vingt-cinq

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Il sortit dans le froid glacial de ce matin de mars. Son souffle faisait des petits ronds de fumée, et il battait ses mains gelées l'une contre l'autre en espérant ainsi les réchauffer. Cette année, l'hiver était arrivé tardivement, et le printemps était lui aussi en retard.

Il longea les bicoques branlantes qui paraissaient près de s'effondrer et entra dans le "camp dans le camp". Bastion des fanatiques de Voldemort, les cabanes y étaient plus solides, la nourriture plus chaude, de par sa proximité avec la cuisine, et mieux chauffées puisque regroupées autour du gigantesque brasier allumé et veillé chaque instant.

Il ne prêta attention ni à l'eau qui rentrait dans ses chaussures, ni au sang sur sa chemise. Ces détails faisaient partie de son quotidien. Et ici, tous avaient les mêmes. Greyback aussi, et malgré ses vociférations, lui aussi souffrait des mêmes maux.

Greyback ne lui avait rien fait lorsqu'il était revenu. Il avait cependant lancé des recherches contre Philip, qui n'avaient (heureusement) pas abouties. Remus soupçonnait le meneur d'avoir arrêté les recherches pour se concentrer sur le "grand projet" dont il ne cessait de parler en des termes mystérieux.

- Romulus !

Il se retourna, et se retrouva nez-à-nez avec Soliman, un jeune garçon d'une dizaine d'années, mordu il y a cinq mois, et récupéré par les fanatiques il y a quelques semaines.

- Qu'est-ce qu'il y a, Soliman ?

- Colm et Peadar te cherchent. Ils sont dans la cabane de Lionel.

- Super. Merci, Sol.

- De rien ! sourit l'enfant avant de partir en courant en direction d'un autre groupe.

Remus soupira. C'était cela le plus dur. Ces enfants sacrifiés. Greyback en avait fait une arme de choix, une force de persuasion et de dissuasion. Il les mordait le plus souvent lui-même, s'en allait, et revenait emporter l'enfant quelques mois plus tard. Le gamin était ensuite élevé au camp, dans la douleur, dans la souffrance, apprenant à mépriser les hommes, les femmes, et tout ce qui avait trait à son ancienne vie. C'était ainsi. Et malgré tous les efforts de Remus pour les sauver, la plupart des enfants devenaient des êtres sanguinaires semblables à Greyback.

Il toqua à la porte de la cabane de Lionel. Celui-ci lui ouvrit avec un regard inquiet. Depuis qu'ils avaient organisé la résistance, Lionel était de plus en plus méfiant. Greyback le connaissait depuis plus de quinze ans, et il avait peur de se trahir auprès de son ami d'antan.

Il s'assit à même le sol entre Colm et Peadar, les deux jumeaux gallois, mordus le jour de leurs treize ans et vivant depuis vingt ans dans cette honte.

- Parfait, tu es là, commença Lionel. Comme je l'expliquais aux jumeaux, je pense que Fenrir a compris qu'il y avait des taupes au camp. Il s'est rendu compte que ses attaques sont déjouées à chaque fois. Il soupçonne Ken, ce qui nous laisse du temps pour le moment, mais il va falloir être plus discrets. Ça ne m'étonnerait pas qu'il jumelle un fanatique à deux indécis pour les attaques.

Remus frémit. Cette possibilité signifiait que le nombre de signaux d'alerte devrait être considérablement diminué, ce qui voulait forcément dire moins d'enfants sauvés.

- Bon, dit-il en se levant. On continue pour l'instant. Colm, les tracts sont prêts ?

- Affirmatif, chef, répondit l'intéressé.

- Parfait. Lionel, le lieu de la prochaine attaque ?

- Peut-être le Nord. L'Écosse est envisagée. Il veut frapper un grand coup.

C'est toi que j'aime {REMADORA}Where stories live. Discover now