Chapitre 2 - Partie 2

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Au final, une bonne heure s'écoula, dont la moitié passée avec Rivereau, pour mon plus grand malheur. Lorsque je rejoignis ma chambre, Dan était déjà là, avachi dans son lit, en train de jouer avec son téléphone portable.

— Tu en as mis du temps dit donc.

— C'est à cause de Rivereau.

Je me massai les épaules une à une, tentant de dissiper la crispation qui s'était accumulée en restant pencher pendant une heure sur un ordinateur posé sur une table. Dan leva le nez de son portable et ajouta :

— J'ai vu ça. Il a ruiné ton plan cul, non ?

— De un, Monsieur Earl n'est pas un plan cul. De deux, il était un peu moins chiant avec Earl à côté.

— Ah ouais ?

J'hochai la tête tout en me dirigeant vers mon armoire.

— Oui. Il le reprenait lorsqu'il était trop cassant. J'aurais aimé que Earl le clash un peu plus, mais bon.

Dan rit tout en se remettant à jouer.

— C'est étonnant qu'ils s'entendent comme ça.

— Oui. Surtout que Rivereau a apporté un verre à Monsieur Earl et ne m'a strictement rien proposé.

— Fais gaffe, mec. Rivereau a peut-être le même plan que toi.

— Hein ? Impossible. Les plaquages te ramollissent le cerveau.

— N'importe quoi. En plus, une nana de bio dit qu'on perd toutes les secondes des neurones, donc le rugby influence pas tellement mes capacités intellectuelles.

— Tu es sûr que le peu de « pas tellement » n'est pas justement ce que le rugby nuit ?

J'éclatai de rire en évitant un oreiller qui traversa la chambre pour venir s'écraser sur le mur à ma gauche. Lorsque que je vis Dan se lever, j'attrapai en vitesse ma serviette et courus jusqu'à la porte de notre chambre, puis dans le couloir, en déclarant, sans vraiment crier non plus :

— J'vais me foutre à poils Dan, me suit pas !

J'étais concentré sur le fait de ne pas tomber sous les mains brutes de mon meilleur pote quand je tournai la tête et évitai de justesse de rentrer en collision avec quelqu'un. Je ne vis pas tout de suite de qui il s'agissait, me remettant un instant de ma petite pirouette réflexe, quand une voix familière me fit frémir.

— Monsieur Berett, je ne pensais pas avoir à vous rappeler qu'il est interdit de courir dans les couloirs.

— Veuillez m'excuser Monsieur. Ça n'arrivera plus.

Dan s'arrêta à quelques pas de nous, observant la scène d'un air à la fois coupable et gêné.

— Le grondez pas m'sieur. C'est de ma faute.

Monsieur Earl posa son regard topaze sur Dan, qui se grattait l'arrière du crâne, embarrassé. Ses yeux ne restèrent pas longtemps sur lui. Ils revinrent sur moi, me faisant me raidir.

Il me fixa un instant.

Un instant de trop peut-être.

Un instant de plus.

Juste un.

Puis, il se détourna en disant :

— Vous êtes bons élèves, tous les deux. Que je ne vous y reprenne pas.

Sur ces mots, il quitta le couloir sans un bruit, sans même faire craquer le planché qui pourtant se plaignait souvent. Nous restâmes immobiles encore quelques secondes, avant que Dan ne rompt le silence qui s'était installé.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant