quarante-cinq

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Ils viennent pour son fils.

Elle le sait. Elle l'entend.

Elle le sent à leurs gestes, dans l'entrée. Elle le sent à leurs chuchotements. Elle le sent à leurs ricanements. Elle le sent à l'application qu'ils mettent à détruire méthodiquement leur foyer.

Elle voudrait se lever, hurler, protéger son fils. Elle voudrait pouvoir le faire. Mais son corps est lourd, lent, il ne lui obéit plus. Elle tente de se redresser, elle les entend.

Ils le tueront. Elle l'entend à leurs pas dans l'escalier, au bruissement de leurs robes sur les marches, à leurs souffles déjà ravis. Elle les entend fouiller l'étage, ouvrir la porte de la salle de bains, forcer celle de la chambre.

Elle se lève enfin, se mouve si lentement vers le berceau...

Ils sont là. Les éclairs fusent, les cris jaillissent, Bellatrix, Rodolphus, Rabastan, Crabbe. On emporte son bébé, son fils, ses cris résonnent partout, la blessent, la tuent, elle tente de faire rempart de son corps, elle voit du sang, le corps de Remus qui s'affaisse, les hurlements encore, les rires sadiques qui s'envolent, la main de Bellatrix sur son cou, les cris de Teddy, les cavalcades dans l'escalier, la porte qui claque, le sang qui reste, et les hurlements qui s'envolent, déchirent le temps, transpercent son sommeil et la réveillent.

Tonks ouvrit les yeux, haletante. Un seul regard lui permit de vérifier la présence de Remus et de Teddy. Teddy qui pleurait, qui hurlait, qui appelait au secours. A peine eu-t-elle le temps de comprendre que déjà Remus a posé une main sur son bras, a soufflé « j'y vais », il s'est levé et il a délicatement sorti son fils de son berceau.

Elle s'efforça de revenir au monde réel tandis que le visage rouge et congestionné de Teddy reprenait peu à peu une couleur normale, bercé par son père. Remus s'éloigna dans le couloir, elle l'entendit souffler des mots d'amour au petit bébé dans ses bras.

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait un tel cauchemar. Mais il avait rarement eu une telle intensité, une telle violence. Généralement, elle perdait Teddy dans le jardin, elle voyait Bellatrix l'emporter, ou alors elle-même était tuée par un Mangemort.

C'étaient des choses plausibles. Elles pouvaient arriver le lendemain. C'était le prix à payer quand on se battait pour la liberté. Mais elle ne voulait pas de ça pour son fils. Elle voulait lui donner un monde plus beau, un monde auquel il pourrait croire, pas cette horreur qu'ils s'efforçaient de combattre.

Elle se leva subitement. Combien de temps s'était écoulé depuis que Remus avait sorti Teddy de son berceau ? Avaient-ils été... Non. Non, non, non. Elle se précipita vers le couloir.

- Et là, mon Ted, c'est la Lune. Tu n'as rien à craindre d'elle, toi. Elle sera toujours ton alliée, où que tu ailles, elle sera là pour toi.

Tonks sourit en découvrant Remus et Teddy devant la fenêtre du couloir. Le nourrisson semblait minuscule, ainsi protégé par les bras de son père. Teddy laissa échapper un petit cri, et Remus se remit à marcher.

- Chut, dors, mon Teddy.

Au bout de quelques minutes, il se retourna et repartit dans la chambre, après avoir échangé un regard complice avec Tonks. Il reposa délicatement Teddy dans son berceau, replaça la peluche loup (envoyée par Philip, évidemment) et retourna se coucher.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il en se tournant vers Tonks. Toujours ton cauchemar ?

Tonks acquiesça.

- Toujours ma tante. Elle l'emporte et... Tu meurs...

- Cette chère Bellatrix a toujours eu une dent contre moi, sourit Remus. Et tu ne pouvais pas réagir, tu n'avançais pas ?

C'est toi que j'aime {REMADORA}Where stories live. Discover now