Chapitre 25 - Partie 2

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Vers 19h, la porte d'entrée s'ouvrit. Calé dans le canapé, Ach' sur mes genoux, je passai mes doigts dans ses cheveux, le regardant dormir. J'étais tout autant fatigué, mais je ne voulais pas fermer les yeux. J'avais peur. Peur que tout s'arrête, que je ne rêve, que je ne sois plus ici, de nouveau loin de lui, de sa chaleur, de sa présence. Je voulais le tenir toute la nuit, être sûr qu'il était à moi, être persuadé qu'il ne me quitterait plus, bien que je sois le seul fautif de nous deux.

Les bruits de pas d'Owen étaient discrets. Mais le silence dans l'appartement était tel qu'on n'entendait que ça lorsqu'on n'était pas concentré sur la respiration d'Ach'. Mon pouce caressa la tempe de mon bel endormit dont le visage se nicha contre mon ventre. Au moins, nous étions habillés. Enfin... en partie. Je remontai le plaid qui glissa de son épaule quand la présence silencieuse d'Owen m'indiqua qu'il était tout proche. Juste en face de nous.

— Il s'est endormi il y a une demi-heure, dis-je sans le quitter des yeux.

Ses oreilles étaient chaudes, et ses joues, encore un peu rouge. Il semblait perdre dix ans avec ce visage. Il n'avait pas vieilli. Il paraissait encore si jeune. Mon beau français à l'accent parisien.

Je ne pus m'empêcher de sourire, heureux, gavé de son amour qui m'avait dégouliné dessus et dans lequel j'avais plongé. Si je le pouvais, je me noierais dedans, sans aucun regret. Mais les regrets, je les avais pour une autre personne. Une autre moitié.

Celle qui était devant moi.

— Je suis désolé, le dîner n'est pas prêt.

Ach' soupira dans son sommeil et je me penchai pour lui embrasser le haut du crâne. Il sentait bon. Nous nous étions lavés, tous les deux. Sans aucune pudeur. Il avait, d'ailleurs, apprécié les quelques efforts que j'avais fait à Cambridge. Je m'étais laissé traîner par Mary dans l'une des salles de sport du campus. Elle, pour perdre du poids, moi pour la soutenir. Au final, j'avais aimé me créer un ventre plat et ferme. Sans être devenu accro au sport, parce que bon, ce n'était pas non plus ce dont je raffolais. Mais pousser un peu de fonte de temps en temps, ce n'était pas trop mal. Surtout pour l'endurance.

Owen quitta la pièce à vivre et alluma la lumière de la cuisine. Je l'entendis bouger la vaisselle et ouvrir des placards. À contre cœur, je délaissai mon prince au bois dormant, l'installant sur un oreiller, ce qui le fit grommeler. Un dernier baiser sur son front et je le laissai dans ses rêves sur le canapé.

Un simple jogging sur les hanches, je rejoignis mon autre moitié. Il n'avait pas encore décroché un mot et je me doutais, sans mal, que lorsqu'il le ferait, se ne serait pas pour me dire des douceurs. Non, nous n'en étions pas encore là.

Habillé d'un costume entièrement noir, il aurait pu être beau si sa mine n'avait pas été aussi austère. Il avait les sourcils froncés et le regard sombre. Il était rigide dans sa veste, comme coincé. Le voir en chaussettes avec ce costume était étrange, une fausse note qui me fit tiquer. Je m'appuyai contre l'encadrement de la porte, les bras croisés sur mon torse.

— Tu veux que je fasse à manger ? Comme ça, tu peux aller te doucher.

— Ça ira.

Et pourtant, ça n'allait pas. Il referma un peu trop brusquement un placard, ne fut pas plus doux avec les casseroles, ni avec le torchon qui termina sa course par terre.

— Va te doucher, dis-je en ramassant le linge qui avait glissé du plan de travail.

Il ne m'écouta pas. Il alluma le feu sous une poêle et chercha avec trop d'acharnement je ne sais quoi dans le frigo. Je coupai le gaz et lui pris des mains la viande qu'il venait de sortir. Je posai avec la plus grande douceur du monde mon regard sur lui. Tout mon corps était détendu. Mon esprit, lui, était en partie apaisé. Je n'avais pas envie de me disputer.

Miracles In December (Le Droit de Nous Aimer)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن