Chapitre 17 - Partie 2

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Il venait de me laisser en plan, comme ça, sans explication ? Il venait de m'abandonner sur le canapé, même pas pour continuer ce qu'il faisait quand je l'ai interrompu. Pourquoi ?

Je me levai, encore confus, passai rapidement mes mains sur mon haut pour le défroisser et pris le même chemin qu'Owen. Je le trouvai dans la cuisine à ouvrir la porte fenêtre qui donnait sur le balcon, alors qu'il aurait pu le faire dans la pièce principale. Je fixai sa silhouette dos à moi et devinai son geste lorsqu'il tira une cigarette d'un paquet que je voyais, parfois, trainer dans l'appartement.

Jamais à l'université.

Jamais au collège.

Rarement lorsque nous sortions.

Seulement lorsqu'il était nerveux ou que quelque chose le tracassait.

— Owen ?

La fumée de sa cigarette, tout juste allumée, s'envola dans le ciel de plus en plus sombre, malmené par le vent gelé. Je le vis en chaussettes sur le balcon en béton. Il n'avait qu'un léger pull noir, certes col roulé, mais trop mince pour les températures chutant.

— Owen, répétai-je en faisant un pas dans sa direction.

Son manque de réaction me déconcerta, jusqu'à m'inquiéter.

Il tira sur sa clope et souffla lentement sa fumée toxique.

— Owen, chuchotai-je une fois dans son dos. Parlons.

— Pas maintenant.

— S'il-te-plait. Je ne comprends pas. J'ai besoin que tu m'expliques.

Presque nerveusement, Owen reporta sa sucette à cancer à ses lèvres. J'attendis, dans l'espoir d'une réponse, mais il avait visiblement l'intention de m'ignorer.

Ce que je ne concevais pas.

— Dis-moi au moins quelque chose. N'importe quoi.

— Je n'ai pas envie, Soan. Je ne veux pas discuter.

— Je ne veux pas de grands discours, dis-je en cherchant son regard. Je veux plus qu'un simple non. Il y a d'autres façons de me le dire. Si tu n'es pas d'humeur, je comprends. Je t'ai dérangé en premier.

Il le refit ; il m'ignora. Il écrasa son mégot dans un cendrier que j'oubliais tout le temps.

Lorsqu'il se retourna pour rentrer, je lui bloquai l'accès, mécontent qu'il cherche encore à se dérober, à s'enfuir. Pourquoi ? Je ne comprenais pas. Je détestais ne pas comprendre.

— Soan, s'il-te-plait, soupira-t-il en se pinçant l'arête du nez.

— Ne m'évite pas ! Ne m'ignore pas ! Ne me laisse pas sans explications !

— Je ne veux pas en parler, d'accord. Je ne veux pas donner d'explication.

— Pourquoi ?! m'indignai-je.

— Parce que ! Je n'en ai pas envie, alors maintenant laisse-moi rentrer, j'ai des copies à terminer.

Contre moi, parce que je ne pouvais pas le laisser presque pied nu dehors, je me décalai. Son silence me fit plus mal que son non catégorique.

J'observai son dos, ses épaules, sa nuque. Il ne me regardait pas, il ne me faisait plus face. Il s'éloignait et j'étais encore perdu. Vexé aussi.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant