C'est toi que j'aime {REMADORA}

six

Remus quitta le 12 square Grimmaud peu avant vingt heures, accompagné de Dumbledore, après avoir promis à Molly de venir un soir, pour dîner au Terrier.

Tonks prétexta un mal de tête pour s'éclipser et monter dans sa chambre. Elle ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal : que Remus reste, tout en sachant qu'il n'avait pas de sentiments pour elle, ou qu'il s'éloigne, et risque sa vie, loin d'elle.

Elle se regarda dans le miroir. Ses cheveux, encore d'un rose éclatant il y a deux jours, étaient maintenant gris terne, et tombaient tristement sur ses épaules.

Elle se détourna de son pitoyable reflet et tourna la tête. Les murs sales de la chambre étaient couverts de toiles d'araignées, conséquence d'un manque d'organisation légendaire, et le lit en bois craquait et grinçait au moindre mouvement. Pourtant, Tonks aimait bien sa chambre, au dernier étage de la maison.

Elle prit une grande inspiration avant de se diriger vers l'armoire au fond de la pièce. Elle ouvrit les portes, balança à terre la pile de vêtements sur le dernier étage, et sortit une petite boîte. Délicatement, elle sortit ce qu'elle contenait.

Une photo d'elle, sa mère et son père; Sirius et elle, lorsqu'ils avaient trois ans; Remus et elle, à Pré-Au-Lard pour le Tournoi des Trois Sorciers; l'Ordre, il y a quelques semaines; Harry, Sirius et Remus; et enfin Remus et elle, lorsqu'ils avaient la même coupure au cou, infligée par Bellatrix et Dolohov au département des Mystères...

Elle soupira, les larmes roulants sur ses joues, et envoya valser la boîte à l'autre bout de la pièce. La boîte s'écrasa contre le mur et se brisa. Les photos volèrent à travers la pièce, virevoltant. Deux d'entre elle glissèrent sous le lit, trois s'écrasèrent au sol et la dernière vint de poser devant ses pieds. C'était celle où elle était à Pré-Au-Lard avec Remus.

Tonks s'assit sur le sol, les joues inondées de larmes, le cœur brisé. Qui sait combien de temps elle resta là, pleurant toutes les larmes de son corps ? Quand elle se releva, la maison était silencieuse, les réverbères de la rue éteints et Arthur Weasley ronflait dans la chambre en dessous. Tonks se glissa dans son lit et s'endormit tôt le lendemain matin.

Lorsqu'elle se réveilla, la maison était silencieuse. Elle regarda sa montre : il était 11 heures. Elle se dépêcha, pris une douche en une minute douze, avala son toast en quarante-deux secondes et transplana.

Elle arriva au Ministère de la Magie essoufflée et honteuse. Elle se dépêcha, marchant d'un pas rapide. Dans le couloir, elle croisa Lucius Malefoy, un sourire arrogant plaqué sur ses lèvres.

- Regardez où vous allez, vous risqueriez de tomber.... grinça t'il de sa voix insupportable.

- Désolée...

Tonks courut sur les dix derniers mètres qui la séparaient ses bureaux des Aurors. Lorsqu'elle entra, Kingsley lui lança un regard interrogateur. Elle secoua la tête et prit place à son bureau.

Elle parcourut ses dossiers, et soupira. Un affaire de meurtre dans une ruelle de Londres, un évadé d'Azkaban, des mamies qui terrifiaient des moldus en se déguisant en sorcières...

Elle enviait les Aurors expérimentés façon Kinglsey, ceux qui avaient en charge un gros dossier, qui avaient d'autres gens à leurs ordres et qui faisaient réellement quelque chose. Elle n'avait pas eu un seul dossier vraiment important depuis sa nomination. Bon, d'accord, c'était il y a deux mois. Mais quand même !

Lors de la pause déjeuner, elle suivit le flot d'employés du Ministère et se dirigea vers la brasserie "Will'zard". Elle se laissa tomber sur une banquette en face de Tchad, Lou-Ann, Tilio et Samantha, ses amis d'instruction. Ils avaient passé près de six ans ensemble, avec les quinze autres élèves de leur promo.

Elle les écouta d'un air distrait, se fichant bien que Miranda ait encore plaqué Tchad (ils sortaient ensemble depuis cinq ans, et passaient leur vie à se séparer puis à revenir ensemble) ou que M. Clams ait été promu au rang d'instructeur-chef.

Elle finit par sortir de la brasserie, laissant ses amis discuter. Elle avait besoin d'être seule.

Mais Kinglsey vint la voir alors qu'elle s'était réinstallée dans son box.

- Tonks, venez s'il vous plaît. Je dois vous parler.

Elle râla mais le suivit quand même. Ils redescendirent les six étages, et s'installèrent dans le parc, sur un banc.

- Écoute, Tonks. Je ne sais pas exactement ce qui c'est passé entre toi et Remus, mais... Ça commence à plomber l'ambiance de l'Ordre. Alors ou vous ne vous voyez plus, comme ça c'est réglé, ou vous faites tous les deux un effort.

Sa voix grave, mêlée à un mélange de pitié et de compassion, acheva Tonks.

- De toute manière il est parti.

- Hein ?

L'air étonné de Kingsley surprit Tonks. L'Auror était d'habitude le premier au courant des missions de l'Ordre.

- Bein oui, répondit bêtement Tonks, il est parti hier soir avec Dumbledore.

KIngsley, hébété, soupira.

- Dumbledore est fou, gronda t-il.

- Pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ? C'est quoi le problème avec cette mission ?s'énerva Tonks.

Kingsley soupira à nouveau, et jeta un regard de travers.

- Cette mission n'est pas une mission ordinaire... C'est .... quasiment une mission suicide... Mais Dumbledore dit qu'elle est nécessaire...

Il secoua la tête.

- Personne au sein de l'Ordre ne voulait qu'il y aille... Pas même lui... Dumbledore a respecté son choix, j'en suis sûr et certain. Mais il doit avoir une raison pour partir là-bas... Une très bonne raison....

- Mais.... Partir où ?

- Tonks, connaît tu le pire cauchemar de Remus ? La chose qu'il redoute le plus au monde ?

La jeune femme réfléchit longuement puis regarda Kingsley, effarée.

- La pleine lune, souffla Tonks, Dumbledore veut qu'il vive avec les loups-garous...

Kingsley hocha gravement la tête.

- Oui.

- Mais... Pourquoi ?!

- Dumbledore ne nous donne pas toujours les raisons ... Et... Peut-être que Remus avait les siennes...

Kingsley posa une main sur son épaule dans un geste réconfortant, puis retourna à l'intérieur du Ministère.

Tonks resta immobile, assise sur ce banc ridiculement beau et ouvragé. Devant elle, deux Moldus, une jeune femme et un homme d'une quarantaine d'années, s'embrassaient. Tonks le prit comme un coup au coeur. Un instant, elle s'imagina à la place de ce couple, avec Remus... Mais elle ne faisait que rêver, bien sûr... Remus ne voulait pas d'elle, il lui avait clairement fait comprendre.