porte, tourna lentement sur elle-même et transplanna.

Elle atterrit gauchement dans le champ devant le Terrier. Elle s'avança d'un pas qu'elle espérait assuré vers les barrières magiques, et pria pour se souvenir du mot de passe. D'habitude, c'était Maugrey ou Remus qui le disait. Elle n'avait jamais réussi à le retenir entier, et il faisait si chaud qu'elle ne savait plus ce qu'elle disait. En plus, c'était en français, et elle ne connaissait pas bien les intonations de la langue. Elle avait néanmoins réussi à le traduire, et elle concédait volontiers que ce Paul Éluard avait un sacré talent.

Tonks prit une grande inspiration et déclara :

- Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Ça, c'était la partie facile. Les premières barrières avaient dû s'ouvrir. Elle s'avança rapidement, compta six pas et chercha la bonne strophe. Car, lorsque Remus avait proposé cette idée, Maugrey avait jugé plus prudent de ne garder que quelques morceaux, de façon à ce que même si les Mangemorts trouvaient le poème, ils ne sachent pas quelles étaient les bonnes strophes.

- Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

A priori, c'était bon. Elle avança d'un pas pressé, fouillant son cerveau pour trouver la dernière strophe.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Donde viven las historias. Descúbrelo ahora